mercredi 22 octobre 2008

- La pause et l’horaire continu




Sans notre consentement, dernièrement, il n’y a pas longtemps, notre administration publique, en suivant le modèle européen dans ses aspects négatifs, a opté, par mesure d’innovation, pour instaurer un système d’horaire continu, de huit heures par jour ouvrable de travail.

Dans ce sens, un chef hiérarchique, bien placé en haut de l’échelle administrative et qui se prend pour un intello sûrement éclairé, n’a pas cessé de répéter dans toutes les circonstances et occasions que l’horaire continu est une conception moderne et rationnelle de la gestion du temps, un moyen et un accompagnement du programme de réforme de l’administration et enfin un choix logique pour renforcer la politique d’ouverture et de modernisation du pays.

Bref, pour être rationnel et juste dans nos jugements, ce choix a ses avantages comme il a ses inconvénients que ce soit pour ladite administration ou que ce soit aussi pour ses fonctionnaires. Pour moi, possédant une ancienneté bien expérimentée, comme disent souvent, avec complaisance, mes collègues de travail pour me faire plaisir, je remarque à travers cette nouvelle donne que la journée est devenue longue, même très longue et sa durée, en plus qu’elle est fatigante, elle est aussi insupportable, mais ce qui est supportable et acceptable c’est la pause. Alors qu’est-ce que c’est la pause ?

Si les dictionnaires la définissent comme une période d'interruption de l'activité en cours ou temps d’arrêt d’attente ou de calme provisoire, la pause est, par excellence, pour l’ensemble de la population active, l’occasion de se détacher de sa lourde tâche quotidienne. En plus, c’est le moment idéal de prendre tranquillement, en absence de sa famille, son modeste déjeuner en compagnie de ses collègues, concurrents et adversaires.

Malgré que la fameuse note administrative, visant à la rendre courte en la limitant en une demie heure, la pause est devenue intéressante, la plupart des fonctionnaires ont réussi progressivement à allonger sa durée jusqu’à deux heures consécutives, ce qui est devenu par la suite un droit acquis dont aucun chef hiérarchique n’en oserait dresser la situation ou en faire la remarque à ses subordonnés. Donc, la longévité de la pause est devenue un dérapage incontrôlé et excessif. La durée de deux heures imposée, en particulier, par les ténors de l’absentéisme, n’est pas tolérée par les hautes instances qui voient que ce comportement va à l’encontre des décisions prises auparavant par leurs soins.

Comme tout le monde, la durée de cette longue pause m’est devenue, au fil des jours, une règle que je doive respecter et lutter pour en conserver le fruit de ses avantages.

Pour vous mettre dans le bain, je vais vous présenter l’un des aspects de cette pause, créée par l’application de la philosophie de l’horaire continu.

J’étais en pleine concentration sur un sujet important et urgent de travail lorsque midi sonna, franchement je n’ai pas fait attention à cette heure si ce n’est pas l’arrivée à mon bureau de deux de mes collègues qui m’avisent que c’est le moment de la pause et il est temps de quitter les lieux pour manger un plat délicieux et se détendre avec un café noir bien chaud pendant deux heurs successives.

Faute de l'absence d'un réfectoire relevant de l'administration, nous quittâmes, les trois, le siège de notre service en direction d’une petite boutique à l’ancienne Médina dont la spécialité est la grillade des sardines. Elle est distante de trois kms du lieu de notre travail. C'est un petit restaurant traditionnel dirigé par un nommé Mohammad Echchalh, d’originaire de la région de Souss du Sud Marocain.

A vrai dire, notre traiteur en matière de sardines, malgré qu’il soit dingo, sa gastronomie maritime est caractérisée par la propreté de la marchandise, la fraîcheur du produit offert et surtout par le bon prix qui est la portée même des gens souffrant de la détérioration du pouvoir d’achat.

Pendant notre trajet, il est inévitable de ne pas remarquer la marche de la grande foule des piétons vers les restaurants, les cafétérias, les épiceries, les snack-bars. Tous ces lieux sont quasi-pleins. Quant aux gens motorisés, ils constituent à eux seuls un embouteillage difficile à évacuer.

Après, vingt minutes de marche rapide, nous voilà chez notre ami le grand spécialiste de la sardine, devant son étroite boutique qui est située au coin d’une impasse ruelle.

L’un de ses apprentis nettoie les sardines avec de l’eau coulante d’un robinet et coupent leurs têtes avec un vieux couteau de poche anglais marqué « RAF ». Par contre un autre apprenti, à son tour, de la même manière lave les tomates et les coupe en morceaux. Le reste de la préparation de la recette est assuré par notre ami le dingo.

Lorsque notre tour fût arrivé, en souriant, Mohammad Echchalh nous a servi, en plus du pain, un bon plat de sardines grillées bien chaudes, parsemées de basilic et arrosées d’huile d’olives pimentée. Nous avons mangé excessivement avec gourmandise vu que l’offre gastronomique est délicieuse,

Il était quatorze heures, lorsque nous avons regagné nos bureaux pour assurer le bon fonctionnement de nos tâches routinières. Ce qui est remarquable c’est que notre chef hiérarchique n’est pas encore rentré. Je crois que sa pause dépassera la durée de deux heures.

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