jeudi 31 janvier 2008

- Une famille de mon village: 25/30. Rapprochement entre mère et fille


Le lendemain, vers l’aube Hadj Abdallah invita son chauffeur à le conduire dans sa Mercedes-Benz Classe CLS CLS 320 en direction de la capitale économique. Son agenda comporte deux programmes essentiels. Il va rendre visite au vieux hindou et il participera à une séance parlementaire relative à la discussion sur un projet de loi concernant la drogue.

Lalla Fatima, l’a quitté en lui souhaitant un bon voyage et un bon séjour à la capitale économique du pays. Puis, elle s’est retournée à son lit pour se rendormir. Elle sent mal car les sommeils d’après l’éveil la fatiguent.

Par contre Aïcha et Loubna ont fait, toutes les deux, la grasse matinée puisque rien ne les dérange avec ce samedi, jour de repos. Elles se sont réveillées tard, dans les environs de dix heures du matin, au moment du jour montant. Elles ont pris leur petit déjeuner après l’avoir préparé ensemble.

Pendant ce repas matinal, Aïcha ouvrit la parole en s’adressant à Loubna :

- Loubna, il est temps de provoquer un rapprochement entre mère et fille
- Maman, de quoi parles-tu ? Je n’ai rien compris ! S’interrogea Loubna
- Ecoute ma fille, je vais te révéler un secret que je gardasse depuis longtemps et qui datait depuis plus d’un quart de siècle. Ce secret m’est devenu pesant et pénible à retenir moralement à travers les années qui se succèdent précipitamment, souffla Aïcha d'un air triste
- C'est celui dont tu voulais me parler hier soir, n'est-ce pas? Demanda Loubna
- Oui, exactement, répondit Aïcha
- Dis-le moi, j'ai hâte de l'entendre, expliqua Loubna

Alors, Aïcha commença à pleurer à chaudes larmes dont les gouttes brûlantes coulèrent sur ses deux joues comme des perles de pluie. On dirait qu'elle est sous l'effet d'un affaiblissement à la fois physique et moral. Puis elle raconta toute l'histoire à Loubna, depuis l'échange des bébés jusqu'à maintenant. Elle a exposé tous les détails, complets et avec soin minutieux, sans rien oublier.

Loubna l'a entendu très attentivement en faisant preuve d'un incroyable sang-froid. Avec son raisonnement logique, elle est parvenue à découvrir qu’il y a eu un ancien problème imposé avec de graves conséquences dont il faut immédiatement réduire les dégâts afin d’éviter toute panique chez Aïcha et Lalla Fatima. Elle semble convaincue de la nécessité d'une résolution rapide de ce perplexe embarras.

Malgré l'emploi de la rationalité objective et du réalisme dépeignant la réalité telle qu'elle est dans l'analyse de cette situation désemparée, elle a pleuré à son tour. Elle n'a pas supporté de voir, en face d'elle, sa maman adoptive avec des yeux rougeâtres et gonflés. Il est à noter qu'Aïcha et Loubna sont inséparables, elles sont l'une près de l'autre. En plus de la parenté, une vive amitié les lie aussi profondément.

Soudain, Loubna intervint et rassura Aïcha qu'incessamment elle réfléchisse sérieusement à une solution mettant fin à ce tourment cauchemar. En tant qu'intellectuelle et spécialiste en ressources humaines et s'y connait en psychologie sociale, elle convaincra son père Hadj Abdallah à accepter les choses telles qu'elles sont. Il devra admettre comme vrai, réel et légitime cette nouvelle donne de la réalité.

Avec un grand courage et une fermeté solide, Loubna se déplaça à la vaste villa de sa vraie famille et se mit en contact avec Lalla Fatima et lui adressa la parole:


- Pourquoi n'as-tu pas l'audace de déclarer en plein public que je suis ta propre fille à qui tu as donné naissance depuis plus d'un quart de siècle?

Devant ce fait accompli, Lalla Fatima resta pendant quelques minutes perplexe et embarrassée face à cette situation critique. Puis elle commença à pleurer à haute voix.

Sur ce triste spectacle, Loubna l'embrassa fort en la prenant dans ses bras et en la serrant contre sa poitrine. Elle lui dit:

- Ça suffit maman, ne pleure plus, nous devrions fêter ce grand jour, c'est le jour de rapprochement entre mère et fille.
- J'ai participé avec d'autres personnes à commettre une grande faute impardonnable. Franchement, j'ai ma part de la culpabilité et j'avoue que je suis coupable. Excuse-moi mon ange, c'est la peur de la polygamie ou du divorce qui m'ont empêché à te déclarer comme ma vraie fille, répondit Lalla Fatima en reniflant.

samedi 19 janvier 2008

- Une famille de mon village: 24/30. La révélation du secret


Après ce moment agréable et historique d'échanges d'idées et de discussion sincère, Loubna est rentrée chez elle. Elle a été interrogée par Aïcha sur le sujet de sa rencontre avec Youssef:

- Ma puce, comment as-tu passé cet après-midi?
- Non, maman ce n'est pas tout l'après-midi, c'est juste deux heures, répondit Loubna
- Peu importe le temps écoulé, ce qui m'intéresse c'est le sujet de votre conversation, répliqua Aïcha
- On a mis l'accent sur l'Achoura et c'était pour moi une occasion pour découvrir d'autres qualités chez Youssef, expliqua Loubna
- Ah oui, c'est un garçon très éduqué et instruit, je le considère comme l'un de mes fils, énonça Aïcha
- Pourquoi maman, me poses-tu ces questions, J'ai l'habitude que tu es du genre qui parle peu, s'exprima Loubna
- J'ai une confidence intime et fracassante à te dévoiler. Mais je vois que ce n'est pas encore le moment opportun pour la révélation du secret, répondit Aïcha d'un air sérieux
- Dis-le-moi s'il te plaît, supplia Loubna
-Je vais te le dire mais pas maintenant, pour l'instant prépare-toi, tu sais bien qu'on va dîner ce soir chez la famille Hadj Abdallah, répliqua Aïcha d'un air ferme

Après quelques minutes de cette brève discussion, Aïcha et Loubna quittèrent leur logement en direction de la résidence de la famille Hadj Abdallah en apportant avec elles une chocolatine amandine légèrement humide.

Une fois arrivées à l'entrée de la grande porte de la villa de la famille Hadj Abdallah, Aïcha et Loubna ont été accueillies par Lalla Fatima qui les embrassait bien fort. Aussitôt, Aïcha lui remet le paquet qui contenait le gâteau en souriant et lui dit en souriant:

- Le prophète accepte le cadeau, donc accepte ce modeste et délicieux gâteau
- D'abord soyez les bienvenues et ensuite pourquoi avez-vous fait ça, nous avons dans la cuisine tant de gâteaux à manger,disait Lalla Fatima
- Ecoute ma chère, on n'est pas venu pour bien manger mais pour passer un bon moment avec vous à l'occasion de cette fête religieuse, répliqua Aïcha

A vrai dire, Aïcha n'a pas menti. Elle n'est pas venue spécialement pour partager le repas et veiller cette nuit d'Achoura en compagnie de la famille Hadj Abdallah. Elle avait un autre objectif visant à discuter avec Lalla Fatima sur le conflit Youssef-Loubna. Ce litige a duré plus d'un quart de siècle et n'a pas eu d'issue ou de solution valable satisfaisant les deux femmes.

Puis, les trois femmes gagnèrent le salon traditionnel de la villa. Là, les deux convives ont été saluées chaleureusement successivement par Hadj Abdallah et Youssef qui étaient en train de voir un film religieux télévisé émis par la chaîne de la télévision nationale. Soudain, Hadj Abdallah disait que c'est l'heure du repas et ordonna à ce qu'on soit servi dans ce somptueux salon.

Le repas était un grand plat simple de couscous au poulet avec des pois chiches, des raisins secs et des oignons, en parfum sucré-salé et aux senteurs épicées. Mais, d'un autre point de vue, il était délicieux et agréable au goût, c'était vraiment un couscous généreux pour un bon repas savoureux et convivial.

D'autre part, ce fameux dîner de soir, partagé entre les deux familles, porte des valeurs sociales communes : l’hospitalité, la méticulosité, la convivialité, le raffinement et l’équilibre. La cuisine marocaine traditionnelle est connue comme l'une des plus luxueuses au monde, elle postule au consommateur la présence de ses sens de l'odorat, de la vue et du goût.

D'une manière générale, ses plats cuisinés ont un pouvoir magique de séduction gastronomique. Les spécialistes disent que cette cuisine est née à partir de la diversité des paysages et des modes de vie qui existe entre les tribus nomades ou sédentaires et les habitants des villes.

Après le couscous, on a présenté successivement du thé chaud aux odeurs contrastées de la menthe fraîche et de la viande grillée au feu du charbon de bois. Cette recette a surpris et régalé les deux convives. Il faut savoir que la gastronomie marocaine comporte quatre stades. Elle est en premier lieu une affaire de vue: on regarde un plat, puis d'odorat: on le sent, après vint le toucher et enfin on déguste. Ainsi, la cuisine marocaine s'impose comme une invitation aux sens.

Enfin, pour clôturer ce fameux dîner du soir, on a servi consécutivement aux invitées, en plus d'un délicieux gâteau au chocolat décoré de chantilly vaporeuse, opposant le brun et le blanc, un grand plat contenant une diversité de fruits secs tels que les figues, les raisins secs, les amandes, les noix, les cacahouètes.

Vers vingt deux heures, Hadj Abdallah s'est retiré du groupe, pour aller se coucher, sous prétexte qu'il devrait dormir tôt. Il s'est excusé, en annonçant, aux personnes présentes qu'aux environs de l'aube, il serait obligé d'effectuer un voyage à la capitale économique.

Ensuite, vint le tour de Lalla Fatima et Aïcha, qui se sont installées, presque en cachette, dans une autre chambre pour ouvrir un débat important. Il s'agit de résoudre un problème historique pour lequel, les deux femmes doivent se mettre d'accord. Donc une solution, urgente et adéquate, est impérative et doit arranger les deux femmes et les libérer de leurs soucis.

Quant à Youssef et Loubna, ils restèrent seuls dans le salon, tête à tête, en face de l'écran plat du téléviseur. Ils semblent que les deux enfants, suivirent une soirée en directe émise par la télévision de la principale chaîne nationale. Mais, la réalité est une autre chose.

Une force surnaturelle les rapproche sans qu'ils se rendent compte. Elle crée chez eux un début d'un environnement nuageux mais presque amoureux, les aidant à savourer avec plaisir la chaleur de leur flamme. Ils sont en train de perdre le contrôle sous un choc émotionnel.

A vrai dire, Youssef et Loubna sont soumis à la fois à une douleur agréable et triste justifiée, à un heureux bonheur plein de joie et satisfaction et à un amour violent sensationnel produisant une impression de surprise, d'intérêt et d'admiration. Il suffit justement que les déclarations d'amour soient concrètes et mises en évidence. On pourrait dire que ces jeunes sont sous l'effet d'un coup de foudre qui a surgi brusquement.

Dans cette atmosphère générale, le temps passe vite, même très vite. Il es déjà minuit. On a l'impression qu'on est dans monde tissé de tableaux de différents aspects.

Hadj Abdallah, victime de ronflement d'une sonorité sourde et prolongée, dort profondément, il est sous l'effet d'une variété de cauchemars angoissants affectés par ses multiples fonctions pénibles. Il est à la fois président directeur général d'une usine de textile, parlementaire au niveau national, dirigeant politique au niveau local, membre actif de la mafia internationale et grande personnalité charismatique au sein de la grande famille. Ses multiples affaires deviennent assez complexes et ennuyeuses, il est dépassé, il ne s'en sort plus. Toutes ces situations ont impact négatif sur sa vie personnelle et en particulier sur son repos perturbé par le manque de temps libre.

Les deux enfants ont quitté la terre de la réalité sourde pour voler dans le ciel de l'amour angélique, là où le blocage se réduit et la liberté est presque totale. Ils s'avouent vaincus devant la puissance du colossal amour. Ils ont parlé de beaucoup de choses, futiles et de valeur. Ils ont découvert qu'ils ont les mêmes passions et les mêmes horizons. Ils ont conclu que l'un est fait pour l'autre. De même ils ont juré de conserver leur amour sain et sauf.

Les deux femmes, après de longues discussions, sont sur le point de conclure un marché bilatéral faisant fin à leur unique conflit pesant de long terme. C'est Aïcha, avec son courage mérité, qui a ouvert la première la discussion sur le sort des deux enfants. Elle a avoué à Lalla Mina qu'elle a l'impression que Youssef et Loubna commencèrent à s'aimer mutuellement.

De même elle a ajouté qu'il est le moment idéal de mettre les choses sur les rails et de dire la vérité au sujet des deux enfants. Cette position a mis Lalla Fatima dans un état de peur car cette vérité menace fortement son foyer qui pourrait être détruit facilement. Il suffit que Hadj Abdallah sache cette vérité et c'est la ruine totale et définitive de sa vie sociale.

En fin de compte, les deux femmes ont abouti à une solution. Aïcha, dans un premier stade, révélera le secret à Loubna et l'invitera à mettre Youssef au courant. Par contre, Lalla Fatima, se chargera, dans un deuxième stade, de dire toute la vérité à Hadj Abdallah quelles que soient les conséquences probables.

Sur cet accord conclu entre les deux femmes, Aïcha et Loubna ont quitté tard la spacieuse villa et ont regagné leur résidence vers une heure du matin. Malgré qu'il fasse pleine nuit, ils croisèrent, sur leur chemin, des enfants en train de sauter sur de la paille mise en feu. Les gens du village appellent ce rite traditionnel, accompagnant l'Achoura, la "Chaâla".

jeudi 17 janvier 2008

- Une famille de mon village: 23/30. L'Achoura fêtée au village




C'est vendredi, la majorité des villageois fête l'Achoura. A cette fête se sont marcottées des traditions telles que la visite des cimetières, la distribution des friandises et de nombreuses pratiques à caractère carnavalesque : feux rituels, aspersion d’eau des passants, etc... Cette manifestation revêt une signification spirituelle et sociale indéniable.

C’est aussi un jour de distribution des jouets aux enfants et de bienfaisance envers les pauvres, les démunis et les familles qui en manquent de ressources suffisantes sur le plan socio-économique. Les aisés et les riches aident ces catégories misérables de la population villageoise pour leur créer la joie et la satisfaction absentes depuis des mois.

La veille de ce jour, Hadj Abdallah a remis des sommes importantes d'argent dans des enveloppes aux gens pauvres de sa proche famille. En Islam, cette opération est appelée la zakat. C'est une obligation pour tous les musulmans qui en ont les moyens. En effet, elle est le troisième pilier de l'Islam et en plus c'est un acte visant à purifier les biens légaux que l'on a acquis pendant l'année en cours.

Vers huit heures du matin de ce fameux jour férié, Hadj Abdallah a pris le petit-déjeuner en compagnie de Lalla Fatima et de Youssef. Puis, ce dernier a conduit dans sa voiture les deux parents vers le cimetière où est enterrée Lalla Mina. Cette visite est devenue un fait routinier qui doit être célébré annuellement par la famille pendant cette période d'Achoura.

Une fois, nos trois amis, sont arrivés au cimetière des martyrs, ils rencontrèrent Aïcha et Loubna, qui à leur tour, viennent aussi pour rendre visite au défunt Driss. Après les salutations, tout le monde s'est dirigé d'abord au tombeau de Lalla Mina et ensuite à celui de Driss. Ils ont lu à basse voix quelques versets du Coran et ont prié Dieu pour qu'il reçoive ses morts dans ses vastes paradis parmi les prophètes et les croyants.

Pendant cette cérémonie coutumière, Youssef et Loubna ont profité, presque en cachette, pour ouvrir un dialogue sur la portée de ces rites dans un temps moderne. Ils ont échangé quelques brèves idées mais ils ont fixé un rendez-vous le soir vers dix sept heures pour développer et approfondir leur discussion.

Il est onze heures du matin quand nos visiteurs ont quitté le cimetière, chaque famille en direction de sa résidence. Pendant, le trajet du retour, Hadj Abdallah a ordonné à Lalla Fatima de leur préparer du couscous pour le repas de midi. Cette dernière, lui a suggéré de le préparer pendant la soirée et d'inviter Aïcha et Loubna pour y partager avec eux cette nourriture traditionnelle. Le monsieur n'a pas vu d'objection et a donné son accord en disant que c'est une bonne idée.

Comme il a été convenu, Youssef et Loubna étaient à l'heure fixée auparavant au rendez-vous sur la terrasse de l'Ostréa, restaurant chaleureux manifestant de l'enthousiasme passionnant , aux larges baies vitrées donnant sur la lagune. Par son calme et la qualité de son service, il est devenu d’emblée l'espace le plus préféré des habitants du village, surtout l'emplacement est séduisant. L'action de s'asseoir sur une table et de consommer un jus de fruit frais fait partie des plaisirs qu’il faut s’offrir pendant cette rencontre.

Après avoir pris place sur une table libre en face de la mer bleue, l'un face à l'autre, les deux amis ont commandé des jus de fruits panachés. Automatiquement, ils ont ouvert le débat sur la question de la fête de l'Achoura et sur ses quelques traditions positives ou négatives. Ils ont parlé de tout et de rien dans la plus grande liberté. Dans une bonne ambiance, leur discussion était à la fois amusante et riche en idées.

En fin de compte, ils étaient, tous deux, d'accord sur la célébration de cette fête mais d'un point de vue socio-religieux: l'Achoura doit être perçue comme la fête de partage et de charité, d'assistance des plus démunis et de dons d'habits et de jouets aux enfants. Il est à noter que ces initiatives sociales renforcent les liens sociaux entre les riches et les pauvres et créent un climat d'entente sociale entre les individus appartenant à une même société ce qui génère une impulsion positive du progrès de la société dans sa totalité .

Cependant, on doit éviter d'une part l'acte résiduel de rendre visite à des morts et de les pleurer et d'autre part l'anarchie du lendemain de l'Achoura où des enfants trottent dans les rues pour asperger les passants avec de l'eau appelée "Zem-Zem" et en jetant sur leurs petits amis des oeufs frais, ce qui provoque souvent chez eux des disputes très vives ou d'échanges de mots violents amenant quelquefois à des querelles sanglantes.

Le temps d'entretien a passé si vite sans que nos deux amis se rendent compte. C'est déjà l'approche du crépuscule, le soleil tend à se coucher et la nuit est sur le point de tomber, c'est l'espace de quelques minutes. Toutes les couleurs naturelles viennent lentement saluer ce grand moment de la journée, on dirait qu'elles font de la prière quotidienne. Donc, pour Youssef et Loubna, dont l'apparence donne l'impression qu'ils sont amoureux, il est temps de se quitter et de se dire mutuellement au revoir car ils vont dîner ensemble ce soir à la résidence de la famille Hadj Abdallah. Précisément, c'est ce qui s'est passé.

mercredi 16 janvier 2008

- Une famille de mon village: 22/30. Rendez-vous à l'hôtel Sultana





Très fatigué par une nuit blanche, le vieil hindou a senti qu'il est incapable de regagner la ville économique. Attiré par cette belle station balnéaire, il a préféré de passer la nuit à l'hôtel Sultana: un cinq étoiles, pour se distraire et se dépayser.

La Sultana est une sirène qui provoque une confusion chez le visiteur, il ne pourrait plus savoir s'il est en rêve ou en réalité. Elle est implantée sur la côte atlantique, là où océan et côte se mêlent et parfois se confondent, au cœur d’une lagune protégée par deux langues de terre. Elle dispose d’une plage privée. Son royaume est un provocateur de l'imagination, il représente un monde de la nature et de l’évasion.

Aussitôt avoir réservé une suite, le vieux hindou fut dans une ambiance luxueuse et élégance sophistiquée avec une vue panoramique sur la lagune. Lit king size, coin salon, cheminée, terrasse fleurie avec jacuzzi à l’eau de mer, climatisation réversible, TV satellite avec écran plasma, lecteur DVD/CD audio, téléphone, accès internet, mini-bar non alcoolisé gracieux, coffre fort, salle de bain en marbre avec douche et baignoire, sèche cheveux..... On dirait que c'est un paradis terrestre pour les grandes personnalités.

Après avoir rempli une fiche de formalités routinières qu'il a remis à la réception de l'hôtel, l'hindou téléphona à Hadj Abdallah et le prit de le rejoindre à l'hôtel Sultana. Ce dernier lui a promis de regagner le petit paradis dans quelques minutes.

Juste la distance du trajet en une demi-heure et voilà Hadj Abdallah face à face avec l'hindou, tous les deux assis sur deux fauteuils en cuir dans le bar de la Sultana. L'hindou appela le garçon du bar et lui commanda une bouteille ancienne du whisky Jack Daniel's en lui disant que la bouteille soit ancienne, collectionnée et d'une série limitée.

Le garçon exécuta les ordres de l'hindou et déposa sur la table d'abord deux verres en cristal et ensuite une bouteille d'une forme carrée et portant un label noir . Puis l'hindou s'adressa à Hadj Abdallah en lui disant: " Cette bouteille est mise à ton honneur, je voudrais bien faire partager avec toi ce moment d'exception, on est là dans un cadre prestigieux. Gôuter cet apéritif pour en apprécier les qualités, ouvrir et stimuler l'appétit".

- Merci mon ami, ce geste d'hospitalité est un grand honneur pour moi, tu es d'une rare générosité. Mais n'oublie pas que tu es à mon village et c'est toi qui devrait être mon hôte d'honneur et pas moi. Ceci dit, donc pas question, c'est moi seul qui se chargerai de la facture de ton séjour et de tous les autres frais de ton déplacement à mon village, riposta Hadj Abdallah.

- Je suis entièrement d'accord avec toi, mais pas cette fois-ci parce que j'ai réglé tout. L'essentiel est de te rencontrer et d'approfondir nos liens d'amitié, répondit l'hindou

Alors Hadj Abdallah commença à lui parler d'un air commercial de l'hôtel Sultana:

- Sultana est créée en 1994, c'est un hôtel de luxe français géré par un ami de nationalité espagnole. Cet hôtel représente le meilleur en ce qui concerne l'offre hôtelière dans la région. Cet hôtel a bénéficié du savoir-faire des plus grands architectes internationaux, décorateurs de renommés, chefs les plus recherchés, etc. Pour les grands voyageurs, dans le cadre de séjours professionnels ou touristiques, l'hôtel Sultana propose et offre le meilleur service de qualité.

Le vieil hindou l'interrompit:

- Oui, tout ce que tu viens de dire est exact, Sultana est un petit paradis terrestre. Mais je voudrais bien que tu sois mon hôte à la capitale économique. Alors tu seras mon invité le samedi prochain, qu'est-ce que tu en dis?

- Merci pour l'invitation, mais je ne pourrais pas car le samedi prochain coïncidera avec la fête religieuse de l'Islam l'Achoura. D'après nos coutumes, le matin de ce jour là, nous irons au cimetière pour rendre visite à nos parents morts. Le soir, la tradition veut aussi que l’on offre des jouets aux enfants. Un rituel peut accompagner la fête : les familles se régalent d’un couscous au "gueddid": viande séchée de Aïd El Kébir. De même, les familles achètent des noix, des amandes et des dattes et font brûler de l’encens tout au long de leurs veillées.

- Mais je crois que cette coutume a, cependant, tendance à disparaître progressivement. A la capitale économique la plupart des parents se contente d’acheter des jouets à leurs enfants, répliqua l'hindou

Aprés l'appéritif, nos deux amis ont partagé un repas ayant un goût et une senteur de la cuisine marocaine, ils étaient servis en crustacés et poissons pour leur repas sous la musique andalouse composée par un jeune groupe dont les membres sont vêtus en djellaba en soie blanche.

A quinze heures, les deux mafieux se saluèrent et se quittèrent après avoir clôturé leur rencontre. Lors de cette entrevue, ils ont abordé plusieurs sujets d'ordre politique et commercial. Ils se sont abstenus à parler de la mafia. Hadj Abdallah a promis au vieil homme qu'il lui rendra visite dès que les conditions soient présentes et favorables.

samedi 12 janvier 2008

- Une famille de mon village: 21/30. Réunion de la commission ad hoc sur un navire de commerce



Hadj Abdallah, avec sa naïveté, ne savait pas que le vieux hindou, le commerçant du textile de la capitale économique, va se diriger, en compagnie de son équipage, avec la marchandise en direction d'un navire de commerce. Ce navire n'était que celui qui a jeté auparavant les huit caisses de drogue au fond de la mer.

Le navire en question n'était pas si loin de la côte maritime du village. Il était distant de dix lieues seulement. C'est un porte-conteneurs qui est spécialisé dans le transport de conteneurs destinés au stockage et au transport de substances ou de marchandises. Il contrôlait minutieusement le déroulement de l'opération tonnerre pilotée par Hadj Abdallah.

De grandes personnalités du monde mafieux étaient présentes sur ce navire. Il s'agit notamment d'un cadre supérieur, d'un psychologue, d'un tueur à gages et de l'équipage du navire composé de cinquante matelots avec leur capitaine.

Une fois que l'hindou a gagné le pont principal du navire, le cadre supérieur a provoqué une réunion ad hoc qui regroupait en plus de ces deux derniers, le psychologue, le tueur à gages et le capitaine du navire. L'ordre du jour est limité à l'analyse des événements de l'opération tonnerre.

La dite commission s'appelait: La commission mafieuse internationale d’études et de recherches de nouveaux marchés "CMIERNM". Sa réunion ad hoc a eu lieu dans une cabine, sise sur le pont de la réception du navire. Ladite cabine offre aux passagers le confort propice à leur agrément et à leur repos.

Tenant la pipe à la main gauche, le cadre supérieur, en tant que chef de la CMIERNM, ouvra la réunion en souhaitant la bienvenue à l'hindou et en donnant la parole au psychologue en lui demandant de dire ce qu'il pense de cette opération.

Le psychologue a pris automatiquement la parole en disant:

- D'après mes premières remarques psychologiques, je crois que Hadj Abdallah est apte pour représenter notre association dans ce bled. J'ai étudié sa manière d'agir, ses motivations, ses craintes, ses obsessions, ses phobies et d'autres paramètres psychologiques. Il s'est avéré qu'il représente les caractéristiques d'un homme courageux, respectueux, fidèle et loyal. En d'autre terme, son profil coïncide avec ce qu'on a ciblé pour le recrutement d'un représentant de notre solide organisation dans cette contrée. Donc, il est temps de l'engager définitivement et de lui donner une marge de liberté pour qu'il fasse convenablement son travail de mafieux dans des conditions normales. Soyons souples et faisons-lui confiance, au moins au niveau local de son pays.


- Sur le plan psychologique, je crois que nous nous disposions maintenant des éléments essentiels sur Hadj Abdallah. La parole est à l'hindou, interrompt le cadre supérieur.


- Au niveau commercial ou plutôt matériel, il est à noter que Hadj Abdallah est le type qui court derrière l'argent à tout prix mais il est prudent dans ses manoeuvres. Il ne pense qu'à avoir une fortune colossale. Donc ce penchant vers la ruée d'avoir énormément d'argent est un atout positif pour notre honorable organisation. C'est un signe positif garantissant à la fois notre extension et notre émergence dans ce bled. Nous devrions savoir qu'en peu de temps, Hadj Abdallah a pu réussir à instaurer un réseau basé sur les relations clientèles qu'elle soit commerciale ou politique. Enfin pour résumer, disons que cet agent pourra être promu à un grade supérieur pour passer du rôle local au rôle régional. On pourrait lui assumer une responsabilité sur toute l'Afrique. Le nombre d'agents mafieux de notre organisation sur l'Afrique est très réduit, nous avons besoin du personnel du calibre de Hadj Abdallah pour renforcer nos missions en ce gigantesque continent.

- Quel est ton point de vue sur le plan de sécurité dans cette opération tonnerre, demanda le chef de la CMIERNM en s'adressant au tueur à gages

- Comme vous le saviez, j'ai mis en oeuvre une démarche intelligente. Il s'agit de la mise en place d'une brigade qui suivait de près toutes les manoeuvres de l'opération tonnerre. D'après l'analyse du rapport de cette dernière, il se révèle indiscutablement que notre homme est un peu prudent, il ne voit pas bien des choses qui lui sont encore obscures. Malgré ses hommes de sécurité, il ne savait pas qu'il est suivi en permanence par une deuxième équipe de la DST, dont il n'a pas fait attention de sa présence. A ajouter que ladite équipe est composée de quatre personnes bien armée. Autrement dit, il lui en manque une légère formation en matière de prudence pour faire face aux erreurs et aux dangers possibles.

- La parole est maintenant au capitaine du navire, déclara le chef de la CMIERNM

- Cette zone ne représente pas de graves dangers, à savoir la côte, les récifs et les faibles fonds. D'autre part, pendant la navigation, le récepteur GPS a tenu compte de ces éléments, des distances de sécurité que l'on s'accorde, de la profondeur inscrite sur la carte et éventuellement du calcul de la marée et de la profondeur d'eau minimale de sécurité que l'on a souhaité conserver sous la quille en toutes circonstances. Donc la navigation est tout à fait normale.

- Merci messieurs pour vos interventions lors ce débat, riche en idées. Cependant, je vous informe qu'un rapport détaillé sur cette opération tonnerre sera remis, dans les plus brefs délais aux instances supérieures de notre organisation. Toutes vos suggestions et recommandations seront prises en compte. Et c'est l'état major de l'organisation qui en décidera du sort de Hadj Abdallah au vu de ce rapport. Je vous signale que la réunion est terminée, conclura le chef de CMIERNM.

Après cette brève réunion, le chef de la CMIERNM se met tête à tête avec le vieux hindou et l'informa que les huit caisses ne contenaient pas de la drogue, ils contenaient seulement un mélange de la farine et du sucre glacé. Il a ajouté que c'est un essai pour tester l'opération, l'orgnisation ne pourrait pas s'aventurer avec deux cent kilogrammes de la drogue.

A ce moment, l'hidou quitta le navire et se dirigea sur son zodiac vers la plage "Salama". Lors de son trajet, il ordonna à l'un de ses subordonnés qui l'accopagnent de jeter les huit caisses à la mer.

- Une famille de mon village: 20/30. Opération tonnerre



Juste après l'inauguration de l'usine du textile à double façade, la famille Hadj Abdallah a déménagé de son ancienne résidence à la spacieuse villa collée au gigantesque usine pour avoir une rupture avec un passé proche, le passé dont le meilleur souvenir gardé est Lalla Mina.

Cette nouvelle situation socio-économique a fait de Hadj Abdallah un grand milliardaire à l'échelon national, mais il visait d'autres horizons pour qu'il soit un richard international.

Toutes ses cinq filles sont devenues grandes et se sont mariées successivement à l'instar du mariage de Hasnae.

Ali vint d'avoir ses vingt cinq printemps, décrocha un diplôme en marketing d'une école privée étrangère et on lui a confié le poste de la direction du marketing de l'usine.

Loubna, de même âge qu'Ali, obtint un diplôme en sciences administratives et se chargea de la direction des ressources humaines de l'usine.

Lalla Fatima, fut proche de l'âge de cinquante ans et pour faire face à l'oisiveté, devint présidente d'une association de bienfaisance.
Le problème Ali-Loubna dura un quart de siècle et ne fut pas encore réglé entre Lalla Fatima et Aïcha.

Pour éclaircir les choses, il y a lieu de signaler que Hadj Abdallah, avant de construire l'usine a subi avec succès une série de formations condensées et rapides sous forme de stages et de séminaires en Thaïlande et en Colombie chez les grands patrons de la maffia de drogue.

Les thèmes étudiés se rapportent surtout à la gestion moderne d'une usine de textile, la démarche, outils et gestion de la qualité, les problèmes d'exportation et d'importation, les horizons de la communication avec les supérieurs gouvernementaux, l'art de négocier, les techniques des scaphandres, les grandes notions de la sécurité, le déchiffrement des lettres codées, l'utilisation des derniers cris d'armes automatiques lors d'une confrontation directe avec soit des bandes ou soit les autorités locales et d'autres sujets relatifs au métier d'un responsable local de la maffia de drogue.

Donc, dans ce cadre général, Hadj Abdallah a reçu secrètement cette formation continue et intense. Elle est secrète parce qu'il est en mission de voyage en Thaïlande ou Colombie via Paris, ses allers et ses retours sont top secrets. A Paris, il se déguise en une autre personne d'apparence thaïlandaise ou colombienne pour semer ailleurs les agents de la DST qui les suivent partout.

Par un beau jour d'été, Hadj Abdallah a reçu, via internet, un message expédié par un des patrons, siégé en Hollande. Après l'avoir déchiffré, il a su qu'on l'a prévenu à être prêt, le lundi aux environs de l'aube, pour piloter une mission appelée: "Opération tonnerre".

Cette opération consistera à ce que Hadj Abdallah recevra deux quintaux de drogue de haute qualité qu'il devrait délivrer d'urgence à une personne dont l'identité ne sera connue que deux heures avant le déclenchement de l'opération.

A deux heures du matin, un message crypté lui parvint via Internet. Après l'avoir décrypté, il a su l'identité de la personne à qui il doit délivré la marchandise: il s'agit d'un directeur de banque sise à la capitale économique.

D'autre part, la marchandise sera jetée, par un navire commercial, au fond de la mer à six lieues du village. Hadj Abdallah doit engager quatre scaphandriers pour retirer la dite marchandise du fond de la mer.

Tout ce travail aura lieu vers l'aube et automatiquement doit être transporté immédiatement à la capitale économique du pays à un moment où les gendarmes ne surveillent pas la route.


A trois heures du matin Hadj Abdallah a lu méticuleusement le rapport journalier qui lui a été fourni, la veille, par le chef de la brigade chargée de sa sécurité. Ce rapport ne soulève aucune observation. Donc, pour lui, les choses vont dans le bon sens et il a jugé que c'est le moment opportun de passer à l'action.


Puis Hadj Abdallah et quatre scaphandriers montèrent un bateau pneumatique, un zodiac, pourvu d'un moteur extérieur amovible, possédant un rapport poids/surface immergé exceptionnel, pouvant transporter des charges considérables. La nuit était d'une obscurité dense et craintive exprimant l'anxiété et la peur. Heureusement la mer était calme, l'humidité était de 44%, le vent était ONO/16 kms/h, la visibilité était de 9.99 kms, on dirait que l'intervention des vagues s'est abstenue pour ne pas y compliquer cette opération tonnerre.

Ils étaient suivis par un autre zodiac transportant quatre de ses agents de sécurité bien armés par des bazookas, sortes d'arme de type lance-roquettes utilisés durant la Seconde Guerre mondiale.

A l'aide d'un appareil électronique, les scaphandriers détectèrent le lieu exact où se trouvaient les caisses contenant la drogue et qui étaient jetées auparavant au fond de la mer par un bateau de marchandise provenant de Santa Marta de la Colombie.

La profondeur était importante, elle est de cinquante mètres. Pour cette raison les quatre scaphandriers ont utilisé la plongée bulle, le principe consiste à se doter d'une alimentation, en gaz du scaphandrier, effectuée depuis la surface à l'aide d'un narghilé, ce qui permet de ne pas limiter la durée de plongée. Cette plongée permet de réaliser les paliers dans des conditions plus aisées.

Après quelques minutes de travail sérieux et pénible, les quatre scaphandriers ont réussi à faire monter à la surface de l'eau huit caisses en bois, imprégnées d'une matière plastique de protection.

Chacune de ces caisses contient vingt cinq kilogrammes de pure drogue. La valeur financière de cette marchandise est environ l'équivalent de dix millions d'Euros.


Après cette action maritime rapide, nos hommes se sont dirigés avec leur marchanise vers une plage sauvage lointaine au nord du village nommée "Salama".

Pendant le trajet vers la côte et en pleine mer, Hadj Abdallah a reçu, par le bias de son portable Nokia N95, un SMS contenant le message suivant:
"Félicitations! Opération tonnerre bien réussie. Ordre de délivrer la marchandise au zodiac qui vous attend sur la plage "Salama". Stop!"


En arrivant sur la côte de la plage "Salama", il a aperçu un zodiac en pleine mer. Il s'est dirigé vers ledit zodiac pour être en face du vieux hindou, le commerçant du textile, qui a lui délivré l'argent nécessaire pour la construction de l'usine du textile. Il l'a connu, il l'a salué et il a exécuté les ordres en lui délivrant les huit caisses de la drogue. L'hindou a expliqué à Hadj Abdallah que c'est pour des raisons purement sécuritaires que ces mesures ont été prises à la dernière minute.


Enfin Hadj Abdallah et ses huit hommes, tous satisfaits, sont revenus au village après une nuit blanche pleine d'aventures et d'angoisses.

- Une famille de mon village: 19/30. La construction d'une usine de textile


La visite officielle d'amitié et de courtoisie avec quelques pays de l'Asie du Sud-Est est achevée. Les députés, qui ont fait partie de la délégation du pays pendant cette visite ont replié leurs bagages et ont pris le premier vol qui va assurer leur voyage à leur pays. Par contre, Hadj Abdallah a prolongé encore son séjour pour une durée de trois jours, le motif fut officiellement personnel dit-on.

Mais en réalité, Hadj Abdallah fut l'hôte d'honneur de l'un des chefs de la maffia de la drogue. Pendant leurs discussions, tête à tête, à l'exception de la présence de trois personnes, deux gardes du corps pour la sécurité bourrés d'armes automatiques et d'un traducteur qui est présent seulement pour la traduction, le chef de la maffia a proposé à Hadj Abdallah de pencher la réflexion sur la construction d'une usine de textile, dans son village et au bord de la mer.

Cette usine aura un double rôle, en plus de l'industrie textile, qui n'est qu'un leurre, jouera le rôle d'un dépôt de stockage de drogue, ainsi on dissimule derrière l'entreprise "façade", le textile, un business beaucoup plus trouble, la drogue, c'est ce qu'on appelle l'économie parallèle qui permet d'écouler et de blanchir l'argent sale.

Le chef de la maffia a mis l'accent sur la procédure de l'acquisition d'un terrain nu en banlieue du village, sur le plan des gros oeuvres, sur la finition et sur l'équipement matériel. Quant, au financement de ce grand projet, le chef de la maffia a rassuré Hadj Abdallah en lui disant:

" Ne t'en fais pas pour l'argent d'investissement de ce projet, tout arrivera en son temps opportun. Le principal c'est de réfléchir d'abord en idées pour passer ensuite au projet, et je voudrais bien que tout soit assujetti aux normes, aux règles et lois juridiques de votre pays. Sois vigilant et ne fais aucune gaffe, la moindre erreur sauta tout notre projet et notre loi interne stipule que chaque erreur commise sois payée chère et c'est toi seul qui payera la facture totale des dégâts, donc sois prudent dans toutes tes actions qui doivent être méticuleusement contrôlées par toi-même. Moi, je t'ai ressourcé en orientations générales, à toi de te débrouiller pour analyser et étudier les détails".

Après ces strictes instructions, Hadj Abdallah quitta la résidence balnéaire du chef maffieux et se dirigea vers son hôtel pour replier ses bagages et réserver une place de retour au premier vol d'avion du lendemain qui le conduira à son pays. Comme Hadj Abdallah était un peu malin, il a remarqué la présence, sur le même vol de retour, d'une nana qu'il a vu déjà dans une boîte de nuit, malgré qu'elle a changé son maquillage et sa perruque. Alors, il s'est dit que les choses sont sérieuses, cette nana contrôle mes actions et mes mouvements, je dois prendre toutes mes précautions.

Une fois arrivé à son pays, il contacta d'abord un détective privé pour le charger d'étudier cette situation de poursuite en permanence et lui demanda de mener une enquête à son profit. Après, une semaine, le détective privé lui présenta un rapport complet sur les six personnes qui le suivent, il lui a montré même leurs photos.

Il s'agit des agents secrets de la DST et c'est une chose normale pratiquée par la quasi-totalité des Etats et gouvernements du globe. Au vu de ce résultat de l'étude du détective privé, Hadj Abdallah a eu peur et sur le champ a recruté dix personnes qui seront chargés de sa sécurité et leur a demandé de lui fournir un rapport journalier sur tout ce qui se passe autour de lui.

Ensuite, il contacta le commerçant de textile que le chef maffieux lui a indiqué. C'est un vieil Hindou, qui a l'apparence d'être strict et sérieux et dont sa boutique est sise sur le meilleur boulevard de la capitale économique. Ce dernier lui a rassuré qu'il est chargé de lui délivrer l'argent nécessaire non pas seulement pour l'achat d'un terrain, mais aussi pour la construction de l'usine du textile avec l'achat de tout le matériel indispensable pour que le projet fonctionne dans les meilleures conditions.

Avec l'assistance de grandes personnalités occupant des postes clés dans la hiérarchie gouvernementale, et sous prétexte de lutter contre le chômage et sous l'étiquette de l'intérêt général du pays, Hadj Abdallah a réussi facilement à acquérir, avec l'argent sale, vingt hectares de terrain nu au banlieue de son village.

Juridiquement, le dit terrain faisait partie du domaine public, mais on a utilisé une procédure juridique pour le rendre une propriété privée appartenant à Hadj Abdallah. La procédure juridique consistait à transformer d'abord le terrain nu du domaine public au domaine privé de l'Etat, et ensuite, dans le cadre de la privatisation, on a vendu le terrain au riche Hadj Abdallah. Dans son dossier d'acquisition du terrain nu et pour appuyer sa demande, Hadj Abdallah a utilisé des procédés argumentatifs qui lui ont été dictés par un bureau d'études étranger.

Les choses se sont succédées et réalisées avec la grande vitesse, l'achat du terrain nu en face de la mer par Hadj Abdallah, l'aménagement de l'usine de textile par une société allemande avec la construction d'une grande villa pour le patron Hadj Abdallah, l'installation du matériel de production et des machines provenant de Thaïlande et le recrutement d'un personnel passionné et soucieux de donner une meilleure image de marque de l'entreprise.

Une petite fête a marqué l'inauguration de ce fameux projet à double face a été organisée à l'honneur des autorités locales, des membres de la famille, des ingénieurs qui ont suivi toutes les opérations de construction et d'installation et du personnel nouvellement recruté.

vendredi 11 janvier 2008

- Une famille de mon village: 18/30. Le dérapage




Hadj Abdallah a été profondément touché par la disparition subite de Lalla Mina. La mort de sa mère a laissé chez lui un grand chagrin et des douleurs d'ordre psychologique. Malgré sa richesse et son pouvoir politique, il se sent isolé, surtout au sein de son ménage, sa compagne de discussion est déjà partie, il ne lui resta que le silence absolu. Même Lalla Fatima, ne lui adressa la parole que rarement, sauf pour des questions purement relatives à la gestion du foyer.

Mais, il commença à avoir un penchant vers le politique au détriment de son foyer. Ses déplacements vers la capitale administrative du pays se multiplient. Il participe souvent aux débats nationaux au niveau du parlement, comme il assiste aux grandes réunions du comité exécutif du PLP dont le siège se situe à la capitale économique du pays. Malgré sa participation, il n'a rien appris en politique, les intellectuels du village disent qu'il ferait partie du parlement rien que pour applaudir ou pour s'assoupir pendant les discours


Ces nombreux déplacements lui ont permis d'avoir une grande ouverture vers les autres, surtout les députés de son genre qui sont, en général, des analphabètes mais qui sont des villageois très riches, qui ont beaucoup d'argent et qui sont loin de l'intellectualisme et qui n'ont pas une optique claire sur la politique générale qu'elle soit internationale, nationale ou régionale.



Donc, dans ce climat général caractérisé, d'une part par son absence répétée du foyer avec réduction de responsabilité en tant que chef de ménage et d'autre part par ses nouveaux liens avec de faux politiciens, Hadj Abdallah voyagea constamment à des pays étrangers comme membre du parlement, en particulier à ceux de l'Amérique Latine et de l'Asie du Sud-est.


Au lieu de s'intéresser à la vraie vie politique et de chercher l'intérêt général de son pays qui est sous-développé, Hadj Abdallah fit l'objet de dérapages difficilement rattrapables en fréquentant des boîtes de nuit et des lieux de distraction d'ordre sexuel et de drogue pointue. Ces fréquentations lui ont permis de nouer des relations très étroites avec des maffias de la drogue qui l'ont encouragé à devenir membre de leur regroupement international.


Une visite officielle d'amitié et de courtoisie avec quelques pays de l'Asie du Sud-Est a été organisée par le parlement du pays. Hadj Abdallah faisait partie de la délégation chargée de cette visite. Là, une personne maffieuse l'a rencontré et lui a donné une adresse sise à son pays, l'adresse d'un commerçant de textile, et lui a ordonné de lui rendre visite dès son retour en lui donnant un mot de passe pour qu'il puisse communiquer facilement avec le commerçant en question. Il lui a assuré qu'il aura affaire à de grandes personnalités non uniquement faisant partie de la chambre du parlement mais aussi de hautes personnalités du gouvernement qui sont des membres actifs de ces maffias de drogue.


Hadj Abdallah, ne savait pas qu'il a été poursuivi, depuis son départ de l'aéroport de son pays, par des agents secrets de la Direction de la Sécurité du Territoire (DST). Ces agents secrets formaient une équipe de six personnes, trois garçons et trois filles. Ils travaillaient en permanence et ne l'ont pas quitté une seconde des yeux. Ils se déguisaient en commerçants, étudiants, touristes et toutes sortes de rôle qui ne laisse aucune trace de doute.

- Une famille de mon village: 17/30. Le décès de Lalla Mina




A l'occasion de son ascension à la chambre des députés, Hadj Abdallah a offert aux sympathisants du PLP un grand dîner où même les membres de sa grande famille ont marqué leur présence. C'était un dîner historique avec sa gastronomie purement traditionnelle, le méchoui, la bastilla, et avec le groupe des chikhats, chanteuses traditionnelles qui ont présenté de beaux tableaux musicaux. Cette cérémonie politique a occasionné une fatigue inssuportable à sa mère Lalla Mina et elle tomba gravement malade.

Sur décision et par ordre de son fils, Hadj Abdallah, député du village, on l'a emmené à la clinique du village pour être hospitalisée. Elle a été soumise à des soins intensifs et à de multiples analyses médicales, sur quoi les médecins ont affirmé secrètement à Hadj Abdallah que la fin de sa mère est proche et que ses jours sont comptés aux doigts, il n' ya plus d'espoir sur sa vie, c'est la question d'âge qui est mise en cause, elle s'approche de quatre-vingt ans révolus. Donc, il ne reste devant Hadj Abdallah que de procéder aux préparatifs des cérémonies du deuil projeté et dicté par les médecins de la clinique.

Après avoir beaucoup pleuré de la future séparation qui aura bientôt lieu, une séparation avec une mère qui représente l'un des grands piliers de la famille, Hadj Abdallah commença les préparatifs du prochain deuil.

Quant à Lalla Mina, elle ne mange plus et fait l'objet de plusieurs crises successives, ses forces s'affaiblissent au fil des jours. Elle commença à demander à son fils d'inviter les membres de sa famille pour leur dire adieu, ainsi que ses amies.

A vrai dire, la clinique a été perturbée par le grand nombre de personnes qui rendent visite à Lalla Mina pour les adieux. Pour cela, le Directeur, médecin en chef de la clinique a suggéré à Hadj Abdallah d'emmener sa mère à l'appartement familial en le convainquant que la mort aura lieu dans trois jours et qu'il est souhaitable qu'elle meure dans l'affection entre les membres de sa petite famille plutôt qu'elle meure solitaire à la clinique. Hadj Abdallah a bien compris le message du médecin en chef et a emmené sa mère à la maison familiale.

Trois jours après, et vers l'aube et c'était un vendredi, Lalla Mina a quitté ce monde vers un voyage que personne ne connaisse la destination, Dieu seul la sait. Elle a lancé son dernier souffle sur la poitrine de Lalla Fatima dont les larmes coulent à flots sur ces joues rouges.

C'était un moment de séparation horrible, tout le monde dort sauf Hadj Abdallah qui pleure aussi comme un enfant orphelin et bien sûr Lalla Fatima qui est restée le long de la journée du jeudi à côté de sa belle-mère avec laquelle elle a passé toute sa jeunesse. Pour elle, Lalla Mina représente un livre d'histoire qui raconte, sans mensonge, tous les souvenirs de la famille.

Pendant la journée, la cérémonie des funérailles a eu lieu. Le cortège se dirigea vers la cimetière des martyrs, cimetière appelée ainsi, mais réservée aux riches et aux grandes personnalités éteintes.

Parmi les présents, figuraient quelques parlemantaires, le chef de la brigade de la gendarmerie, des représentants du ministère de l'intérieur, les grands commerçants, des membres du PLP et les membres de la famille.

C'est ainsi que Lalla Mina fut enterrée en laissant derrière elle un fils cinquantenaire qui regroupe les deux pouvoirs, le commercial et le politique.

- Une famille de mon village: 16/30. La campagne électorale




En Présence de Karim et de quelques membres du comité exécutif du Parti de la Liberté Politique (PLP), le local de la section de ce parti de droite fut inauguré. Hadj Abdallah a été élu à l'unanimité secrétaire général de la section. Il y avait ce jour là, beaucoup de monde, des membres de la famille de Hadj Abdallah, ses amis et quelques militants du parti.

Pendant la soirée, un dîner fut offert par Hadj Abdallah à tous les participants à cette inauguration. Karim encouragea le secrétaire général de la section en lui disant que la politique n'est pas réservée seulement aux professionnels de la politique ou aux politiciens formatés et ajouta qu'avec du dynamisme et de la concentration et du militantisme politique Hadj Abdallah pourrait bien diriger la section.

Après trois mois d'ouverture de la section du village du PLP, les adhésions sont devenues nombreuses, et le nombre de militants s'accroît rapidement pour devenir des dizaines. Hadj Abdallah voyage souvent à la capitale économique pour participer à des formations continues politiques au siège du PLP. Il a appris des principes sur le libéralisme, sur l'idéologie, sur la démocratie, sur l'élaboration des programmes régionaux et d'autres choses d'ordre politique. En plus de cette formation politique, il a suivi des cours de communication dans une école privée.

En plus du monde commercial, Hadj Abdallah est entré par la grande porte au monde politique. Ses discours idéologiques sont devenus convaincantes, sa maison s'est transformée en un lieu de débats politiques, elle regroupe chaque semaine toutes les tendances politiques du village. Il commença à lire le journal de son parti et les journaux des partis de l'opposition.

On est au début du mois de septembre, lorsque le gouvernement a lancé l'opération de la campagne électorale à laquelle tous les partis du pays se confrontent pour une durée de quinze jours. Au village, la section du PLP avait déjà achevé ses préparatifs relatifs à ce grand évènement politique. Hadj Abdallah a fait plus que le nécessaire, il s'est présenté aux élections législatives comme candidat du parti PLP au village.

Pour cela, il a établi un programme utopique qui n'est d'autre que la copie des programmes des autres partis, c'est l'entête qui a changé, il a imprimé les tracts qui vont être distribués aux habitants du village, Il a prévu, selon un programme rigoureux, une série de visites avec les habitants dans divers quartiers du village et l'organisation de quelques meetings, déplacements et déclarations, il a loué des voitures légères qui vont parcourir, jour et nuit, les différentes rues du village, il a même lié d'étroites relations intimes avec les autorités locales.

Sa femme et Aïcha sont chargées par lui de multiplier les contacts avec les femmes du village et en particulier avec celles qui ont beaucoup de relations, leurs rôles se limitent à inciter ces femmes à voter en faveur du PLP le jour du suffrage national.

Dans sa campagne électorale, Hadj Abdallah s'est abstenu à utiliser des méthodes de travail moderne, au contraire il s'est appuyé sur des méthodes archaïques. Lors de ses réunions avec les habitants du village, il a égorgé des boeufs et des moutons pour les nourrir et, à la fin de chaque réunion, il leur a demandé de lire la Fatiha à haute voix en leur disant que cette sourate les engage à voter pour lui le jour du scrutin.

Il a été généreux pendant la campagne électorale et a offert de l'argent à la quasi-totalité des habitants. Pour les chômeurs, il leur a promis de les faire travailler dans des postes honorables qui leur assureront une stabilité sociale. Il a affirmé aux étudiants qu'ils seront dotés de bourses pour poursuivre leurs études à l'étranger et leur a dit que la nation a besoin d'eux et de leurs diplômes pour en occuper des postes clés.

Effectivement, Hadj Abdallah a gagné le pari devant ses concurrents des autres partis adversaires et a été élu, presque à l'unanimité selon le suffrage du jour du scrutin, parlementaire et membre de la chambre des députés.

C'est ainsi qu'il a associé le commercial au politique, mais un malheur survient et laisse planter chez lui un grand chagrin que les jours n'arrivent jamais à l'effacer.

- Une famille de mon village: 15/30. L'adhésion de Hadj Abdallah à un parti politique de droite




Karim, oncle de Hassan et parlementaire, invita Hadj Abdallah et lui demanda de lui rendre visite d'urgence à son domicile sis dans la grande ville, capitale économique du pays. Ce dernier le rassura que pendant le moment où il va se ravitailler en tissus, il répondra positivement à son invitation.

Effectivement, quinze jours après la cérémonie du mariage, Hadj Abdallah est parti à la capitale économique pour récupérer sa valise d'argent gardée chez la gendarmerie et profita de ce séjour pour rendre visite à Karim. Ce dernier réside dans une villa spacieuse dotée d'un vaste jardin et d'une petite piscine dans un quartier résidentiel de la ville.

En arrivant à la villa, Hadj Abdallah était chaleureusement accueilli par Karim et sa femme qui, en souriant, lui ont souhaité la bienvenue, l'invitèrent à prendre place sur un fauteuil dans un salon de type européen et lui servirent un jus d'orange sucré.

Puis les deux hommes commencèrent à discuter. Ils n'étaient pas sur les mêmes ondes, l'un parlait du commerce, l'autre discutait de la politique. Mais, quand même, ils avaient un point commun, c'est la crise économique dans le pays. Ils étaient d'accord que c'est une crise externe imposée par la mondialisation et par le nouvel ordre économique.

Soudain, Hadj Abdallah questionna Karim sur la prochaine campagne électorale:
- Les partis nationaux se préparent-ils pour mener à bien la prochaine campagne électorale ?
- Concernant notre pays, le cadre électoral va tenir compte prochainement des élections démocratiques, mais des étapes additionnelles devraient être prises avant les prochaines élections pour assurer le respect des normes internationales, répondit Karim
- Mais crois-tu qu' avec la mentalité politique actuelle des gens, ces étapes vont se réaliser, demanda Hadj Abdallah
- Non, je ne pense pas, car nos citoyens ne sont pas encore mûrs politiquement et par conséquent le système électoral ne subira aucun changement. D'ailleurs, il y a des rumeurs qui affirment que la carte électorale est déjà définie par le Ministère de l'Intérieur , répliqua Karim
- Comment ça, je n'ai pas compris, demanda Hadj Abdallah
- On dit qu'un bureau d'études international, qui travaille pour le compte du Ministère de l'Intérieur, a mis en oeuvre un logiciel qui permet de projeter plusieurs scénarios de la carte électorale définitive selon les directives de l'Etat. Et sur ladite carte sont partagés les sièges des parlementaires entre les différents partis, chaque parti aura un nombre de sièges selon ses relations clientèles avec l'Etat , expliqua Karim
- Et quelle est la position de ces partis vis à vis de cette carte électorale fictive ? Demanda Hadj Abdallah
- Les partis politiques sont d'accord avec l'Etat sur cette répartition, si tu veux ils font parties du jeu électoral, répondit Karim
Puis Hadj Abdallah a demandé la permission de Karim pour partir, seulement ce dernier a juré à ce que Hadj Abdallah sera son hôte cette nuit et pourra quitter le lendemain.

Pendant le dîner, Karim a suggéré à Hadj Abdallah l'idée d'adhérer à son parti de droite. Il lui a expliqué qu'il a tous les atouts positifs d'être un grand dirigeant de la future section du parti de son village.

Et il ajouté qu'avec une petite formation en matière de politique, il pourrait accéder à l'un des deux postes, soit le maire du village, soit un parlementaire pendant la nouvelle campagne électorale qui aura lieu dans trois mois.

- Que tu sois parlementaire, c'est la voie royale pour être membre de l'élite de ce pays, tu auras une carte blanche de faire n'importe quoi, personne ne te contrôlera, ton argent sera en sécurité, tu ouvriras l'accès à d'autres sources de la richesse. Donc, adhères à mon parti et tu mèneras une vie d'un pacha, expliqua Karim
- D'accord, considères-moi dès maintenant, un membre actif de ton glorieux parti, je militerai jour et nuit pour que la droite détienne la majorité des postes du parlement et accède par la suite au pouvoir gouvernemental du pays, répliqua Hadj Abdallah
- Demain soir, notre parti organisera un meeting dans une grande salle de cinéma au centre de la ville et je voudrais bien que tu assistes pour te présenter aux membres du bureau national, demanda Karim
- Je n'ai aucun problème à y assister, répondit Hadj Abdallah

Le lendemain soir, les deux hommes se dirigèrent au cinéma Palace pour participer à cette réunion publique organisée par le Parti de la Liberté Politique (PLP) pour être informé des nouvelles actualités politiques et discuter la question politique sur les prochaines élections. A cette occasion, Hadj Abdallah fut présenté par Karim aux membres du comité exécutif du PLP. Il a été chargé par ce comité de créer d'urgence une section du PLP à son village.

Après la clôture des travaux du meeting, Hadj Abdallah salua Karim et lui promit que les frais de la location du local de la section du PLP au village seront à sa charge. Puis il se dirigea vers son village.

- Une famille de mon village: 14/30. Le mariage de Hasnae




Vers l'aube, un conseil supérieur de la famille réunira Hadj Abdallah, la grand-mère et Lalla Fatima. A l'ordre du jour, il y avait un seul point à discuter, il s'agit de Hasnae.

Lalla Mina a ouvert la séance en disant:
- Dans l'histoire de notre sainte famille, aucune fille ne s'est évadée du foyer familial de la manière dont Hasnae fait preuve
- C'est pour cela, que je voudrais bien la marier avec Boujemaâ, répliqua Hadj Abdallah
- Non, si tu insistes à la marier avec cet apprenti, je serais obligée de quitter ce foyer définitivement, rétorqua Lalla Fatima
- N'aggraves pas la situation ma fille, on est là pour arranger les choses, riposta Lalla Mina
- Oui maman, tu as complètement raison, c'est vrai, on doit chercher des solutions adéquates, dit Hadj Abdallah
- Le mariage n'est pas un jeu d'une minute c'est une question d'une longue vie où les partenaires doivent être sur les rails de la bonne entente, et cela ne peut se réaliser que s'il y a un amour mutuel et bilatéral, riposta Lalla Fatima
- D'accord, mais je n'aime pas ces nouvelles méthodes qu'emploient les jeunes de la nouvelle génération, rétorqua Hadj Abdallah
- Il faut savoir qu'aujourd'hui c'est le système de la libre expression et de la transparence qui règnent, répondit Lalla Fatima
- La libre expression et la transparence, ce n'est pas l'écriture d'une lettre de déclaration d'amour en cachette. Ça je ne l'admets jamais, riposta Hadj Abdallah
- D'accord, mais le mariage forcé n'est pas aussi le vrai, c'est un faux mariage, rétorqua Lalla Fatima
- Alors, donnes-moi une idée sur ton vrai mariage, éclaires-moi, répondit Hadj Abdallah
- Donnes-moi un délai d'une journée, juste le temps de voir avec Hasnae et de déduire ce qu'elle ait dans la tête et à ce moment tu pourras prendre la décision qui te convienne, rassura Lalla Fatima
- C'est une bonne idée et je vois qu'il est rationnel de laisser Lalla Fatima prendre cette initiative, intervint Lalla Mina
- D'accord, je ne vois pas d'objection pour ce choix, riposta Hadj Abdallah

Le jour même, Lalla Fatima s’est mise tête à tête avec sa fille Hasnae et commencèrent leur discussion :
- Dis-moi franchement, je voudrais bien savoir à qui a été destinée la lettre de ta déclaration d’amour, demanda Lalla Fatima
- A un jeune garçon que je vienne de rencontrer et de faire connaissance avec lui, cet été, à la plage, répondit Hasnae
- Est-il du village ou parmi les estivants ? Demanda Lalla Fatima
- C’est un jeune ingénieur en génie civil qui vient d’être recruté par la mairie du village, répondit Hasnae
- Et ce jeune t’aime ? Demanda Lalla Fatima
- Oui, il me sourit, il me regarde et il m’a même parlé et m’a avoué qu’il a l’intention de se marier avec moi, riposta Hasnae
- Et pourquoi ne viendra-il pas voir ton père pour lui demander ta main, expliqua Lalla Fatima
- Je peux lui dire ça, rassura Hasnae
- Bon, tu vas contacter ce garçon et tu lui diras que quelqu’un est venu demander ta main et que tu as refusé à cause de lui et tu l’inviteras à venir d’urgence voir ton père pour demander ta main, conseilla Lalla Fatima.

Alors Lalla Fatima a convaincu Lalla Mina qu’on puisse marier Hasnae avec quelqu’un d’autre mais pas forcément avec Boujemaâ. A son tour, Lalla Mina a convaincu son fils que l’important pour Hasnae est qu’elle soit mariée sans tenir compte avec qui. Puis Lalla Fatima a expliqué tout à Hadj Abdallah qui a finalement accepté le garçon ingénieur comme futur époux de sa fille et il a fixé un rendez-vous pour s’entretenir avec le prochain gendre.

Hassan, n'était autre que le jeune ingénieur dont Hasnae est follement amoureuse. Il a vingt six ans, il est d'une famille qui s'attache beaucoup à la politique. D'ailleurs, son oncle est un parlementaire qui appartient à un parti de la droite qui a quatre postes de ministre dans le gouvernement du pays. Hassan, aussi aime Hasnae et il est prêt à faire n'importe quoi pour la rendre heureuse.

Comme, il a été convenu entre la mère et la fille, Hasnae s'est rendue au lieu du travail de Hassan et lui a expliqué toute l'histoire de la tentative du mariage forcé et de sa fuite du foyer familial. L'ingénieur a été très touché par ces faits et a promis à Hasnae d'être au rendez-vous avec son père pour demander sa main en compagnie de ses parents. Cette promesse était un symbole de bonheur pour Hasnae qui l'a remercié de sa compréhension en le quittant.

Le jeudi soir, Hassan, en compagnie de ses parents est venu voir Hadj Abdallah pour lui demander la main de Hasnae. Ce dernier les accueillit chaleureusement et après de longues discussions, les visiteurs ont accepté toutes ses conditions, et lui a accepté à ce que Hasnae soit l'épouse de Hassan.

De même, ils ont fixé la fin de l'été comme date de la célébration du mariage car il fallait faire des invitations et des préparatifs. Hadj Abdallah a accepté aussi que, pendant la période de fiançailles, Hasnae puisse sortir avec Hassan chaque vendredi soir, mais en compagnie de son petit frère Youssef.

Un mois s'est écoulé, le mariage est célébré suivant un cérémonial puisant ses sources dans des traditions ancestrales ce qui enrichissent le rituel du mariage et lui confèrent un cachet particulier.

Par un jeudi matin, on a commencé par la conclusion de l'acte de mariage, acte adoulaire établi par des adouls qui font office de notaires, en présence des parents des deux côtés. Il équivaut à un acte de mariage et constitue le contrat fondateur de la famille. A cette occasion, Hassan a versé la dot ce qui marquait la fin des fiançailles qui étaient courtes.

Le vendredi c'était la veille du grand jour. De bonne heure, on a emmené Hasnae, sous les youyous de jeunes filles proches et amies qui l'accompagnèrent, à un bain maure pour subir un bain purificateur pour purifier son corps. La flamme des cierges, allumés pour l'occasion dans les salles obscures du bain, est censée éclairée le chemin du bonheur.

De même, la veille du grand jour, on a aplliqué le henné à Hasnae et aux femmes invitées par une femme préposée à l'art du henné. Après avoir reçu une application du henné, les cheveux de Hasnae sont tressés, enserrés dans un anneau d'argent, symbole de la pureté. La hennaya cassa un oeuf sur la tête de la mariée, symbole de la fécondité, en nouant les cheveux, elle y introduit deux dattes enduites de miel, symbole du bonheur. Les vertus bienfaitrices du henné sont cernées protéger contre les maladies et garantir la réussite et la prospérité. Hasnae est voilée et vêtue d'un caftan vert et la hannaya s'ingénie à dessiner sur ses mains et ses pieds des motifs attrayants.

Le jour même a été caractérisé par l'arrivée de l'offrande au domicile de la famille Hadj Abdallah sous les youyous des femmes et la musique d'un orchestre traditionnel. Cette offrande comportait les cadeaux offerts en cette occasion par Hassan à Hasnae, tels un grand sac de pain de sucre, symbole d'une vie heureuse, du lait, symbole de la clarté et de la pureté, une caisse de l'huile, des dattes, du henné, des bougies, un grand bouquet de fleurs, une paire de tissus pour caftan, un taureau jaune........

On est le grand jour, c'était un samedi, le jour de la grande cérémonie. C'était une occasion de grande fête préparée minutieusement et joyeusement organisée où on a présenté Hasnae aux convives. Les familles des deux époux, leurs proches, leurs amis et leurs voisins s'associent au destin scellé. Cette fête a été caractérisée, en plus du respect quasi-religieux des règles régissant son déroulement, par les négafates qui prennent jalousement en charge l'heureuse élue tout au long du grand jour. Ces spécialistes, très pointilleuses sur les tous petits détails, veillent à l'habillement de Hasnae, à son maquillage, à sa coiffure et même à sa démarche.

Ce mariage a été caractérisé par la manifestation de la joie des participants à la cérémonie, en plus des chants et des danses et de la réjouissance de toute sorte de plats de la cuisine, le méchoui, la basteilla, les limonades, les fruits de la saison et les gâteaux traditionnels faites en amande.
Vers l'aube, une voiture a conduit les heureux époux au meilleur hôtel du village où une suite leur a été réservée.

- Une famille de mon village: 13/30. A la recherche de Hasnae




Vers sept heures du matin Hadj Abdallah quitta son domicile en direction de l'une des ses plus grandes boutiques. En arrivant, il téléphona à Boujemaâ pour le mettre au courant que Hasnae l'a acceptée comme mari. Il l'a prévenu aussi qu'il va passer à l'action incessamment et le mariage sera bientôt célébré. Du fil, Boujemaâ le remercia énormément et lui déclara qu'il sera le serviteur de la famille.

Au même moment, à l'appartement de la famille Hadj Abdallah, tout le monde dort, à l'exception de Lalla Fatima et de Hasnae qui préparèrent, en cachette et sous un silence absolu, la valise de cette dernière. Puis la mère et sa fille prirent un petit taxi et filèrent en direction du logement d'Aïcha.
La sonnerie de la porte principale de l'appartement d'Aïcha retentit. Elle ouvrit la porte pour être en face de Lalla Fatima et de Hasnae. Les trois s'embrassèrent et Aïcha invita la mère et la fille à prendre place au salon. Et leur dira:
- Mais qu'est ce que vous avez? Pourquoi avez-vous amené cette valise?
- Ma chère amie, je vais laisser chez toi Hasnae pour un moment limité, répondit Lalla Fatima en pleurant
- Qu'elle soit la bienvenue, elle m'est chère. Mais pourquoi pleures-tu? demanda Aïcha
- Hadj Abdallah a décidé de marier, par force, Hasnae avec son apprenti Boujemaâ, expliqua Lalla Fatima
- Mais votre Hadj Abdallah n'a rien d'autre chose à faire que de provoquer un mariage forcé. Non, moi personnellement je n'admets jamais ce genre de mariage, il finit toujours par le divorce. Le mariage d'une nuit est une longue pensée d'une année complète. Répondit Aïcha courageusement
- Mais où est Loubna? Je voudrais bien la voir, demanda Lalla Fatima
- Loubna dort encore, elle est dans son lit. Moi, aussi, je voudrais bien te poser une question. Pourquoi n'as-tu pas emmené avec toi Youssef, je voudrais aussi bien le voir, répliqua Aïcha
- Mais, il était chez toi avant-hier et il a même passé la nuit chez toi, répondit Lalla Fatima
- Là, c'est un autre problème spécifique, essayons de nous nous mettre d'accord sur le problème de Hasnae qui est urgent, riposta Aïcha
- Oui, tu as raison ma chère Aïcha, alors que vois-tu? répondit Lalla Fatima

Alors les deux femmes ont mené une étude profonde pleine d'astuces et ont convenu à ce que que Hasnae restera en cachette chez Aïcha. Et elles vont faire semblant de ne rien connaître sur le sort de Hasnae et elles participèrent à l'équipe qui sera chargée de sa recherche.

Vers dix heures, Lalla Fatima quitta l'appartement d'Aïcha et regagna le logement familial pour trouver que tout le monde dort encore, même la grand-mère qui ronfle.

Elle alla doucement à son lit et fit semblant de dormir. A un moment donné Youssef vint la réveiller, il voulut prendre le petit déjeuner.
- Je suis fatiguée, je ne peux pas. Va chez ta soeur Hasnae et réveille là pour nous préparer le petit déjeuner, lui demanda Lalla Fatima à haute voix pour que tout le monde l'entende

Le gamin courut à grande vitesse vers la chambre de sa grande soeur en criant Hasnae! Hasnae!
- Maman, Hasnae n'est pas dans son lit, cria Youssef
- Cherches là dans les autres coins de la maison et dis lui de nous préparer le petit déjeuner, lui répondit sa mère à haute voix expressément.
A ce moment tout le monde s'est réveillé et la grand-mère murmura:
- Qu'est-ce que ce bruit là? Vous ne laissez jamais personne se reposer.
- Maman, Hasnae n'est pas à la maison, cria de nouveau Youssef
- Comment elle n'est pas dans la maison, c'est l'anarchie ou quoi? Cria Lalla Mina

Tous les membres de la famille furent surpris par l'absence de Hasnae, surtout lorsqu'ils ont constaté la disparition de ses habits de l'armoire. Lalla Fatima commença à pleurer en hurlant et en frappant ses cuisses fortement et cria:
- Oh Hasnae, ma fille, tu as effectué ce départ rapide pour te soustraire à cette épreuve pénible de ce mariage forcé.
- Tais-toi, ne dis pas de bêtises, tu es devenue folle. Mon fils Hadj Abdallah est capable de l'emmener morte ou vivante de n'importe quel endroit où elle est, lui dit la grand-mère

Ce jour là, était comme un jour de deuil pour toute la famille. Ils ont oublié le petit déjeuner, ils n'ont rien mangé. Lalla Fatima, qui était assise près de Lalla Mina, téléphona à Aïcha et lui demanda si elle n'a pas vu Hasnae. Aïcha a répondu par le négatif et même pas trente minutes qu'elle se rallia, avec un air triste, à la famille Hadj Abdallah.

A treize heures, Hadj Abdallah quitta la boutique et invita Boujemaâ à partager avec lui le repas de la famille. Pour Boujemaâ, ce fut une occasion d'or où il profita pour voir Hasnae, sa fiancée soi-disant. En arrivant à l'appartement, les deux hommes furent surpris par la désertion de Hasnae du lieu familial.

Boujemaâ baissa la tête, fit deux pas en arrière et quitta les lieux sans être remarqué par personne.

Hadj Abdallah hurla de colère et dis:

- Ça y est, c'est l'anarchie totale dans ce ménage qui règne, chacun fait ce qui lui plaît et à sa manière sans tenir compte des autres. Je n'accepterai jamais ce genre de comportement frivole qui manque de sérieux et de profondeur.
- Mais excuses moi Hadj Abdallah si j'interviendrais, on ne force jamais une fille à se marier avec quelqu'un qu'elle n'aime pas, ce n'est pas moi qui dit ça mais c'est notre religion qui impose l'accord de la fille lors de son mariage, expliqua Aïcha
- Qui t'a dit que c'est un mariage forcé. Tu dois savoir que son silence lorsque je lui ai proposé le mariage avec Boujemaâ est un signe de l'acceptation. Et c'est pour cette raison que j'ai avisé Boujemaâ. D'autre part, ce garçon lui convient beaucoup, c'est un futur riche commerçant, il aura un bon avenir, répliqua Hadj Abdallah
- Ce qui est important pour le moment, c'est de rechercher Hasnae et de l'emmener au foyer, je ne sais pas où elle est la pauvre, dit Lalla Fatima
- Pour ça, ne t'en fais pas, je vais aviser la gendarmerie, riposta Hadj Abdallah
- Non, ce n'est pas la peine pour le moment et c'est encore tôt, cherchons d'abord chez les gens de la famille, il est possible qu'elle soit chez une de vos familles, rétorqua Aïcha
- D'accord, c'est une bonne idée mais mangeons d'abord quelque chose de léger et commençons ensuite la recherche, répondit Hadj Abdallah

Lalla Fatima prépara un repas léger, sorte de casse-croûte. Tout le monde s'est mis en table et mangea en silence. Après quoi, les rôles de recherche de Hasnae sont partagés et chacun d'eux quitta l'appartement vers une direction précise. Seuls la grand-mère et Youssef y restèrent.

En cachette, Lalla Fatima et Aïcha téléphonèrent à Hasnae et lui ordonnèrent de rejoindre l'appartement d'urgence et lui rassurèrent que tout sera arrangé positivement. Trente minutes après, Hasnae arriva avec sa valise à la main droite.

Sa grand-mère, surprise de son arrivée, lui dit:
- Mais ma fille, tu ne dois pas quitter le foyer des parents, à ton âge ça ne se fait pas, ta pauvre maman n'a pas pu supporter ton inattendu départ

Hasnae n'a pas répondu, se dirigea à sa chambre et arrangea ses habits dans son armoire. Puis les heures passent et les membres de l'équipe de recherche rentrèrent à l'appartement l'un après l'autre. Le dernier arrivé s'était Hadj Abdallah, il a été surpris de trouver tout le monde en train de discuter avec Hasnae. Il n'a rien dit et monta à sa chambre à coucher en murmurant: "louange à Dieu".

mercredi 9 janvier 2008

- Une famille de mon village: 12/30. La tentative du mariage forcé de Hasnae


Le lendemain, Hadj Abdallah se leva à l'aube et fit sa prière. Puis il demanda à Lalla Fatima de lui préparer le petit déjeuner.

Ils étaient trois à table, Hadj Abdallah, sa mère et sa femme en train de boire du thé avec du pain chaud et de l'huile d'olive frais et des oeufs sautés et du pur miel. Soudain Lalla Mina s'adressa à son fils en lui disant:

- Hier soir, je t'ai entendu en train de crier comme un fou, qu'avais-tu alors?
- Oui, c'est avec Hasnae qui a dépassé ses limites mais je pense que je vais la marier avec Boujemaâ, le chef des ouvriers, répondit-il
- C'est une bonne chose que tu ailles faire. Mais crois-tu que cet homme va lui correspondre? Répliqua t-elle
- Oui, Hasnae a vingt ans et lui vingt six ans et en plus c'est mon homme de confiance, riposta t-il

Alors là, Lalla Fatima intervint et dis:

- Ecoutez vous deux, ce que vous êtes en train de comploter est un mariage forcé.
- Tu veux dire quoi? Je n'ai rien compris, dit Lalla Mina
- Je veux dire que ma fille n'a pas choisie ce Boujemaâ, et ton fils voudrait bien à tout prix lui en imposer sans tenir compte de son choix et de ses désirs. C'est affreux ce que j'entende, répondit-elle en pleurant.
-Mais tu n'as pas honte de dire des choses pareilles, riposta Lalla Mina
- Je ne vois pas que vienne faire la honte dans un mariage forcé. Ce genre de mariage est interdit même par la religion, répliqua Lalla Fatima
- Ecoutes ma fille, tu ne dois pas t'éloigner de nos traditions et nos coutumes. Toi et moi, nous sommes mariées à l'âge de quatorze selon ces traditions et ces coutumes. Et ce sont nos parents qui nous ont choisi nos époux, ce n'est pas nous.
Et ça a bien marché dans le bon sens, alors pourquoi veux-tu nous créer des problèmes gratuites? Dis la grand-mère avec un ton explicatif
- Nous, nous sommes d'une autre génération qui a été soumise aux traditions avec tout ce qu'elles contiennent, le bon et le mauvais. Là, nous sommes en présence d'une nouvelle génération qui a ses propres caractéristiqes, lesquelles doivent être respectées, riposta Lalla Fatima
- Alors quoi? Vous êtes toutes les deux en train de provoquer une guerre et des conflits entre les générations. D'ailleurs vos discussions n'amènent à rien, et c'est moi qui décide du sort de Hasnae et la décision a été prise. Donc, oublions ce sujet et n'en parlons plus, dis Hadj Abdallah

Puis, Hadj Abdallah se leva, quitta l'appartement et se dirigea, en voiture, vers son bureau. Là, il téléphona à son avocat pour lui demander des nouvelles sur son argent pris par la gendarmerie. L'avocat lui confirma qu'il a fait le nécessaire et le retard est dû à la lenteur des procédures administratives qui sont longues et non allégées et bientôt la gendarmerie va lui restituer tout son argent.

- Boujemaâ ! Cria à haute voix Hadj Abdallah
- Oui Monsieur, répondit Boujemaâ
- Comment sont allées les choses pendant mon absence, demanda Hadj Abdallah
- Monsieur, elles sont allées efficacement comme si tu étais là, d'aileurs nous avons gagné beaucoup d'argent pendant la période de la foire, cet été est exceptionnel avec le grand nombre de touristes, expliqua Boujemaâ
- Très bien, amènes-moi les registres comptables pour voir ça, demanda Hadj Abdallah
- Tout de suite, Monsieur, répondit Boujemaâ

Boujemaâ tendit à Hadj Abdallah deux registres noirs de grand format. Hadj Abdallah les posa sur son bureau, prit le premier registe comptable et commença à feuilleter les feuilles en regardant les pages à droite et à gauche. De la même manière, il consulta le deuxièmme régistre comptable. Puis, il appela Boujemâ et lui dit: "Excellent travail, pendant mon absence".

Hadj Abdallah demanda à Boujemaâ de s'asseoir sur le fauteuil en face de lui et lui dis:
- Qu'est-ce que tu peux me dire, si je te donnerais la main de ma fille Hasnae en mariage?
- Mais Monsieur, je suis en rêve ou en éveil? Répondit Boujemaâ
-Non Boujemaâ, tu es en éveil

Alors, Boujemaâ se mit debout puis baisa la main de Hadj Abdallah plusieurs fois en le remerciant. Hadj Abdallah, Lui rassura en disant:

- Je vais m'occuper du tout, je vais vous acheter un appartement et l'équiper de tout dont vous en avez besoin, meubles et électroménagers, je vais mettre à votre disposition une voiture neuve, je vais aussi financer le mariage, ne t'inquiètes pas, toutes les dépenses seront à ma charge.

Boujemaâ est venu de la campagne travailler chez Hadj Abdallah à un âge bas, l'âge de six ans. Au début, il résidait avec son patron à la même maison, mais à l'âge de seize, au moment où Hasnae avait dix ans, il a quitté la famille Hadj Abdallah pour vivre, sous le même toit, avec d'autres apprentis célibataires.

Le soir, Hadj Abdallah appela Hasnae et lui annonça la nouvelle du mariage avec Boujemaâ. Celle-ci ne s'attendant pas à ce genre de discours , fut surprise et resta perplexe. Son père, lui dit:
- Je comprends que ton silence est un signe de l'acceptation, donc nous n'avons qu'à passer à l'action et le mariage sera bientôt célébré.

Le visage de Hasnae devint rouge comme une tomate et, sans rien dire, s'en alla à sa chambre en pleurant. Sa maman, la suivit et l'a entendu dire:

" je vais me suicider, c'est mieux pour moi que de me marier avec cet apprenti".
- Non, mon ange, ne crains rien, j'ai mes astuces et sois sûre que ce mariage n'aura pas lieu, lui dit Lalla Fatima en lui effleurant les épaules et en l'embrassant sur ses joues
- Non, maman j'ai peur, tu sais quand papa prend une décision, personne ne peut l'arrêter, riposta Hasna
- Tu as le soutien de Lalla Fatima et je vais mettre tous mes astuces en oeuvre, rassura Lalla Fatima
- Merci maman, je n'oublierai jamais ce geste en ma faveur, tu es une vraie maman, remercia Hasnae.

- Une famille de mon village: 11/30. Hasnae, la grande fille, et la lettre de déclaration d'amour




En rentrant à sa chambre à coucher, Hadj Abdallah s'installa sur un fauteuil. Il relut, pour la cinquième fois, la lettre de déclaration d'amour de sa grande fille, Hasnae:

"Mon chéri,
C'est juste une déclaration d'amour
Que tu ne doives pas y être sourd
Sans toi, le monde est obscur
Avec toi, la belle vie est sûre
Tu es mes deux yeux avec lesquels je vois
Tu es le maître de la source dont je bois
Grâce à notre heureux amour, mon coeur bat
Et je me lève vers le haut pour quitter le bas
Toi et moi, nous avons réalisé notre bonheur
Et crois moi, que nous ayons vaincu le malheur
Signé: L'amoureuse Hasnae."

Alors Hadj Abdallah commença à chuchoter en disant:

"Voilà mes raisons de ne pas avoir un penchant vers les filles. Les filles n'apportent que de l'humiliation à leurs familles si elles ne sont pas éduquées selon les coutumes de nos ancêtres.
Quand j'étais petit, on n'a jamais mélangé filles et garçons. Maintenant, c'est la pagaille qui est semée, tout est mixte. Cette mixité dans les écoles va avoir des répercussions néfastes et ce sont les filles qui en subiront les mauvaises conséquences. Je préfère mourir que de voir ma propre fille aimer quelqu'un d'étranger à la famille. Mais, elle ne s'en fait pas, j'ai les solutions adéquates et elle va me le payer cher".

Soudain, tout énervé a crié à haute voix: "Lalla Fatima!!!".

Juste une minute après Lalla Fatima, toute peureuse, est debout devant lui comme une statue immobile. Il s'adressa à elle et lui dit en haussant le ton pour faire preuve de plus de fermeté:
- Tu vois où nous amener ta mauvaise éducation à nos filles
- Je ne sais pas de quoi tu parles? Répliqua Lalla fatima
- Je parle de ta Hasnae, lui répondit
- Qu'est-ce qu'elle a fait de spécial? Rétorqua t-elle
- Ta fille a un amant auquel elle a écrit cette lettre et voilà ce qui nous manque en plus, dit-il
- Oh mon Dieu! Ce n'est pas possible, qu'est-ce que j'entends? Murmura t-elle tout en tremblant.
- Les choses ont beaucoup lâché pendant mon absence, mais ne t'en fais pas, je vais les redresser toutes, ajouta t-il

Alors, Lalla Fatima le laissa parler tout seul et s'en alla à la cuisine.

Ce jour là, Hadj Abdallah est resté planté dans sa chambre à coucher, il donne l'impression qu'il attende quelque chose.

Vers quinze heures, Hasnae et son frère Ali, arrivèrent à l'appartement en chantant.
- Tiens, tiens ! Je ne savais pas que, parmi mes filles, il y a une chanteuse, c'est tout ce que tu as appris à l'école, dit Hadj Abdallah.

Hasnae rougit, devint muette, trembla et baissa la tête. Hadj Abdallah la gifla violemment. Hasnae courut vers sa chambre avec des larmes sur les joues roses et commença à pleurer sans arrêt. Sa mère la suivit et l'engueula au sujet de la lettre de la déclaration d'amour.

Hadj Abdallah appela Lalla Fatima et lui déclara que, suite à cet évènement impardonnable, Hasnae est jugée coupable. Aussi, elle subira un verdict paternel qui fera l'objet d'un mariage urgent.

- Une famille de mon village: 10/30. Une convocation à la gendarmerie


Le lundi matin, Hadj Abdallah mit sa Mercedes CLS en marche et se dirigea vers la brigade de la gendarmerie du village. Mais, avant d'y arriver, il passa chez son avocat pour lui montrer la convocation et lui demanda de l'accompagner. Comme l’avocat était libre à cet instant, il accepta de se rendre avec Hadj Abdallah à la gendarmerie du village et il lui a répondu: "Pas d’objection".

Vingt minutes après, les deux hommes furent devant la grande porte du siège de la gendarmerie. Un gendarme qui assura la sécurité de l'entrée avec une mitraillette à la main droite, leur demanda le motif de la visite. Hadj Abdallah lui tendit la convocation, le gendarme la prit de la main gauche et la lut et leur demanda d'aller au bureau quinze au troisième étage.

Hadj Abdallah, muni de la convocation à la main droite et son avocat, muni d’un cartable en cuir à la main gauche montèrent les escaliers pour être juste devant le bureau quinze. C'est un bureau spacieux, où, dans chaque coin, il y a un gendarme assis sur une chaise en bois et qui a devant lui une table sur laquelle il y a une machine à écrire et du papier pelure. Devant chaque table il y a, aussi, deux chaises en bois pour les visiteurs.

Les deux hommes se dirigèrent vers le gendarme qui est libre, et après les salutations, Hadj Abdallah lui donna la convocation. Le gendarme la lut, lui demanda sa carte nationale et s'en alla vers un autre bureau et apporta un grand registre noir qu'il déposa sur la table.

Cependant l'avocat intervint et lui demanda pourquoi cette convocation. Le gendarme, après avoir lu ce qui est écrit sur le registre lui répondit que c'est à cause de l'accident de circulation survenu à Driss le samedi avant dernier. Et il ajouta que ce sont des dispositions routinières et simples qui vont leur permettre d'établir un procès verbal pour prendre le témoignage de Hadj Abdallah.

Le gendarme plaça sept papiers pelure sur la machine à écrire en glissant entre chaque feuille et l’autre un papier carbone. Et il commença à taper sur les touches du clavier de la machine à écrire en posant des questions à Hadj Abdallah de la manière suivante :
- Nom et prénom ?
- Nom et prénom de ta mère ?
- Nom et prénom de ton père ?
- Date et lieu de naissance ?
- Profession ?

Puis, il lui a posé des questions de routine sur ses relations avec le feu Driss. Hadj Abdallah a répondu à toutes les questions et lui posa une question sur le sort de son argent. Le gendarme lui répondit qu'il n'a aucune idée sur cet argent et le conseilla de s'adresser à la brigade de la gendarmerie responsable du lieu où est survenu l'accident. Alors, le gendarme remetta à Hadj Abdallah sa carte d'identité et lui demanda d'émarger le bas du procès-verbal et le remercia.

Les deux hommes quittèrent le siège de la gendarmerie et Hadj Abbdallah chargea l'avocat de cette affaire, surtout celle de l'argent. Il lui a dit que c'est une grande somme qui s'élève à cinq millions de dollars en devises.

En revenant à son logement, Hadj Abdallah a trouvé par terre, sur le couloir, une lettre de déclaration d'amour signée par sa grande fille, Hasnae. Il l'appela, à haute voix. Mais, sa mère Lalla Mina, lui a dit qu'elle est partie chez Aïcha depuis une heure pour emmener Ali qui est chez elle depuis hier soir. Alors, il monta à sa chambre à coucher tout en murmurant.