samedi 19 janvier 2008

- Une famille de mon village: 24/30. La révélation du secret


Après ce moment agréable et historique d'échanges d'idées et de discussion sincère, Loubna est rentrée chez elle. Elle a été interrogée par Aïcha sur le sujet de sa rencontre avec Youssef:

- Ma puce, comment as-tu passé cet après-midi?
- Non, maman ce n'est pas tout l'après-midi, c'est juste deux heures, répondit Loubna
- Peu importe le temps écoulé, ce qui m'intéresse c'est le sujet de votre conversation, répliqua Aïcha
- On a mis l'accent sur l'Achoura et c'était pour moi une occasion pour découvrir d'autres qualités chez Youssef, expliqua Loubna
- Ah oui, c'est un garçon très éduqué et instruit, je le considère comme l'un de mes fils, énonça Aïcha
- Pourquoi maman, me poses-tu ces questions, J'ai l'habitude que tu es du genre qui parle peu, s'exprima Loubna
- J'ai une confidence intime et fracassante à te dévoiler. Mais je vois que ce n'est pas encore le moment opportun pour la révélation du secret, répondit Aïcha d'un air sérieux
- Dis-le-moi s'il te plaît, supplia Loubna
-Je vais te le dire mais pas maintenant, pour l'instant prépare-toi, tu sais bien qu'on va dîner ce soir chez la famille Hadj Abdallah, répliqua Aïcha d'un air ferme

Après quelques minutes de cette brève discussion, Aïcha et Loubna quittèrent leur logement en direction de la résidence de la famille Hadj Abdallah en apportant avec elles une chocolatine amandine légèrement humide.

Une fois arrivées à l'entrée de la grande porte de la villa de la famille Hadj Abdallah, Aïcha et Loubna ont été accueillies par Lalla Fatima qui les embrassait bien fort. Aussitôt, Aïcha lui remet le paquet qui contenait le gâteau en souriant et lui dit en souriant:

- Le prophète accepte le cadeau, donc accepte ce modeste et délicieux gâteau
- D'abord soyez les bienvenues et ensuite pourquoi avez-vous fait ça, nous avons dans la cuisine tant de gâteaux à manger,disait Lalla Fatima
- Ecoute ma chère, on n'est pas venu pour bien manger mais pour passer un bon moment avec vous à l'occasion de cette fête religieuse, répliqua Aïcha

A vrai dire, Aïcha n'a pas menti. Elle n'est pas venue spécialement pour partager le repas et veiller cette nuit d'Achoura en compagnie de la famille Hadj Abdallah. Elle avait un autre objectif visant à discuter avec Lalla Fatima sur le conflit Youssef-Loubna. Ce litige a duré plus d'un quart de siècle et n'a pas eu d'issue ou de solution valable satisfaisant les deux femmes.

Puis, les trois femmes gagnèrent le salon traditionnel de la villa. Là, les deux convives ont été saluées chaleureusement successivement par Hadj Abdallah et Youssef qui étaient en train de voir un film religieux télévisé émis par la chaîne de la télévision nationale. Soudain, Hadj Abdallah disait que c'est l'heure du repas et ordonna à ce qu'on soit servi dans ce somptueux salon.

Le repas était un grand plat simple de couscous au poulet avec des pois chiches, des raisins secs et des oignons, en parfum sucré-salé et aux senteurs épicées. Mais, d'un autre point de vue, il était délicieux et agréable au goût, c'était vraiment un couscous généreux pour un bon repas savoureux et convivial.

D'autre part, ce fameux dîner de soir, partagé entre les deux familles, porte des valeurs sociales communes : l’hospitalité, la méticulosité, la convivialité, le raffinement et l’équilibre. La cuisine marocaine traditionnelle est connue comme l'une des plus luxueuses au monde, elle postule au consommateur la présence de ses sens de l'odorat, de la vue et du goût.

D'une manière générale, ses plats cuisinés ont un pouvoir magique de séduction gastronomique. Les spécialistes disent que cette cuisine est née à partir de la diversité des paysages et des modes de vie qui existe entre les tribus nomades ou sédentaires et les habitants des villes.

Après le couscous, on a présenté successivement du thé chaud aux odeurs contrastées de la menthe fraîche et de la viande grillée au feu du charbon de bois. Cette recette a surpris et régalé les deux convives. Il faut savoir que la gastronomie marocaine comporte quatre stades. Elle est en premier lieu une affaire de vue: on regarde un plat, puis d'odorat: on le sent, après vint le toucher et enfin on déguste. Ainsi, la cuisine marocaine s'impose comme une invitation aux sens.

Enfin, pour clôturer ce fameux dîner du soir, on a servi consécutivement aux invitées, en plus d'un délicieux gâteau au chocolat décoré de chantilly vaporeuse, opposant le brun et le blanc, un grand plat contenant une diversité de fruits secs tels que les figues, les raisins secs, les amandes, les noix, les cacahouètes.

Vers vingt deux heures, Hadj Abdallah s'est retiré du groupe, pour aller se coucher, sous prétexte qu'il devrait dormir tôt. Il s'est excusé, en annonçant, aux personnes présentes qu'aux environs de l'aube, il serait obligé d'effectuer un voyage à la capitale économique.

Ensuite, vint le tour de Lalla Fatima et Aïcha, qui se sont installées, presque en cachette, dans une autre chambre pour ouvrir un débat important. Il s'agit de résoudre un problème historique pour lequel, les deux femmes doivent se mettre d'accord. Donc une solution, urgente et adéquate, est impérative et doit arranger les deux femmes et les libérer de leurs soucis.

Quant à Youssef et Loubna, ils restèrent seuls dans le salon, tête à tête, en face de l'écran plat du téléviseur. Ils semblent que les deux enfants, suivirent une soirée en directe émise par la télévision de la principale chaîne nationale. Mais, la réalité est une autre chose.

Une force surnaturelle les rapproche sans qu'ils se rendent compte. Elle crée chez eux un début d'un environnement nuageux mais presque amoureux, les aidant à savourer avec plaisir la chaleur de leur flamme. Ils sont en train de perdre le contrôle sous un choc émotionnel.

A vrai dire, Youssef et Loubna sont soumis à la fois à une douleur agréable et triste justifiée, à un heureux bonheur plein de joie et satisfaction et à un amour violent sensationnel produisant une impression de surprise, d'intérêt et d'admiration. Il suffit justement que les déclarations d'amour soient concrètes et mises en évidence. On pourrait dire que ces jeunes sont sous l'effet d'un coup de foudre qui a surgi brusquement.

Dans cette atmosphère générale, le temps passe vite, même très vite. Il es déjà minuit. On a l'impression qu'on est dans monde tissé de tableaux de différents aspects.

Hadj Abdallah, victime de ronflement d'une sonorité sourde et prolongée, dort profondément, il est sous l'effet d'une variété de cauchemars angoissants affectés par ses multiples fonctions pénibles. Il est à la fois président directeur général d'une usine de textile, parlementaire au niveau national, dirigeant politique au niveau local, membre actif de la mafia internationale et grande personnalité charismatique au sein de la grande famille. Ses multiples affaires deviennent assez complexes et ennuyeuses, il est dépassé, il ne s'en sort plus. Toutes ces situations ont impact négatif sur sa vie personnelle et en particulier sur son repos perturbé par le manque de temps libre.

Les deux enfants ont quitté la terre de la réalité sourde pour voler dans le ciel de l'amour angélique, là où le blocage se réduit et la liberté est presque totale. Ils s'avouent vaincus devant la puissance du colossal amour. Ils ont parlé de beaucoup de choses, futiles et de valeur. Ils ont découvert qu'ils ont les mêmes passions et les mêmes horizons. Ils ont conclu que l'un est fait pour l'autre. De même ils ont juré de conserver leur amour sain et sauf.

Les deux femmes, après de longues discussions, sont sur le point de conclure un marché bilatéral faisant fin à leur unique conflit pesant de long terme. C'est Aïcha, avec son courage mérité, qui a ouvert la première la discussion sur le sort des deux enfants. Elle a avoué à Lalla Mina qu'elle a l'impression que Youssef et Loubna commencèrent à s'aimer mutuellement.

De même elle a ajouté qu'il est le moment idéal de mettre les choses sur les rails et de dire la vérité au sujet des deux enfants. Cette position a mis Lalla Fatima dans un état de peur car cette vérité menace fortement son foyer qui pourrait être détruit facilement. Il suffit que Hadj Abdallah sache cette vérité et c'est la ruine totale et définitive de sa vie sociale.

En fin de compte, les deux femmes ont abouti à une solution. Aïcha, dans un premier stade, révélera le secret à Loubna et l'invitera à mettre Youssef au courant. Par contre, Lalla Fatima, se chargera, dans un deuxième stade, de dire toute la vérité à Hadj Abdallah quelles que soient les conséquences probables.

Sur cet accord conclu entre les deux femmes, Aïcha et Loubna ont quitté tard la spacieuse villa et ont regagné leur résidence vers une heure du matin. Malgré qu'il fasse pleine nuit, ils croisèrent, sur leur chemin, des enfants en train de sauter sur de la paille mise en feu. Les gens du village appellent ce rite traditionnel, accompagnant l'Achoura, la "Chaâla".

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