dimanche 6 janvier 2008

- L'individualisme: de la pauvreté à la richesse



C’est le début du week-end et ce jour du début du printemps coïncide bien avec le trente quatrième anniversaire de Robert, ingénieur spécialisé en informatique, option bases de données et sortant de L'Institut des Sciences et Techniques des Yvelines.

Notre homme est orphelin, mène une vie de célibataire, habite dans une garçonnière sise au cinquième étage d’un ancien immeuble et travaille dans le secteur de fonction publique en tant qu’analyste.

Pour commémorer cet évènement unique et réduire un peu l’oisiveté pesante du samedi soir, Robert a décidé de soûler la gueule dans un bistrot du coin. Aussitôt dit aussitôt appliqué minutieusement à la lettre.

Le lendemain matin en se levant tard, Robert a regretté ce comportement d’ivrogne et a vu qu’il en marre de cette vie individualiste, le feed-back est coupé avec tout le monde, pas de proches parents, pas d’amis et de préoccupations sociales intéressantes.

Il a constaté en s’autocritiquant, qu’en premier lieu, il n’a que sa liberté individuelle et il ne se préoccupe que de lui-même et il s’en fiche de la condition de vie des autres personnes de la société. En plus, sur le plan de l’autonomie morale, il mène une réflexion individuelle, sans que ses opinions soient dictées par un quelconque groupe social.

Brusquement, à partir de ces réflexions du refus de l’individualisme, une idée lui tomba dans la tête et il a pris une décision ferme à l’appliquer. Cette idée consiste à s’inscrire dans une bibliothèque publique, et là il fera des amis intellectuels et par la suite il peut nouer des relations intimes avec eux et de cette manière il va s’éloigner de l’alcool.

C’est lundi, il se réveilla, fait sa toilette, prend sa douche et sans manger, il se dirigea vers la bibliothèque la plus proche de son domicile. A l’arrivée, il a été accueilli par une bibliothécaire, une jeune fille dont l’âge est à peine vingt deux ans et devant elle, il a rempli un questionnaire qui comprend toutes les formalités routinières de l’inscription selon les modalités mises en vigueur.

Puis, des étagères où sont stockés les nombreux livres par thème, il a choisi un livre de tendance sociale qui s’intitule «Comment se marier sans peine». Enfin, il quitta les lieux de la bibliothèque après avoir remercié la fille. Et il se dirigea vers son travail, il est en retard ce matin, il va avoir des explications à formuler à son chef hiérarchique.

Le hasard a voulu qu’en ce jour son chef immédiat soit absent à cause de son déplacement pour nécessité de service. Donc, le problème d’explication écrite du retard est écarté.

Le soir, après avoir pris le dîner, Robert est allé tôt à son lit, non pour dormir mais pour lire une partie du bouquin emprunté de la bibliothèque. Trois heures de lecture soignée et profonde, notre ami commence à être convaincu de l’utilité du mariage.

Robert a raconté que cette nuit a vu un rêve qui a un sens. Il a vu dans son rêve que ses parents ont été morts dans un bus par accident de la circulation routière car le chauffeur était ivre et roulait à grande vitesse. Ces parents, dans ce rêve, étaient habillés en blanc et le suppliaient à se marier car son âge commence à avancer et il doit abolir l’individualisme et s’attacher au social.

Avec le social il connaîtra l’affection, la tendresse et peut-être la fidélité d’une femme fidèle.

Les jours passent, Robert fréquente régulièrement la bibliothèque et lis bouquin après bouquin et en même temps il a senti un penchant vers la jeune fille.

Lorsqu’il est seul, il rêve même s’il est éveillé et il commence à parler tout seul comme un fou et il dit souvent la même phrase qui se répète : « J’ai l’impression que des messages émanent des yeux de cette fille, qu’est-ce qu’elle veut me dire, je ne sais pas, Pourquoi mon cœur bat plus fort que le normal, le rythme de ces battements augmente devant elle.

Pourquoi ce frissonnement que je n’ai jamais connu dans toute ma vie ». Le pauvre Robert ne savait pas que c’est le coup de foudre selon l’expression des amoureux. C’est le début d’un amour qui est prêt à se concrétiser. En un mot, c’est la guérison de l’étape individualiste et c’est l’entrée victorieuse au monde social.

Un jour, avec un courage que les courageux n’ont jamais connu, il s’est dirigé vers la jeune fille et lui a demandé, si elle est libre et si elle peut partager avec lui un repas dans un bon restaurant.

La grande surprise c’est que la fille a accepté en répondant par un seul mot qui a un grand sens: « D’accord ». Le mot « D’accord » exprime la bonne entente, la même opinion, le même terrain, l’harmonie entre plusieurs choses, les mêmes idées, la même conception et le même avenir. Oui, l’avenir, c’est le juste mot pour Robert. Il veut construire un bon avenir avec cette fille sous un même toit et selon les normes de la société.

Vraiment c’est une soirée historique ou plutôt amoureuse, les déclarations d’amour sont faites simultanément. La fille est lauréate de l’Ecole des Sciences de l’Information de Paris, elle a subi une formation d’archiviste, elle habite dans une chambre d’hôtel, elle est aussi célibataire et son prénom est françoise.

Les semaines passent avec une grande vitesse, les relations entre les deux amis s’harmonisent et les cœurs se fusionnent pour ne devenir qu’un seul cœur plein d’amour et les objectifs se convergent pour se réduire en seul objectif qui n’est autre que le mariage convoité par les deux amoureux. Et par un beau jour du début de l’automne, nos deux amis vivent dans la piaule de Robert, sous le même toit et partagent la même nourriture et couchent dans le même lit : ils se sont mariés.

A l’approche de Noël, Françoise est enceinte. A la fin de septembre, elle donne naissance à un joli garçon que les deux parents ont prénommé Richard. Trois ans, plus tard Françoise a donné naissance à une mignonne fille qu’on prénomma Sophie.
Et voilà, une famille nucléaire, qui se compose de quatre membres qui mènent une vie stable sous l’égide de l’amour, de la fidélité et des mêmes centres d’intérêts.

Vingt ans sont passés, les choses ont beaucoup évolué. Robert, avec sa formation d’informaticien a quitté le secteur public pour travailler en tant que Directeur Général dans une société privée qui a pour vocation la fabrication et l’exportation pour vente des micro-ordinateurs.

Il est devenu riche, il habite maintenant avec sa famille dans une grande villa de mille mètres carrés. Sa femme, avec la richesse de son mari a pris sa retraite proportionnelle et elle devenue une femme au foyer. Le fils a l’âge de dix neuf ans et poursuit ses études à la faculté des sciences. La fille vient d’obtenir son baccalauréat scientifique et elle s’est inscrite à la faculté des sciences.

Avec toute cette richesse acquise, les quatre membres mènent une nouvelle vie différente à la première du début du mariage. Cette vie est caractérisée par l’absence de la tendresse, de l’affectivité et même de l’amour. Le foyer est devenu un foyer matérialiste où tout un chacun ne cherche que son intérêt personnel et il s’en fiche des trois autres membres de la famille.

Le père mange régulièrement en dehors de son foyer, la cause, d’après ce qu’il affirme, c’est sa participation obligatoire à des dîners d’affaires et de débats. Et lorsque, il est à la maison, il est passe tout son temps assis sur son fauteuil dans son bureau et en face de son écran en train de se connecter avec des fournisseurs du monde entier. Il n’a plus de temps à consacrer à sa femme ou à ses deux enfants. Il est devenu individualiste.

Françoise, la femme, qui a presque perdu son mari et ses deux enfants, passe la plupart de son temps dans le salon devant le grand écran numérique pour poursuivre feuilleton après feuilleton ou lis un bouquin. Elle a presque oublié la cuisine, ses repas sont importés de l’extérieur sur commande. Elle est devenue individualiste.

Le garçon, dans sa chambre, après avoir préparé ses devoirs d’étude, il joue des jeux dangereux de vitesse de cascadeurs au playstation. Il mange à l’américaine chez Mac Donal’s et à l’espagnol chez des spécialistes de pizza. Il est devenu individualiste, on dit qu’il est devenu orphelin sur le plan de l’affection.

La fille, dans sa chambre, ou bien elle prépare ses devoirs ou bien elle écoute de la musique forte et agitée de techno et de house par le biais d’un ipod stéréo et elle danse le breakdance en même temps. Elle s’alimente de la même gastronomie que son frère. Elle a oublié qu’elle a un frère et des parents, elle est devenue individualiste.

Cette famille a aboli toutes les bonnes choses d’autrefois. Le congé en famille n’est plus, chacun à sa propre direction et son propre espace et son temps unique. La cuisine du foyer est en panne, elle ne fonctionne plus. Les corps deviennent des robots et se croisent quelquefois sans se saluer, chacun est pris par ses propres intérêts. Et.........

Ayant raconté ce modèle à un sociologue, spécialiste en matière de la famille, il m’a répondu : « Mais où es-tu ? Tu es au moyen âge ! Tu dois savoir que ce modèle est très avancé dans la nouvelle société de l’image où tout le monde est victime de la révolution électronique. Les membres de cette société n’ont rien en commun que tout qui est matériel.

Le côté éthique ou moral est quasi-absent, pas d’affection, pas de tendresse, pas d’amour et c’est l’argent et l’image qui compte le plus. C’est fini l’écoute, le respect, les repas communs et en particulier la fidélité envers la famille. Le mode de production dans la société de l’image est l’individualisme : chacun pour soi et rien d’autre, c’est la lutte des individus à cause de l’argent et la ruée vers l’image.

L’image est devenu un culte, tout le mode y consacre énormément de temps, l’image est une chose sainte dans la société de l’image. »
Alors j’ai demandé à ce spécialiste : « Quelle est la solution ? ». Il m’a répondu : «Que ce ne sont pas les solutions qui manquent, ce sont leurs applications qui sont difficiles à réaliser.

Parmi ces solutions, revenons de temps à autre à nos traditions et à nos coutumes, au moins lors de nos fêtes, de nos congés annuels et nos week-ends. C’est ainsi qu’on peut joindre l’utile à l’agréable : On accompagne largement la société de l’image avec ses technologies mais on garde strictement nos coutumes avec ces affections. Ainsi, on peut dire qu’on vit dans la société de l’image modérée et équilibrée.

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