mercredi 9 janvier 2008

- Une famille de mon village: 06/30. Un secret inutile




Que Dieu ait son âme, Driss succomba à ses mortelles blessures, une heure après le moment de l’accident. D’après le rapport de la brigade de la gendarmerie présente à ce malheureux drame, le défunt roulait à une grande vitesse et s’est mis en collision avec un autocar venant du côté opposé.

De même, on a compté aussi huit blessés graves et quelques accidentés légers évacués très rapidement à l’hôpital le plus proche. L’épave de Nissan Terrano II que conduisît le feu Driss est irrécupérable. La valise qui contenait de l’argent a été récupérée par la gendarmerie.

Hadj Abdallah a eu un blocage des vaisseaux sanguins qui nourrissent le cœur et c’est ainsi qu’une crise cardiaque survient. Avec l’intervention des cardiologues au moment opportun, il a pu s’en tirer et sa santé est en train de s’améliorer grâce à la planification des étapes de la convalescence programmée par les médecins spécialistes.

On lui a conseillé de rester à la clinique pendant quatre jours et de ne reprendre son travail que lors d’une semaine compte tenu de son muscle cardiaque fort.

Hadj Abdallah a appris que son argent est sain et sauf et cela l’a aidé à mieux s’établir. Mais il a regretté beaucoup le décès de son comptable et ami. Malgré qu’il ne soit pas le genre qui pleure, il a beaucoup pleuré le départ inattendu de Driss.

Il a ordonné à ce que l’on enterre dans le cimetière des martyrs. Il y a une chose à noter c’est que notre village est caractérisé par la présence de deux cimetières. Un cimetière pour les pauvres et qui n’a pas de nom et un autre pour l’élite et les riches et qui porte le nom du cimetière des martyrs.

Lalla Malika et Aïcha se sont mises d’accord pour gérer rationnellement ensemble cette situation critique. Elles ont veillé à ce que les obsèques passent dans des conditions normales et selon les coutumes du village. D’ailleurs, une grande tente a été installée devant l’immeuble où réside La famille Driss.

De même, on a chargé un traiteur pour faire le nécessaire au point de vue alimentation et pour recevoir les personnes qui viennent présenter leurs condoléances et témoigner leurs sympathies à l’occasion de ce décès. Ainsi, le dimanche vers seize heures GMT, le cadavre de

Driss est mis au tombeau dans le cimetière des martyrs devant une foule énorme de membres de famille et d'amis. Le seul absent, était Hadj Abdallah qui est toujours hospitalisé à la clinique et qui a payé la facture de cette cérémonie d'enterrement.

De la même manière, les deux femmes ont établi un programme draconien de visites à la clinique au profit de Hadj Abdallah. D’ailleurs, elles ont planifié deux visites par jour, une visite le matin vers dix heures et une autre le soir vers dix huit heures. Les deux amies s’occupaient de lui en satisfaisant ses besoins et en lui amenant tout ce qu’il demande.

Une grande surprise a marqué le mardi soir, en entrant à la clinique les deux femmes croisèrent la sage-femme qui a été derrière l’échange des bébés depuis huit ans. Aïcha, l'a bien remarqué, s'adressa à Lalla Fatima et lui chuchota: "Lorsque la visite sera achevée j'ai une confidence à te dire, mais c'est un secret à vie qui doit rester entre nous, tu ne le dois dire à personne"
- D'accord ma chère Aïcha, ne crains rien, je serai ta boîte à confidences, répondit Lalla Fatima.

Oh! Si Lalla Fatima saurait ce qu'Aïcha va lui dire, sans doute elle aura de nouvelles hallucinations qui vont l'emporter vers des mondes où les problèmes sans solutions s'accumulent pour devenir un enfer terrestre.

Après avoir assumé leurs devoirs quotidiens envers Hadj Abdallah, qui leur a prévenu que sa sortie de la clinique sera le lendemain mercredi matin, les deux femmes quittèrent cet établissement de soins et d’hospitalisation privé.

Elles prennent un petit taxi et se dirigèrent vers l’appartement de la famille Driss qui, si on ferait abstraction de ses membres permanents, est désert car les cérémonies de l’inhumation sont achevées et tout le monde est parti.

En buvant du café, tête à tête au salon, Lalla Fatima s’adressa brusquement à Aïcha et lui demanda:

- Tout à l’heure, à la clinique, tu voulais me dire quelque chose confidentielle, c’est quoi ?
- Ah oui, il y a un secret que je garde depuis huit ans et personne ne le sait sauf moi et la sage-femme qu’on a croisée à l’entrée de la clinique, répondit Aïcha
- J’ai hâte de le savoir, dis-le à moi et ne crains rien, répliqua Lalla Fatima

Alors Aïcha commença à pleurer et à raconter sa malheureuse histoire :

"Eh bien, alors, je vais te dire ce secret profond mais ne le révèles à personne. Ça fait huit ans passés que j’aie été enceinte d’un garçon selon la confirmation d’un gynécologue, mais je préférais à l’époque avoir une fille car je n’avais que des garçons. Alors, j’ai contacté cette sage-femme par le biais d’une infirmière. Elle m’a demandé une somme importante contre sa participation à l’échange de mon garçon par une fille. Franchement, j’étais folle à l’époque d’avoir réagi ainsi. Cette fille c’est la petite Loubna qui a maintenant huit ans. Que vais-je dire demain à Dieu lorsqu’il me demande où est ton garçon ?"

Lalla Fatima l’interrompit en pleurant et lui dit :

- Dis lui que le garçon est chez Lalla Fatima, qui est aussi complice dans cette affreuse histoire car elle avait peur de Hadj Abdallah qui a voulu coûte que coûte avoir un garçon.
- Comment Ali, c’est mon fils ? Demanda Aïcha
- Ecoutes, mon amie, ton secret est inutile, tu as ma fille Loubna et j’ai ton fils Ali, répliqua Lalla Fatima
- Que devions-nous faire maintenant ? Riposta Aïcha
- Nous devrons chercher ensemble et discrètement une solution intelligente et valable, répondit Lalla Fatima.

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