mercredi 2 janvier 2008

- Omar Al Khayyâm et la goutte d'eau





Avec la traduction du perse en arabe du poète égyptien Ahmed Rami et la composition du grand musicien égyptien Ryad Es Sanbati, la célèbre chanteuse égyptienne Oum Kaltoum a chanté une chanson qui s’intitulait «Rubayât Al Khayyâm».

Rubayât Al Khayyâm exprimait la pensée spirituelle, la philosophie et les plaisirs de Omar Al Khayyâm.
La chanson comprend soixante vers mais ce qui m’intéresse ce sont les cinquante troisième et cinquante quatrième vers :
« Si la goutte d’eau se détache de sa mer
C’est dans son fond qu’elle prenne fin
»

Pour expliquer ces deux vers dont le poème est traduit à plusieurs langues dont l’arabe, il faut se mettre à la place de celui qui l’a conçu, Omar Al Khayyâm.

Alors qui est Omar Al Khayyâm ?

Omar Al Khayyâm (1050- 1123), mathématicien, physicien, astronome, philosophe, médecin et poète persan, auteur de l'une des œuvres poétiques les plus célèbres au monde, les Robayat.

Né à Nichapour (aujourd'hui en Iran), Omar Al Khayyâm (ou Umar Al Khayyâm) signait ses ouvrages du nom de Omar ibn Ibrahim Al Khayyâmi, ce qui signifie « Omar le fabricant de tentes ».

Astronome de la cour du sultan seldjoukide Jalal al-Din Malik Chah, il participa, avec d'autres scientifiques, à la réforme du calendrier persan, qui aboutit à l'adoption d'une nouvelle ère, l'ère de Seljuk ou jalaléenne.

Al Khayyâm fut aussi un disciple du médecin et philosophe Avicenne. Ses écrits sur l'algèbre, la géométrie et des sujets connexes nous montrent qu'il fut aussi l'un des mathématiciens les plus illustres de son époque.

En Occident, il fut surtout connu pour son œuvre poétique, notamment ses Robayat : environ mille de ces quatrains épigrammatiques lui sont attribués.
Al Khayyâm leur donna une tonalité satirique, pessimiste et épicurienne, tout en conservant un style lyrique.
Le poète et traducteur anglais Edward Fitzgerald fut le premier à révéler à l'Occident l'œuvre poétique de Al Khayyâm, grâce à la traduction qu'il fit, en 1859, d'une centaine de ces quatrains.

Cela n’est qu’un bref aperçu sur cet érudit du moyen âge, alors une chose est sûre c’est que je ne peux pas expliquer sa conception compte tenu de son érudition dont je suis très loin et aussi de son époque qui est passé de presque de dix siècles. Mais je ferai un effort au moins de comprendre la finalité des deux vers cités ci-dessus.

Pour ce faire, je vais travailler sur deux canaux, l’un météorologique basé sur l’observation, l’autre philosophique reposant sur la spiritualité.

Le canal météorologique :

Je vais reprendre les deux vers en question :
« Si la goutte d’eau se détache de sa mer
C’est dans son fond qu’elle prenne fi
n »

La goutte d’eau se détache de sa mer en s’évaporant. Et elle revienne à sa source en ruisselant en surface jusqu’aux rivières, qui vont toutes jusqu’aux océans.
Alors, selon les règles du jeu de la météorologie la transition du détachement au retour à la mer demande quatre étapes.

Etape 1 : Comment s’évapore l’eau de la surface de la mer ?

L’évaporation totale (appelée évapotranspiration) est la somme des évaporations de la mer, du sol, de la végétation, et de la sublimation (transformation de la glace en vapeur d’eau) de la glace des régions polaires. Cette évaporation dépend de la température de l’air, de la vitesse du vent, du type de sol et de la végétation.
L’évaporation est très faible près des pôles, mais elle est beaucoup plus importante près de l’équateur. Le phénomène de l’évaporation est essentiel car il permet à l’eau d’aller vers l’atmosphère pour former les nuages.

Etape 2 : Comment se forment les précipitations?

La vapeur d’eau des nuages se condense dans l’atmosphère pour former les précipitations. Ces précipitations tombent sur les mers et sur la surface terrestre sous différentes formes. Lorsque que les fines gouttelettes d’eau des nuages sont suffisamment grosses, elles tombent : il pleut. Si les nuages rencontrent des courants d’air froid, la vapeur d’eau des nuages se transforme en eau solide : il neige ou il grêle.

La quantité des précipitations varie sur le globe terrestre de quelques millimètres par an dans les déserts (comme le désert du Sahara) à plusieurs mètres près de l’équateur. Cette répartition des précipitations sur la Terre est principalement due aux mouvements des vents qui sont étudiés en météorologie.

Etape 3 : Comment ruisselle l’eau sur la terre ?

L’eau qui ruisselle à la surface de la Terre provient soit des eaux de pluie, soit des eaux de fonte des glaciers. Cette eau ruisselle en surface jusqu’aux rivières, qui vont toutes jusqu’aux océans. Une autre partie de cette eau s’infiltre dans le sol et ruisselle dans les roches de la Terre.

Ce ruissellement dans le sous-sol alimente les nappes d’eau souterraines, appelées nappes phréatiques ou nappes aquifères. Celles-ci jouent un rôle essentiel pour l’homme, puisqu’elles constituent d’énormes réservoirs d’eau potable.

Etape 4 : A quels endroits est stockée l’eau ?

L’eau peut être momentanément stockée dans quatre endroits :
– dans les mers et les océans (97 % de l’eau totale sur Terre), où l’eau est salée ;
– dans le sous-sol, où les eaux sont souterraines (0,06 %) ;
– dans l’atmosphère, où l’eau se trouve sous forme de vapeur d’eau (0,001 %) ;
– dans les calottes polaires (Antarctique, Groenland) et les glaciers, où l’eau est douce et sous forme de glace (2 à 3 %).

Avec cette compréhension météorologique, on peut affirmer que notre homme a expliqué la météorologie en deux vers. Mais là on est sur la compréhension apparente de la goutte d’eau et de son itinéraire cyclique. Alors, j’ai l’impression qu'Omar Al Khayyâm visait aussi un côté caché de la chose, c’est le côté spirituel.

Le canal spirituel :

Je reprends d’abord mes deux vers comme référence :

« Si la goutte d’eau se détache de sa mer
C’est dans son fond qu’elle prenne fin
»

Ensuite, je pars d’une hypothèse qui veut dire « car tu es de la terre tu reviendras à la terre ».
Cette hypothèse est affirmée par les saints livres, la Bible et le Coran d’après mes modestes recherches.

C’est ainsi que la Bible et d’autres textes sacrés, semble-t-il, lient l’origine de l’homme à l’eau et à l’argile. Ainsi dans la Genèse, l’homme est façonné par Dieu à partir d’argile. Même le Coran énonce dans la sourate 23-12:

"Nous avons certes créé l'homme d'un extrait d'argile…. »

En ajoutant à ces affirmations les résultats du développement de l’archéologie qui est la recherche et l’étude scientifique des vestiges humains du passé, des études et expériences faites sur des fossiles ont montré que l’origine de l’os humain est de l’argile. Alors lorsque l’Homme meurt, il ne reste de lui que l’os. Donc cet Homme qui a commencé à partir de l’argile finira par son retour à son origine, l’argile.

Et cette dernière affirmation coïncide avec l’idée spirituelle de Omar Al Khayyâm à travers les deux vers, chaque chose revient à son origine. Il veut par là nous rappeler la mort qui nous attend, nous sommes venus de la terre et notre tombe est sur la terre.

Donc si on boit de l’eau ou on prend une douche ou on se baigne dans la rivière ou dans la mer ou on voit la pluie qui tombe, on doit se rappeler ces deux vers d’ Omar Al Khayyâm car ils reflètent notre origine et ce qui nous attend.

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