jeudi 17 janvier 2008

- Une famille de mon village: 23/30. L'Achoura fêtée au village




C'est vendredi, la majorité des villageois fête l'Achoura. A cette fête se sont marcottées des traditions telles que la visite des cimetières, la distribution des friandises et de nombreuses pratiques à caractère carnavalesque : feux rituels, aspersion d’eau des passants, etc... Cette manifestation revêt une signification spirituelle et sociale indéniable.

C’est aussi un jour de distribution des jouets aux enfants et de bienfaisance envers les pauvres, les démunis et les familles qui en manquent de ressources suffisantes sur le plan socio-économique. Les aisés et les riches aident ces catégories misérables de la population villageoise pour leur créer la joie et la satisfaction absentes depuis des mois.

La veille de ce jour, Hadj Abdallah a remis des sommes importantes d'argent dans des enveloppes aux gens pauvres de sa proche famille. En Islam, cette opération est appelée la zakat. C'est une obligation pour tous les musulmans qui en ont les moyens. En effet, elle est le troisième pilier de l'Islam et en plus c'est un acte visant à purifier les biens légaux que l'on a acquis pendant l'année en cours.

Vers huit heures du matin de ce fameux jour férié, Hadj Abdallah a pris le petit-déjeuner en compagnie de Lalla Fatima et de Youssef. Puis, ce dernier a conduit dans sa voiture les deux parents vers le cimetière où est enterrée Lalla Mina. Cette visite est devenue un fait routinier qui doit être célébré annuellement par la famille pendant cette période d'Achoura.

Une fois, nos trois amis, sont arrivés au cimetière des martyrs, ils rencontrèrent Aïcha et Loubna, qui à leur tour, viennent aussi pour rendre visite au défunt Driss. Après les salutations, tout le monde s'est dirigé d'abord au tombeau de Lalla Mina et ensuite à celui de Driss. Ils ont lu à basse voix quelques versets du Coran et ont prié Dieu pour qu'il reçoive ses morts dans ses vastes paradis parmi les prophètes et les croyants.

Pendant cette cérémonie coutumière, Youssef et Loubna ont profité, presque en cachette, pour ouvrir un dialogue sur la portée de ces rites dans un temps moderne. Ils ont échangé quelques brèves idées mais ils ont fixé un rendez-vous le soir vers dix sept heures pour développer et approfondir leur discussion.

Il est onze heures du matin quand nos visiteurs ont quitté le cimetière, chaque famille en direction de sa résidence. Pendant, le trajet du retour, Hadj Abdallah a ordonné à Lalla Fatima de leur préparer du couscous pour le repas de midi. Cette dernière, lui a suggéré de le préparer pendant la soirée et d'inviter Aïcha et Loubna pour y partager avec eux cette nourriture traditionnelle. Le monsieur n'a pas vu d'objection et a donné son accord en disant que c'est une bonne idée.

Comme il a été convenu, Youssef et Loubna étaient à l'heure fixée auparavant au rendez-vous sur la terrasse de l'Ostréa, restaurant chaleureux manifestant de l'enthousiasme passionnant , aux larges baies vitrées donnant sur la lagune. Par son calme et la qualité de son service, il est devenu d’emblée l'espace le plus préféré des habitants du village, surtout l'emplacement est séduisant. L'action de s'asseoir sur une table et de consommer un jus de fruit frais fait partie des plaisirs qu’il faut s’offrir pendant cette rencontre.

Après avoir pris place sur une table libre en face de la mer bleue, l'un face à l'autre, les deux amis ont commandé des jus de fruits panachés. Automatiquement, ils ont ouvert le débat sur la question de la fête de l'Achoura et sur ses quelques traditions positives ou négatives. Ils ont parlé de tout et de rien dans la plus grande liberté. Dans une bonne ambiance, leur discussion était à la fois amusante et riche en idées.

En fin de compte, ils étaient, tous deux, d'accord sur la célébration de cette fête mais d'un point de vue socio-religieux: l'Achoura doit être perçue comme la fête de partage et de charité, d'assistance des plus démunis et de dons d'habits et de jouets aux enfants. Il est à noter que ces initiatives sociales renforcent les liens sociaux entre les riches et les pauvres et créent un climat d'entente sociale entre les individus appartenant à une même société ce qui génère une impulsion positive du progrès de la société dans sa totalité .

Cependant, on doit éviter d'une part l'acte résiduel de rendre visite à des morts et de les pleurer et d'autre part l'anarchie du lendemain de l'Achoura où des enfants trottent dans les rues pour asperger les passants avec de l'eau appelée "Zem-Zem" et en jetant sur leurs petits amis des oeufs frais, ce qui provoque souvent chez eux des disputes très vives ou d'échanges de mots violents amenant quelquefois à des querelles sanglantes.

Le temps d'entretien a passé si vite sans que nos deux amis se rendent compte. C'est déjà l'approche du crépuscule, le soleil tend à se coucher et la nuit est sur le point de tomber, c'est l'espace de quelques minutes. Toutes les couleurs naturelles viennent lentement saluer ce grand moment de la journée, on dirait qu'elles font de la prière quotidienne. Donc, pour Youssef et Loubna, dont l'apparence donne l'impression qu'ils sont amoureux, il est temps de se quitter et de se dire mutuellement au revoir car ils vont dîner ensemble ce soir à la résidence de la famille Hadj Abdallah. Précisément, c'est ce qui s'est passé.

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