mercredi 17 décembre 2008

- La bataille des grimpeurs d’échelles: 07/30. Une fuite programmée aveuglement


On est au jour "J-1" du départ, l’action des préparatifs a pris fin. La sacoche contenait tout ce qui est utile à un voyage dont la durée est indéterminée. L’aumônière, elle aussi, contenait une petite somme insuffisante d’argent mais quand même elle pourrait couvrir les frais de voyage et quelques minimes dépenses. L’important est que le plan de la fuite est étudié minutieusement en détails par la marâtre d’une manière où l’erreur est exclue.

Le plan consistait à ce que l’enfant contacterait son père à la boutique pour en recevoir l’argent nécessaire à l’inscription au lycée pour la nouvelle année scolaire, au moins pour s’aider à couvrir les dépenses nécessaires au voyage tant attendu. Ensuite l’enfant retournerait au foyer pour plier ses modestes bagages et se dirigerait à la maison de sa grand-mère, il l’appelait ainsi malgré qu’elle est la mère de sa belle-mère, mais quand même elle était une femme adorable et aimable, en plus elle était gentille avec lui. Chez cette veille femme, l’enfant passerait la nuit et le lendemain, c'est-à-dire le jour "J", il devrait quitter la ville, par train, en direction du centre de formation qui est sis à une autre ville, située à une distance de cent kilomètres.

Effectivement l’enfant s’est dirigé à la boutique de son père. Ce dernier, fort malin, demanda à l’un de ses collègues, motorisé, d’accompagner son fils en vue de surveiller son inscription. Mais, au cours du trajet, l’enfant a réussi à convaincre son compagnon pour qu’il l’attende en dehors du lycée et lui laisserait le choix de s’inscrire tout seul, sans surveillance. L’enfant, comme les autres élèves, pénétrerait à l’intérieur du lycée et sur le champ. Sans s’inscrire, il sortirait d’une autre issue secondaire sans être perçu par l’ami de son père qui devrait assurer la surveillance de l’inscription.

Une fois, l’enfant s’est retrouvé en dehors du lycée, il s’est senti libre pour la première fois de sa vie. Ce sentiment de liberté camouflée, lui a fait oublier l'idée qu’il payera cher sa fuite programmée aveuglement en coopération avec sa belle-mère. Celle-ci, avec un esprit visant à éloigner l'enfant le plus tôt possible du foyer, a contribué avec un plan néfaste enterrant un avenir sûr et certain. A vrai dire, il ne faut pas nier qu’à cet instant précis, l’évasion fût lancée et commencerait à prendre de l’ampleur négative. Si on admet que le futur dirait la vérité et ne mentirait pas, il pourrait témoigner que cet acte irresponsable va provoquer, dans un proche futur, de nombreux dégâts psychologiques et socio-économiques chez l’enfant perdu dans une société, régie par un ensemble de règles conçues sans pitié, où la faute n’est pas admise.

Aussi, le lendemain, vers l’aube, l’enfant fût éveillé, disons par souplesse d’esprit, par sa grand-mère qui lui a préparé un petit déjeuner délicieux d’adieu. Ce qu’il n’arrive pas à oublier est que la vieille femme n’a pas cessé, durant ce matin, de lui armer en conseils qui pourraient lui servir comme guide durant sa nouvelle vie qui vient de naître. Après quoi, il l’a salua et lui a promis de lui rendre visite incessamment, une fois qu’il sera stable dans le centre de formation. Il la quitta et il prit le train en destination d’un avenir obscur, mystérieux et sûrement non assuré.

vendredi 28 novembre 2008

- La bataille des grimpeurs d’échelles: 06/30. La voie du vrai avenir ciblé



Après avoir visité la boutique de son père où, le matin, il s’est entretenu avec lui, sur la question de son départ, l’enfant regagna le foyer, tout étourdi, pour rendre compte à sa belle-mère en vue de l’orienter vers le bon chemin. Après l’avoir écoutée et être informée de tous les détails de la rencontre, cette dernière lui a suggéré de rejoindre le centre de formation en génie civil, quel que soit le prix, en lui affirmant qu’elle est la bonne solution adéquate qu’il ne faut pas perdre de vue. Elle a ajouté qu’elle prête à financer une partie de l’opération de son départ du ménage de la famille s’il décide à partir.

En essayant de le convaincre à quitter le foyer, elle lui a expliqué que malgré les promesses de son père qui n’ont ni fond solide ni plateforme de soutenance durable, sa vie ne sera pas en roses, elle va être catastrophique. En ajoutant que le comportement actuel du père n’est que provisoire et passager. Une fois l’année scolaire commencera, cet homme va montrer sa méchanceté et va l’humilier et il pourra même le chasser de la maison. De cette manière, l’enfant va se trouver privé de ressources, de domicile et peu à peu marginalisé par la faim, le chômage, la misère et finira par être un clochard. Donc il vaut mieux d’en profiter de cette occasion d’or qui s’est présentée à lui et qui ne se renouvellera jamais.

En analysant les conseils de sa marâtre, l’enfant trouva une marge réelle de vérité dans la thèse qu’elle vienne d’avancer puisqu’il y a une forte corrélation entre la réalité invivable et ce qu’il en pense de son avenir. Il veut changer le système de sa vie actuelle, il cherche la liberté, la paix et il souhaite mener une vie stable. En tout cas, ses orientations sont logiques, ce qui l’encouragea à opter pour s’évader de la maison paternelle le plus tôt possible. Mais puisqu’il ne reste pour la date de la rentrée à l’école professionnelle que cinq jours, il est temps de consulter quelques amis voisins et collègues lycéens. Il a consulté trois amis et tous lui ont demandé d’être rationnel et responsable de ses actes en lui suggérant l’idée de s’évader du foyer tout en lui assurant qu’ils comprennent bien son cas.

Ce qui est surprenant est que les avis et conseils de la marâtre et de ses amis se concordent d'une manière très étroite. Il y a une unanimité, disons, quasi-totale sur son choix dont l’objectif est de rejoindre le centre de formation au détriment de renoncer à ses études de mathématiques au lycée. Donc l’enfant est appelé à déployer tous ses efforts en vue de commencer ses préparatifs pour un malheureux long voyage regrettable au bout des années qui vont se succéder.

Au fil des jours, ces derniers, vont lui montrer concrètement le vrai sens approfondi de l’humiliation au sein d’une administration caractérisée par l’anarchie sous plusieurs angles. L’enfant a perdu un avenir sûr et confortable, il va être confronté à de nombreux problèmes auxquels il va faire face. Il n’oubliera jamais qu’il avait la possibilité de pouvoir les éviter s’il aurait pu respecter les clauses du marché conclu entre son père et lui. Mais l’inexpérience est victorieuse dans ces circonstances de la vie d’un adolescent inexpert, il manque d’habileté et de savoir-faire. A l’âge de seize ans, il n’a pas de vision claire sur la vie et aujourd’hui il regrette de n’avoir pas consulté des gens mûrs qui auraient pu, à ce moment lointain, le guider vers le bon chemin menant à un avenir aisé.

A vrai dire, la voie du vrai avenir ciblé tourne autour de cet amalgame de composantes toutes réunies : la forte santé saine, la belle personne séduisante, la spécialité pointue, la culture générale éclairée, la stabilité continue et l’argent largement suffisant, en un mot le vrai bonheur durable et continu.

lundi 24 novembre 2008

- La bataille des grimpeurs d’échelles: 05/30. Discussion père-fils



Après avoir longuement réfléchi à l'action qu'il doit mener, l'enfant se dirigea à la boutique de son père en vue de créer un climat régné par une discussion père-fils, elle prendra la forme d'un échange de points de vue franc, clair et responsable.

Pendant le trajet, il rencontra un collègue du lycée, un brillant élève. Il lui raconta toute l'histoire, ce dernier le conseilla à regagner l'école de formation professionnelle en lui attestant qu'un technicien est celui qui commande l'ingénieur, il est son chef hiérarchique. A vrai dire ce collègue, l'a trompé, il n'a aucune notion ni sur le technicien ni sur l'ingénieur. Ayant entendu cette attestation, l'enfant s'est encouragé pour rejoindre l'établissement technique et professionnel.

Une fois arrivé devant la boutique, le père a été fortement surpris de voir en face de lui son fils qui ne lui a pas adressé la parole depuis presque trois mois successifs mais il l'accueilla froidement. L’enfant s’adressa, avec tout son courage, à son père et lui dit :
- Bonjour papa !
- Je t’avais auparavant ordonné de quitter le foyer, tu ne m’intéresses plus suite à ton échec cette année à tes cours de classe, riposta le père avec un ton à la fois agressif et sévère.
- Ecoutes mon père, ton ordre est strictement respecté, je viens justement te voir pour te dire adieu, je vais vous quitter tous, dit l’enfant avec un sang froid jamais utilisé.
- Bon ! Quelle est ta destination ? Questionna le père avec un air très préoccupé.
- Bref, je vais te raconter tout. Il faut que tu saches que j’ai réussi un concours et je suis admis à poursuivre une formation professionnelle en matière de génie civil à la capitale du pays. Le régime de l’établissement où je vais poursuivre mes cours de formation est interne, je serai logé et nourri durant la phase scolaire qui est programmée pour neuf mois. Après cette durée, je serai affecté à l’une des villes du pays pour avoir un poste de travail, expliqua l’enfant d’un ton sérieux

A cette explication inattendue, le père baissa la tête et perdit la grimace et tout en souriant s’adressa à son fils :
- Très bien, du mathématicien tu as opté pour te transformer en maçon ou en manœuvre de chantiers, je ne suis pas d’accord pour ton choix.
- Mon choix est basé sur des perspectives dont l’objectif vise à t’aider matériellement compte tenu du pouvoir d’achat de la famille qui, dernièrement, s’est détérioré, riposta l’enfant.
- Ecoutes mon enfant, je ne veux pas entendre cette fosse thèse. Il faut que tu saches que tant je suis en vie, je n’ai pas besoin de ton aide. Louange à Dieu, je mène une vie stable et équilibré et matériellement j’ai de quoi supporter les charges d’un foyer, objecta le père en invitant son fils à ne plus discuter avec lui de ces choses.

Puis le débat s’est prolongé entre les deux individus. Ils ont invoqué leur malentendu, ses origines et les solutions convenables qui s’adaptent à la création d’un nouveau système de relation familiale liant le père et le fils. Cet entretien s’est clôturé par un accord commun à la suite duquel l’enfant renoncera à son départ du foyer et s’engagera sérieusement à rejoindre ses cours du lycée. De sa part, le père s’est engagé à être plus affectif avec son enfant moralement et matériellement puis il lui a promis de lui acheter des habits neufs qui correspondront à son niveau scolaire.

Ce fameux marché a été conclu en présence d’un ami du père, un commerçant, qui s’est chargé d’accompagner l’enfant en vue de contrôler son inscription au lycée pendant ce début de l’année scolaire. Après quoi, l’enfant a quitté les lieux, en direction du foyer, tout en emportant avec lui deux pantalons neufs que le père vient de lui acheter, comme signe d’affection et pour l’encourager à ne pas quitter ledit foyer.

samedi 22 novembre 2008

- La bataille des grimpeurs d’échelles: 04/30. Changement dans les habitudes et dans les rôles



Le lendemain, l’enfant s’est levé de bonne heure, vers six heures et demie du matin, il en a l’habitude. N’est-il pas lui qui prépare quotidiennement le petit déjeuner pour tous les membres de sa famille tout en partant à l’école avec un ventre vide? Depuis son bas âge, sa marâtre l’a habitué à accomplir cette tâche féminine par force malgré que la société, à laquelle il appartient, soit masculine. Elle l’a pris régulièrement pour une petite bonne de ménage et son père était au courant de tout ce qui se passe mais il n’ose rien dire. On ne sait pas, son silence est-ce par faiblesse ? Ou bien derrière ce comportement, il y a une tactique cachée et voulue dont les résultats sont bénéfiques pour l’enfant.

Après avoir fait sa toilette, l’enfant a pris son petit déjeuner en compagnie de sa belle-mère. Ils étaient seuls, tête à tête. Son père est dans sa boutique depuis l’aube, ses deux mi-frères et deux mi-sœurs font la grasse matinée. Mais, ce jour là, notre ami est devenu une personnalité très importante aux yeux de la marâtre puisque, ce matin, elle s'est chargée, toute seule, de la préparation du petit déjeuner. Oh ! Quel changement dans les habitudes et dans les rôles: l'enfant bonne est devenue un hôte bien respectée (changement d'habitude) et la feme a joué le rôle que devrait jouer normalement l'enfant (changement de rôle). D'autre part, les deux étaient très contents. L’enfant est très satisfait car, bientôt, il va avoir sa liberté tant souhaitée et va connaître un nouveau mode de vie, écarté de tout dérangement. Par contre la femme est joyeuse parce qu'elle va avoir de la paix en se débarrassant d’un être nuisible qui lui a fait beaucoup de peine et dont la mère est l’ex-femme de son présent mari. L’enfant représente pour elle un passé sombre qu’elle va oublier dès son départ à son nouveau monde.

A vrai dire, ce matin le petit déjeuner était riche et équilibré gastronomiquement, Il contenait, pour chaque personne, un bol de muesli croustillant (pépites d’avoine et de blé avec des fruits secs) avec du lait froid, une compote de poire, une pomme et un coing saupoudré de cassonade, du yaourt aux fruits et enfin du thé au jasmin sucré. On dirait que c’est un festin qui est servi lors d’une fête religieuse. Oui, c’est une fête pour la marâtre qui a commencé à employer toutes les méthodes susceptibles d’encourager l’enfant à quitter le foyer. Ce qui la blesse c’est que cet enfant est mieux scolarisé que ses propres enfants. Il poursuit ses études brillamment dans une classe de mathématiques et le sort scolaire desdits propres enfants est voué d’office à l’échec car ils étaient faibles et n’ont pas tout ensemble de solide base scolaire.

Une fois, les festivités du petit déjeuné sont closes, les instructions, sous forme de conseils, ont été données à l’enfant par sa marâtre :

- Mon cher enfant, maintenant, tu dois aller voir ton père à sa boutique, tu fais semblant qu’il n’y avait pas de problèmes entre vous, tu dois lui sourire et tu vas lui faire comprendre que bientôt tu vas rejoindre l’école de formation professionnelle en génie civil en lui expliquant que ton choix vise à l’aider matériellement lorsque tu seras en pleine activité de travail. Je connais très bien ton père, lorsqu’il sera convaincu, il ne ménagera aucun effort pour t’aider dans ta mission. Allez, sois, à la fois, courageux et prudent, car toute erreur risque de mettre ton projet en déboires et ainsi tu perdras un avenir qui, d'après ma vision, est déjà assuré.

A ces paroles et orientations inutiles, l’enfant demeure perplexe, il ne sait quoi faire. Tout ce qu’il sait, est qu’il est en présence d’une vipère venimeuse qui n’a jamais œuvré pour son intérêt ou cherché son bien. N’est-elle pas elle qui a, souvent, éteint la lumière pendant la nuit pour stopper ses révisions nocturnes en vue de saboter sa carrière scolaire. Mais, pour le moment, il comprend que son vif intérêt l’oblige à l’écouter et à faire semblant de l’aimer malgré qu’il l’a toujours détesté.

mercredi 19 novembre 2008

- La bataille des grimpeurs d’échelles: 03/30. Les livres, un capital intellectuel



Après, ce bref entretien avec sa marâtre, l’enfant la remercia de nouveau et lui rassura qu’il compte énormément sur son assistance, surtout en ce moment difficile qui demande pas mal d'argent nécessaire pour le voyage et pour l'achat de quelques habits modestes. Puis, en dépit, qu’il fut malade, quitta le foyer paternel en vue de rencontrer son unique ami, qu’il appelle l’ami de la misère puisque ce dernier mène aussi une vie maudite avec une belle-mère suite au décès de sa mère.

Les deux amis se rencontrèrent, et le premier annonça la nouvelle au second :
- Devines ce que je vais te dire ?
- Tu vas me dire quoi ? Questionna le second avec un ton curieux,
- J’ai réussi au concours d’entrée à l’Ecole Professionnelle de Génie Civil ! La rentrée sera la semaine prochaine et je t’ai contacté pour te dire au revoir, rétorqua le premier en souriant,
- Mes félicitations ! Et bonne réussite, répondit le second en l’étreignant,
- Merci mon ami, répliqua le premier,
- Bravo ! D’ailleurs c’est le seul concours à lequel tu t’es présenté au mois de juillet, confirma le second en signe de lui prouver qu’il suit méticuleusement de près les soucis de son ami,
- Ecoutes mon ami, je vais te demander une chose, elle est pour moi très importante, dit le premier,
- Oui, je t’écoute, rétorqua le second,
- Avant de partir, je vais te confier un certain nombre de mes livres, ils représentent, pour moi, un capital intellectuel très important, tu vas les garder chez toi, jusqu’à mon retour, et tu me les remettras dans leur intégralité, demanda le premier,
- Mon ami, comptes beaucoup sur moi, tes livres seront gardés, chez moi, sains et saufs, jusqu’à ton retour, assura le second,

Puis, les deux amis se sont salués en s’embrassant et se quittèrent.

L’enfant liait une amitié sincère avec ces livres. Pendant ses moments de loisir et ses heures d’oisiveté, il les lit et les relit savoureusement. C’est grâce à eux qu’il a forgé une connaissance qui tend à être approfondie dans le monde de l’intellectualisme. En général, ces livres sont destinés à une lecture séquentielle ou aussi affectés à un usage de référence. Ils étaient au nombre de quarante, ils constituèrent en plus des dictionnaires et des romans en arabe et en français, des livres des cours de mathématiques, de physique, de dessin industriel, d’anglais……

Cependant, il y a lieu d’affirmer que pendant cette époque là, la culture générale ne se limite pas seulement aux cours officiels programmés pour les classes. Ainsi, la lecture chez les jeunes lycéens, était axée sur la littérature arabe égyptienne et en particulier sur celle des écrivains de la période après-renaissance arabe tels que Ahmed Chawqi, Hafid Ibrahim, Taha Houssein, Mahmoud Abbès Al Aqad, Mustapha Lotfi Al Manfalouti, Salama Moussa, Naguib Mahfouz, Youssef Sbaî, Ihssane AbdelQadousse et autres.

Par contre, la lecture française s’est articulée sur la littérature française du XIXe siècle, à savoir le romantisme, le réalisme, le naturalisme ou le symbolisme, particulièrement dans le domaine de la poésie (avec Alphonse de Lamartine, Alfred Comte de Vigny, Alfred de Musset, Victor Hugo, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Etienne dit Stéphane Mallarmé...), comme dans le domaine du roman, (avec Henri Beyle dit Stendhal, Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Victor Hugo, Gustave Flaubert, Emile Zola, Guy de Mauppassant, Jules Verne...) et dans une moindre mesure au théâtre avec le drame romantique et ses épigones (avec Alfred de Musset, Victor Hugo, Edmond Rostand...).

jeudi 13 novembre 2008

- La bataille des grimpeurs d’échelles: 02/30. Le grand dérapage





L’enfant a remonté les escaliers avec l’enveloppe à la main en se dirigeant à la chambre partagée avec ses demi-frères. A son retour, il a rencontré sa marâtre qui ne lui a pas adressé la parole plus de deux mois. Fixant le regard vers lui, la femme l’arrêta et lui dit:

- Tu viens de recevoir une lettre, de quoi s’agit-t-il?
- C’est une lettre émanant d’un centre de formation professionnelle, sis à une autre ville, qui va se charger de m’assurer du boulot en tant que technicien en génie civil, donc dans une semaine je vais vous quitter définitivement et pour toujours, répondit-il.

A ses paroles, l’enfant fut fortement surpris de voir sa marâtre se sauter sur lui, l’embrasser et le mettre entre ses bras, contre sa poitrine en lui disant:

- Ne dis pas ça, tu nous ne quitteras pas, seulement je pourrai te dire que Dieu est grand, Il t’a ouvert la porte de la pitié et t’a évité les malentendus avec ton père. Moi, je ne te mens pas si je te dirai que je t’ai toujours considéré comme l’un de mes fils et tu le seras à l’éternité.

Par souplesse, l’enfant remercia la femme et l’a rassura que, pour lui, elle représente sa vraie mère. Sa mère, qui est encore en vie, l’a complètement oublié du fait du divorce conclue entre elle et son père lorsqu’il avait l’âge de deux ans.

La marâtre était d’une malice assez profonde. Souvent, les amis de son père, n’ont pas cessé de lui chuchoter dans l’oreille que c’est elle qui a joué un grand rôle, à la suite de la mort de son premier mari, dans la concrétisation du divorce de sa mère et de son remariage avec son père. En tout cas, malgré sa méchanceté occasionnelle et non durable, elle a participé directement à son éducation et était pour lui plus affective que sa propre mère.

En ce moment historique et déterminant de l’avenir de l’enfant, la marâtre a commencé par l’orienter par une série de conseils visant à le faire évader du foyer paternel. Le pauvre, compte tenu de son inexpérience, ne savait pas qu’il va renoncer à poursuivre ses cours de classe de sciences mathématiques. C’est le suicide d’un avenir sûr qu’il est en train de commettre sans se rendre compte. C’est le grand dérapage de sa vie entière.

Elle l’a conseillé de ne rien dire à son père au sujet de la question de son admission à l’école de formation professionnelle car ce dernier ne le laissera jamais partir, vu qu’il est encore mineur. Puis, elle a ajouté :- Tu dois te munir de toute ton intelligence, accompagnée de ta patience, en vue de t’approcher de ton père pour qu’il mette à ta disposition l’argent nécessaire aux frais de ton habillement et de ton voyage à la ville où tu poursuivras ton stage de technicien. Et compte beaucoup sur moi, je vais t’aider matériellement et moralement pour te faciliter la tâche de te sauver de la maison.

mercredi 12 novembre 2008

- La bataille des grimpeurs d’échelles: 01/30. De la maladie à la guérison



On est à la fin du mois de septembre, c’était le début de l’automne. Notre ami, d’une taille d’un mètre soixante douze, pesait à peine cinquante six kilogrammes, était un chétif adolescent. Il est moins robuste que ses amis, voisins du quartier où il réside ou ses collègues du lycée où il poursuit ses cours de classe de sciences mathématiques. Malgré qu’il ait un âge ne dépassant pas les seize ans, ses problèmes, au fil des jours, s’accentuent exponentiellement avec sa famille et en particulier ses rapports avec son père, qui était auparavant son unique soutien, se détériorent d'une manière catastrophique.

Ce matin, il est cloué au lit suite à des maux de têtes avec un léger tremblement de tout le corps, accompagné d'une sensation de froid et de malaise physique. Sa gorge est irritée, il est victime d’une angine puisqu’il en sentait une inflammation aiguë, d’une déglutition douloureuse et difficile, il n’arrive même pas à avaler l’eau. Le grand malheur, c’est qu’il n’a pas d’argent de poche pour faire face à cette subite maladie soit en consultant un médecin ou soit en s’adressant à une pharmacie pour se procurer les médicaments de première nécessité.

Disons, que dans cet état critique de santé, l’enfant s’allongeait sur son lit à la recherche d’une guérison probable ou introuvable. Mais quelques coups de poing, frappés à la porte principale de la maison paternelle, annoncèrent l’arrivée du facteur qui criait, à haute voix, "c’est le facteur ! ". L’enfant, qui était au premier étage, a descendu les escaliers lentement pour voir sur la terrasse du rez-de-chaussée une enveloppe jetée par le facteur qui vient de quitter les lieux.

Cette lettre, lui a été adressée par une école qui l’invitait à la rejoindre d’urgence pour poursuivre une formation professionnelle de neuf mois consécutifs en vue de subir un stage réservé à de futurs techniciens en matière de génie civil. Ah oui, il se rappelle, qu’en juillet dernier, il a passé un examen d’entrée à cette école où plusieurs épreuves ont été destinées à évaluer les connaissances et les aptitudes des candidats qui se sont présentés à ce concours.

Ladite lettre lui a fait oublié sa maladie et la fait guérir sans avoir recours à un médicament bien déterminé par un médecin confirmé. C’était pour lui l’équivalent d’un médicament psychologique pour le traitement de l’angine. Pour lui, cette lettre est le commencement d’une nouvelle ère de vie pleine de roses et d’horizons positifs. C’est fini la vie perturbée par les engueulements successifs d’un père sans pitié, par l’emmerdement, sans motif, d’une marâtre favorisant ses propres enfants à lui et par la présence inutile des demi-frères et demi-soeurs nuisibles. En un mot, c’est à la fois, la fin de la soumission paternelle et aussi l’entrée à la vie active par sa grande porte, c’est la guérison dans tous ses sens.

mardi 28 octobre 2008

- La bataille des grimpeurs d’échelles. Introduction




"La bataille des grimpeurs d’échelles" est l’histoire de plus de quarante deux ans de service à l’administration publique dans son aspect technique. C’est un récit visant à raconter conjointement des événements réels et imaginaires. C’est l’histoire d’un enfant qui bientôt sera dans la tranche du troisième âge. Cet enfant a été expulsé de sa famille à l’âge de seize ans et mis par force en dehors du ménage paternel. Vous allez me dire pourquoi ? Je vais vous répondre simplement, il a été délogé à un bas âge parce qu’il n’a pas de mère à côté de lui qui peut le protéger, sa mère est divorcée à sa naissance et l’a complètement oublié, malgré que c’est son unique enfant. Heureusement, suite à son succès à un concours de formation professionnelle, il a trouvé refuge dans un internat d’une école située hors de sa ville natale.

En rejoignant cette école, ses malheurs s’accumulent plus de quarante deux ans, ils se poursuivent sans arrêt. Ils accompagnent les malheurs d’une pauvre administration publique, qui à son tour, bourrée de problèmes, s’est rétrogradée durant cette longue période. Au début, elle a été dirigée par des érudits, aujourd’hui, elle est gérée par des parachutés politiquement, dont la formation est loin d’être crédible et qui ne cessent de participer à sa décadence. C’est une administration qui souffre d’une maladie chronique qui n’a pas d’horizon de guérison, même à long terme. C’est une administration qui ne travaille qu’avec des modèles importés qui sont distants du particularisme du pays et qui en sont incohérents avec ses traditions et son histoire. Ces nouveaux dirigeants, issus des divers partis politiques, créent un climat de concurrence de la ruée vers l’anarchie qui génère et facilite la mise en scène de la bataille des grimpeurs d’échelles.

Il n’y a qu’une et une seule méthode pour être un bon guerrier ou plutôt un mercenaire confirmé dans la bataille des grimpeurs d’échelles. Cette méthode consiste à être un bon technicien, un acrobate dans le cirque des rapports du clientélisme. Cette arme ne pourrait être maîtrisée que par le biais des alliances familiales, des appartenances syndicales ou politiques. C’est ainsi que notre avenir est assuré avec une stabilité administrative durable tout en garantissant notre dynamique sur le plan des avantages qui seront acquises sans problèmes ou obstacles.

C’est dans ce sens général, qu’on va poursuivre l’histoire d’une administration publique qui se croit moderne et innovatrice, mais elle n’est moderne que dans l’architecture de ses bâtiments et non dans ses missions, et elle n'est innovatrice que dans l'ameublement des bureaux de ses hautes instances et non pas dans la motivation de ses ressources humaines et en particulier les agents subalternes, ceux qui constituent sa base. Cette incapacité de réaliser un minimum de rationalisation va affaiblir l’Etat dans toutes ses composantes. La bataille des grimpeurs d’échelles va participer directement à rendre fort les faibles et à affaiblir les forts ou plutôt à contrarier la règle : "la personne convenable à la place convenable".

mercredi 22 octobre 2008

- La pause et l’horaire continu




Sans notre consentement, dernièrement, il n’y a pas longtemps, notre administration publique, en suivant le modèle européen dans ses aspects négatifs, a opté, par mesure d’innovation, pour instaurer un système d’horaire continu, de huit heures par jour ouvrable de travail.

Dans ce sens, un chef hiérarchique, bien placé en haut de l’échelle administrative et qui se prend pour un intello sûrement éclairé, n’a pas cessé de répéter dans toutes les circonstances et occasions que l’horaire continu est une conception moderne et rationnelle de la gestion du temps, un moyen et un accompagnement du programme de réforme de l’administration et enfin un choix logique pour renforcer la politique d’ouverture et de modernisation du pays.

Bref, pour être rationnel et juste dans nos jugements, ce choix a ses avantages comme il a ses inconvénients que ce soit pour ladite administration ou que ce soit aussi pour ses fonctionnaires. Pour moi, possédant une ancienneté bien expérimentée, comme disent souvent, avec complaisance, mes collègues de travail pour me faire plaisir, je remarque à travers cette nouvelle donne que la journée est devenue longue, même très longue et sa durée, en plus qu’elle est fatigante, elle est aussi insupportable, mais ce qui est supportable et acceptable c’est la pause. Alors qu’est-ce que c’est la pause ?

Si les dictionnaires la définissent comme une période d'interruption de l'activité en cours ou temps d’arrêt d’attente ou de calme provisoire, la pause est, par excellence, pour l’ensemble de la population active, l’occasion de se détacher de sa lourde tâche quotidienne. En plus, c’est le moment idéal de prendre tranquillement, en absence de sa famille, son modeste déjeuner en compagnie de ses collègues, concurrents et adversaires.

Malgré que la fameuse note administrative, visant à la rendre courte en la limitant en une demie heure, la pause est devenue intéressante, la plupart des fonctionnaires ont réussi progressivement à allonger sa durée jusqu’à deux heures consécutives, ce qui est devenu par la suite un droit acquis dont aucun chef hiérarchique n’en oserait dresser la situation ou en faire la remarque à ses subordonnés. Donc, la longévité de la pause est devenue un dérapage incontrôlé et excessif. La durée de deux heures imposée, en particulier, par les ténors de l’absentéisme, n’est pas tolérée par les hautes instances qui voient que ce comportement va à l’encontre des décisions prises auparavant par leurs soins.

Comme tout le monde, la durée de cette longue pause m’est devenue, au fil des jours, une règle que je doive respecter et lutter pour en conserver le fruit de ses avantages.

Pour vous mettre dans le bain, je vais vous présenter l’un des aspects de cette pause, créée par l’application de la philosophie de l’horaire continu.

J’étais en pleine concentration sur un sujet important et urgent de travail lorsque midi sonna, franchement je n’ai pas fait attention à cette heure si ce n’est pas l’arrivée à mon bureau de deux de mes collègues qui m’avisent que c’est le moment de la pause et il est temps de quitter les lieux pour manger un plat délicieux et se détendre avec un café noir bien chaud pendant deux heurs successives.

Faute de l'absence d'un réfectoire relevant de l'administration, nous quittâmes, les trois, le siège de notre service en direction d’une petite boutique à l’ancienne Médina dont la spécialité est la grillade des sardines. Elle est distante de trois kms du lieu de notre travail. C'est un petit restaurant traditionnel dirigé par un nommé Mohammad Echchalh, d’originaire de la région de Souss du Sud Marocain.

A vrai dire, notre traiteur en matière de sardines, malgré qu’il soit dingo, sa gastronomie maritime est caractérisée par la propreté de la marchandise, la fraîcheur du produit offert et surtout par le bon prix qui est la portée même des gens souffrant de la détérioration du pouvoir d’achat.

Pendant notre trajet, il est inévitable de ne pas remarquer la marche de la grande foule des piétons vers les restaurants, les cafétérias, les épiceries, les snack-bars. Tous ces lieux sont quasi-pleins. Quant aux gens motorisés, ils constituent à eux seuls un embouteillage difficile à évacuer.

Après, vingt minutes de marche rapide, nous voilà chez notre ami le grand spécialiste de la sardine, devant son étroite boutique qui est située au coin d’une impasse ruelle.

L’un de ses apprentis nettoie les sardines avec de l’eau coulante d’un robinet et coupent leurs têtes avec un vieux couteau de poche anglais marqué « RAF ». Par contre un autre apprenti, à son tour, de la même manière lave les tomates et les coupe en morceaux. Le reste de la préparation de la recette est assuré par notre ami le dingo.

Lorsque notre tour fût arrivé, en souriant, Mohammad Echchalh nous a servi, en plus du pain, un bon plat de sardines grillées bien chaudes, parsemées de basilic et arrosées d’huile d’olives pimentée. Nous avons mangé excessivement avec gourmandise vu que l’offre gastronomique est délicieuse,

Il était quatorze heures, lorsque nous avons regagné nos bureaux pour assurer le bon fonctionnement de nos tâches routinières. Ce qui est remarquable c’est que notre chef hiérarchique n’est pas encore rentré. Je crois que sa pause dépassera la durée de deux heures.

lundi 4 février 2008

- Une famille de mon village: Conclusion




Après l'écriture et la lecture de cette histoire sociale, "une famille de mon village" que je vienne d'exposer en une introduction, trente épisodes et la présente conclusion, je tiens toujours à dire qu'elle est de la pure imagination. Toute ressemblance avec des faits réels ou des personnes aussi réelles n'est que de la fiction, de l'invention irréelle et de la coïncidence fortuite des circonstances.

Le principal, est-il légitime de poser la question suivante:

- Sommes-nous parvenus à notre objectif, qui a tenu au début, à illustrer un modèle de changement social à travers la vie quotidienne d'une famille traditionnelle dont sa dernière génération a pu atteindre la modernité avec ses innovations positives?

Essayons au moins de voir, à travers les trente épisodes exposés, la présence des facteurs et conditions du changement social, déjà cités à l'introduction.

Disons, que la population du village a connu une expansion démographique due à l'immigration interne de campagnards qui fuient la pauvreté ou de grands commerçants éveillés par la recherche du capital. En plus, le développement du secteur médical au sein du village par ces médecins et ses cliniques a favorisé cette explosion démographique en diminuant la mortalité et en augmentant le facteur de la fécondité.

En plus, le site du village a été très favorable à l'apparition d'une forte infrastructure économique, touristique et industrielle.

D'ailleurs, en ce qui concerne le secteur touristique, plusieurs projets ont vu le jour. On a construit et inauguré des complexes touristiques, de grands hôtels, des motels, des restaurants et autres constructions à des fins touristiques. La tâche de chaque entité a été concrétisée par l'offre aux touristes, internes ou étrangers, des services de haute qualité.

Sur le plan industriel, il y a l'implantation au village d'une industrie de transformation dont l'usine de textile de Hadj Abdallah n'est qu'un exemple. Ces moyens de production ont attiré une main-d'oeuvre importante spécialisée qui a été aussi soumise indirectement à ce changement social.

Avec cet amalgame socio-économique, les valeurs culturelles de la population villageoise ont changé aussi. Les gens commencent a délaissé certains rites, hérités des ancêtres, pendant les fêtes. De même, le modèle de valeurs culturelles importées de l'Occident a été attrayant et a eu son effet sur les villageois.

D'autre part, n'oublions pas que le politique a joué son rôle aussi et a réussi à propager au public villageois ses idéologies. C'est ainsi que des associations de personnes se sont constituées en vue de création d'actions politiques, ce qui a généré l'instauration de sections relevant de grands partis politique

Comme, le village a connu des conflits et aussi des contradictions engendrés par l'apparition de dérapages sous forme de déviations écartant de ce qui est normal et habituel vers ce qui est exclu par la société, de dualités entre le traditionnel et le moderne, de crimes dont le modèle est nouveau et de spéculation sur tout ce qui est commercial.

Enfin, pourrions-nous conclure en affirmant que le changement social a transformé la famille traditionnelle et étendue du village imaginé en une drôle de famille nucléaire qui n'a aucun lien avec la modernité. Car ce concept de modernité, qui est est à la fois philosophique et sociologique, est avant tout le projet d’imposer la raison comme norme transcendantale à la société.

- Une famille de mon village: 30/30. Mariage de Youssef et Loubna

En apprenant l'assassinat de Hadj Abdallah, toute la population villageoise est triste. Les gens du village, famille, amis, autorités locales et autres, disent que le défunt était un grand bienfaiteur, il était très généreux. Tout le monde l'aimait. C'est une grande perte qui ne sera jamais récompensée, non pas seulement pour les villageois mais aussi pour l'avenir du village où l'activité touristique s'est réduite avec le terrorisme.

Toute la famille Hadj Abdallah est en deuil. Elle vient d'être bouleversée par la perte d'un être cher. Elle passe successivement par trois phases : choc, dépression et adaptation. Elle n'a pas cru la nouvelle de l'assassinat.

A l'annonce de ce décès, Lalla Fatima a été l'objet de paroles étouffées et de surgissement de cris de douleur et n'a cessé de pleurer en compagnie d'autres femmes. Puis, elle a traversé une phase de déni de la nouvelle, un refus absolu d'y croire. Des troubles affectifs se manifestent également chez elle, avec une perte de l'attention et de la concentration. En tant que croyante, elle n'a pas cessé de prier pour celui qu'elle a tant aimé.

Par contre, les autres membres de la famille étaient occupés par la préparation avec soin de la cérémonie religieuse permettant d'entamer le travail de deuil. Ils ont installé de grandes tentes dans le jardin de la villa pour y accueillir les gens qui présentent les condoléances. Ils ont chargé un traiteur pour faire nourrir ceux qui témoignent de regrets et de sympathie devant cette grande douleur. De même la famille a décidé de fermer pendant trois jours l'usine de textile et les boutiques de tissus.

Deux jours après l'assassinat du défunt, les autorités locales ont délivré à la famille Hadj Abdallah le cadavre renfermé dans une grande caisse en bois. Le docteur du village a averti la famille que la toilette du défunt s'est déjà faite avec grande pudeur.

Avant le coucher du soleil, la famille a procédé à son inhumation au cimetière des martyrs du village. Le cortège comprenait une centaine de personnes. En plus des membres de la famille, ont participé à cette cérémonie ses amis, les autorités locales, des membres de son parti politique, des parlementaires et d'autres personnes inconnues.

L'enterrement a été présidé par le responsable de la mosquée centrale du village, appelé par les croyants musulmans l'imam et les proches de la famille. Tout le monde récite le Coran. Enfin le cadavre est enterré de telle manière que son regard porte vers La Mecque.

Trois jours après l'enterrement, tout le monde s'en va, il ne reste dans la villa que Lalla Fatima, Loubna, Youssef et Aïcha, l'amie de la vie. Les quatre ont décidé de vivre ensemble leur reste de vie, ils ont juré de ne jamais se séparer. Loubna et Youssef commencèrent à appeler les deux mémères "maman", on dirait qu'ils sont des jumeaux, nés d'un même accouchement, mais ils sont autorisés à s'aimer.

Cent jours se sont écoulés depuis la mort de Hadj Abdallah. Ses membres héritiers de sa famille ont partagé à l'amiable et selon la loi musulmane l'ensemble de l'héritage. En s'associant, Loubna et sa mère Lalla Fatima ont eu la part du lion, ils ont hérité l'usine.

Pendant l'été de cette année, un mariage symbolique a uni les deux amoureux Youssef et Loubna. La famille n'a pas voulu célébrer un grand mariage par tristesse à cause de ce qui s'est passé au printemps. Elle n'a invité, à cette cérémonie, que les proches parents.

- Une famille de mon village: 29/30. Hadj Abdallah assassiné


Immédiatement après quelques minutes de cet attentat-suicide, une commission d’enquête, conduite par un représentant du ministère de l'intérieur, a été mise sur pied pour devoir enquêter sur l’attentat et recueillir les détails de ce fait terroriste.

D'abord, elle est allée visiter le théâtre des opérations, où les membres de la commission ont décelé des indicateurs pertinents pouvant clarifier les résultats de l'enquête et permettant d'obtenir une vue d'ensemble de la situation.

Ensuite, elle a procédé à une cinquantaine d’entrevues avec des personnes soient blessées, suspectes ou étaient sur les lieux du drame au moment du déclenchement de l'opération meurtrière.

Il est à noter que lors de ce jour, le porte-parole du ministère de l'intérieur a déclaré que la police du pays a arrêté un jeune homme barbu soupçonné d'avoir fait partie de ce complot qui visait à tuer le maximum de citoyens innocents. Ce kamikaze, âgé de 22 ans, a expliqué qu'il est membre d'un groupe de cinq porteurs de bombes chargés de tuer les passants dans les rues.

D'autre part, en rentrant tard chez lui, ce même jour, Hadj Abdallah, tout peureux, s'adressa à Lalla Fatima, après l'avoir salué, et lui dit:

- Dis-moi, as-tu vu les informations d'aujourd'hui à la télévision?
- Non, j'étais un peu occupée cette journée à la cuisine. Mais pourquoi cette question? Répondit-elle
- Oh, c'est affreux et douloureux, ce qui s'est passé à la capitale économique du pays, répliqua-t-il
- Je n'ai rien compris, dis-moi ce qui s'est passé, demanda-t-elle
- Un attentat-suicide a eu lieu au centre de la capitale économique et a laissé derrière lui des morts et des blessés, répondit-il
- Oh, les criminels n'ont pas de pitié envers les innocents, rétorqua-t-elle
- Oui, tu as raison. Bon, prépare-nous un verre de thé, c'est le moment idéal de le boire, ordonna-t-il

Après avoir bu du thé chaud à la menthe fraîche, Hadj Abdallah demanda à Lalla Fatima de lui préparer sa valise en lui annonçant qu'il voyagerait, de bonne heure le lendemain, à la capitale économique. Puis il alla se coucher tôt.

A vrai dire, ce déplacement effectué par Hadj Abdallah n'était point un voyage d'affaires. Il s'agit exactement d'une invitation de la part du vieil Hindou à La Nonna, un restaurant italien très connu par sa spécialité en pizza dont l'art tient dans l'audace de modifier la pâte, de varier les sauces tomate et d'imaginer une garniture originale.

Juste en arrivant devant ce fameux restaurant, un tueur à gages, tenant un pistolet à la main gauche, l'orienta vers Hadj Abdallah et tira avec violence formelle plusieurs balles sur sa tête en lui disant voilà le cadeau que tu mérites. Puis il monta dans une voiture conduite par une autre personne et les deux s'enfuirent vers une direction inconnue. Quant à Hadj Abdallah, il tomba par terre et succomba de mort très rapide.

La mort subite de Hadj Abdallah resta une énigme éternelle et incompréhensible, elle présenta une grande difficulté pour sa non résolution. Plusieurs versions diversifiées sont référencées comme hypothèses:

- Il a été liquidé par la maffia pour qu'il n'y aurait plus de traces sur les manoeuvres de cette organisation clandestine dans le pays.
- La DST a su ses liens avec l'attentat-suicide et l'a tué pour qu'il n'y aurait pas de répercussions négatives sur le pays selon le plan politique surtout c'était un ex-parlementaire .
- Il a été assassiné par des adversaires concurrentiels parce qu'il monopolise le marché du textile
- Peut-être qu'i il a été abattu par l'un des kamikazes
- Peut-être, aussi qu'il a été massacré par un membre de sa proche famille pour une question de vengeance.


Tout ce qu'on pourrait dire pour le moment est que Hadj Abdallah a quitté ce monde sans qu'il sache que Youssef n'est pas son fils biologique et que Loubna est sa vraie fille. Cette vérité est connue par tous ses proches, Lalla Fatima, Loubna, Youssef, Aïcha et ses autres six filles. Il est le seul qui ignore cette réalité frappante. Personne n'a eu l'audace d'oser l'affronter et de lui révéler ce grand secret avec toute bravoure.

- Une famille de mon village: 28/30. Attentat-suicide à la capitale économique


Comme il a été convenu, nos amis, les dix jeunes, sont arrivés en Hollande par avion. A leur arrivée, Ils ont été accueillis à l'aéroport international d'Amsterdam par un représentant de l'Institution van der Velde. Ce dernier les a amené à l'internat de cette école de tissage.

A cette école, ils ont rencontré un vieux barbu qui les a incité à faire leur devoir de prière. Après la prière, le vieux barbu leur a proféré un discours religieux se rapportant sur des idées de la patience en Islam.

C'est ainsi, que chaque soir, après la dernière prière de la journée en cours, les jeunes reçoivent quotidiennement des cours sur les méthodes efficaces de s'approcher de Dieu, de l'histoire des martyrs dans l'Islam, sur la temporalité limitée de la vie terrestre, sur les grands ennemis de l'Islam, comment les combattre et d'autres idées visant à les mettre dans le bain du terrorisme sans que les jeunes s'en rendent compte.

Une année après, les dix jeunes sont convaincus par les discours du vieux barbu. Eux aussi sont devenus des barbus. Ils sont prêts à mourir pour la cause islamique et pour l'Islam. La direction de la maffia a retenu à Amsterdam les cinq brillants, de cette promotion, en théorie pour professer la théorie criminelle à de nouveaux futurs kamikazes. Quant aux autres cinq jeunes, ils étaient envoyés comme de la marchandise à des camps d'entraînement à Afghanistan pour se transformer en bombes humaines. Une fois bien entraînés, les kamikazes retournent à leur pays d'origine pour mourir et tuer des innocents en faveur de la maffia.

D'autre part, par un beau jour du printemps, la télévision de la première chaîne nationale du pays vient d'annoncer:

"Quatre personnes ont été tuées et plus de vingt autres blessées dont sept sont dans une situation grave suite à un attentat-suicide à la capitale économique. Il s'agit d'un attentat-suicide meurtrier commis par un kamikaze au centre de la ville. Pour le moment, cet acte criminel est attribué par les autorités locales à la branche maghrébine d'Al-Qaïda".

Cet attentat-suicide a suscité l'ire de la population envers le gouvernement. On commença à sentir que l'Etat est faible, il est incapable de garantir la sécurité au peuple. Les gens simples disent que la politique gouvernementale laisse à désirer. Le pays n'a pas l'homme convenable à la place convenable. C'est l'anarchie totale qui règne. Les parlementaires ne sont pas élus à partir des urnes selon un vote démocratique et responsable. Les membres du gouvernement sont désignés sur mesure. Les responsables sont nommés à partir de manipulation se basant sur des rapports du clientélisme.

Tout ce panorama de politique générale aboutit à la décadence en creusant un profond fossé entre les pauvres et riches. Les pauvres s'appauvrissent de plus en plus, leur pouvoir d'achat deviendra négatif, leurs enfants, même diplômés de diplômes pointus, ne trouvent plus de travail, leur sort est le chômage permanent. Par contre les riches suivent un chemin de la ruée vers la richesse prohibitive, leurs enfants détiennent d'une main ferme toutes les responsabilités du pays, on les croise soit au secteur privé soit au secteur public.

Hadj Abdallah fait partie de la catégorie riche. En dépit de sa médiocre formation, il reste un élément qui fait tout et qui est partout. Ses proches n'ont pas le moindre souci d'argent, ils sont tous riches, ils mènent une vie très paisible. Et pourtant, ce parlementaire contribue à l'alimentation du pays en terrorisme. N'est-ce pas légitime d'avouer que c'est lui qui a recruté ces kamikazes qui ont reçu une formation terroriste en Afghanistan et qui ont semé la panique au sein des pauvres en s'explosant au milieu de la foule.


dimanche 3 février 2008

- Une famille de mon village: 27/30. Recrutement de futurs kamikazes


Avant de regagner son village, Hadj Abdallah est allé voir le vieil hindou dans sa boutique pour lui dire au revoir. Ce dernier lui a remis une enveloppe cachetée et fermée contenant une petite note confidentielle émanant de la Hollande.

Tout seul dans sa chambre à l'hôtel Palace, Hadj Abdallah a ouvert l'enveloppe et a lu la note confidentielle. Puis il la déchira et la brûla pour ne pas laisser de traces et il jeta les cendres dans les toilettes. Il s'agit d'une note, signée par Adriano, maffioso d'origine du sud italien, installé à Amsterdam et chargé du suivi des opérations maffieuses en Afrique. Elle contenait une série d'instructions maffieuses strictes invitant Hadj Abdallah à les appliquer méticuleusement en secret.

La note confidentielle n'était qu'un programme échelonné sur trois actions terroristes essentielles:

D'abord, il s'agit de recrutement de futurs kamikazes dont l'âge oscille entre 18 et 24 ans et qui sont issus de familles misérables marginalisées. Hadj Abdallah doit les aider à recevoir une formation de lavage de cerveau en Afghanistan. Ces jeunes vont servir pour la maffia comme des bombes humaines prêtes à se faire sauter au milieu des foules en cas de besoin.

Ensuite, la terreur et la peur seront semées au sein de la grande majorité de la population. L'Etat avec son gouvernement s'affaibliront et céderont aux demandes extérieures sur le plan politico-économique, le social deviendra très fragile et c'est l'anarchie qui caractérise toute la société.

Enfin, la maffia entre en action et envahit la société et fait son jeu de commercialisation de la drogue sous ses différentes catégories provenant de l'Amérique Latine et de vente clandestine des armes fabriquées par des usines dépendant des maffias des pays de l'Est de l'Europe.

Vers seize heures de l'après-midi, Hadj Abdallah est arrivé au village après avoir quitté la capitale économique aux environs de midi. Il a rendu visite à toutes ces boutiques, c'est une routine de contrôle et d'inspection qu'il faisait toujours chaque fois qu'il voyage. Puis, il est allé voir Youssef à son bureau à l'usine de textile avec qui il a eu une conversation sur le fonctionnement de l'usine pendant son absence. Enfin, il est rentré à sa villa où Lalla Fatima l'attendait avec impatience, on dirait que c'est une vieille amoureuse qui pensait à sa jeunesse.

Après quelques minutes de son arrivée à la villa, Il a pris une douche tiède et a demandé à Lalla Fatima de lui préparer du thé avec de la menthe. En buvant son verre thé chaud, il lui a raconté comment il a séjourné à la capitale économique. Lalla Fatima, l’interrompit en lui disant qu’elle a suivi la séance parlementaire relative à la lutte contre la drogue et a vu son intervention qui était formidable selon son avis.

A dix-neuf heures, Hadj Abdallah sortit de la villa et alla à la mosquée pour faire la dernière prière de la journée en groupe. Il contacta, son ami, le responsable de la mosquée et lui demanda de lui indiquer des personnes du village parmi les franges les plus pauvres ou les moins éduquées, il en a besoin de cette main-d'œuvre pour les recruter en tant qu’ouvriers à son usine. Ils doivent avoir des caractéristiques psychologiques qui répondent strictement aux sentiments d’infériorité, d’humiliation et d’injustice.

Une semaine s'est écoulée, le responsable de la mosquée contacta par téléphone Hadj Abdallah pour le mettre au courant qu'il a une liste d'une dizaine de jeunes répondant positivement aux particularités exigées et sollicitant un travail à l'usine. Ce dernier a demandé à ce que ces personnes doivent se présenter le lendemain à son usine se munissant des pièces justificatives de leur identité accompagnées d'une demande d'emploi.

De bonne heure le lendemain, de jeunes garçons au nombre de quarante cinq, à la file, tenant à leur main, gauche ou droite, des enveloppes, se sont rassemblés devant l'entrée principale de l'usine du textile, ils attendaient l'arrivée de Hadj Abdallah. L'agent de sécurité leur a dit que le patron arrivera d'une minute à une autre, il ne tardera pas à venir. Il a reçu des instructions pour les mettre en ordre, l'un derrière l'autre. Ces jeunes ont l'allure d'être des campagnards qui ont émigré leurs patelins et qui souffrent de la pauvreté.

A neuf heures, Hadj Abdallah est apparu dans sa Mercedes conduite par son chauffeur personnel. Aussitôt arrivé, il a ordonné à Loubna de vérifier leurs papiers et d’en choisir parmi eux les dix meilleurs selon des critères arrêtés par lui-même. A la fin de la journée Loubna présenta à son patron les dix garçons retenus. En plus, des caractéristiques exigées, ils donnent l'impression qu'ils parlent peu, ils ne sont pas bavards, on dirait qu'ils sont renfermés sur eux-mêmes.

Lors de cette réunion avec les nouveaux recrutés, Hadj Abdallah a prononcé un bref discours. Il leur a souhaité la bienvenue et il leur a demandé d'être armés en sérieux comme ils doivent écouter attentivement leurs chefs immédiats dans l'exercice de leur fonction. De même, il leur a mis au courant qu'ils feront l'objet d'un voyage à l'étranger en vue de se former en métier du tissage moderne pendant une durée de deux ans. Il leur a promis que les frais de leur transport et de leur séjour seront à la charge de l'administration de l'usine. Enfin il leur a accordé un congé de trois jours pour prendre les dispositions nécessaires afin de se préparer à ce stage.

Avec les interventions de Hadj Abdallah, dix passeports ont été falsifiés avec de faux noms ainsi que les visas ont été établis en un temps record, deux jours seulement ont suffi pour cette opération. La destination des stagiaires sera d'abord la Hollande. Ensuite, on procédera à une sélection très minutieuse et on choisira cinq candidats pour les virer à Afghanistan. Dans ce malheureux pays, ces jeunes seront soumis à une formation terroriste poussée dans des camps montagnards d'entraînement situés entre les frontières d'Afghanistan et du Pakistan. Ces futurs kamikazes recevront une double formation, théorique de lavage de cerveau et pratique pour servir comme des bombes humaines.

Le recrutement de futurs kamikazes est fait sur la base d'un Islam expressément erroné. Un Islam imaginé et ficelé par de grands théoriciens terroristes qui ont de sérieux problèmes avec leur Etat sur le plan politico-religieux. On essaie d'approcher ces jeunes victimes, de la pauvreté et de l'ignorance, de la mort et de les adapter à mourir en tuant des innocents. On leur dit que la meilleure chose dans cette vie terrestre est de mourir jeune en martyr. La maffia utilise ces bombes humaines à des fins commerciales et criminelles, elle s'en fiche des considérations religieuses ou politiques.

vendredi 1 février 2008

- Une famille de mon village: 26/30. Projet de loi relatif à la lutte contre la drogue au parlement

Pour Hadj Abdallah, c'est le troisième jour de séjour à la capitale économique du pays. Ce jour là, Il est constamment occupé. Pendant le matin, il va prendre part à la séance plénière du comité de la sécurité relevant du parlement. Il interviendra devant les députés, au cours de l'après-midi, lors de la discussion du projet de loi relatif à la lutte contre la drogue au parlement.

D'autre part, n'oublions pas que la veille, Hadj Abdallah a veillé une soirée en compagnie du vieux hindou au restaurent de l'hôtel Palace, hôtel de renommée mondiale avec la qualité de ses services. Il est connu par son personnel multilingue. De même au premier étage de sa résidence, un bar est disponible pour rafraîchir les visiteurs et les désaltérer en leur offrant des boissons alcooliques, des jus de fruit et des sodas.

Pour les clients, on a mis à leur disposition des cabanes de sauna où ces derniers profitent pleinement de leurs moments de détente. Quelle que soit la durée de séjour de l'hébergé, il n'aura pas besoin de sortir, tout dont il a besoin est mis à sa disposition. Il y a la laverie, le service de baby-sitting en supplément, les cartes wifi pour l'Internet, le parking, la piscine chaude, les animaux sont acceptés et d'autres services.

Au cours de leur discussion, les deux hommes ont mis l'accent sur deux points essentiels, sur l'organisation maffieuse de la drogue et de sa distribution en Europe Occidentale via l'Afrique du Nord et sur l'armement clandestin destiné à quelques pays africains en guerre sur le sol de la République Démocratique du Congo.

Le vieil hindou a expliqué à Hadj Abdallah la façon dont la maffia opère au sein de l'Afrique. Il a même donné les grandes lignes du prochain programme maffieux, élaboré à un haut niveau à Genève, qui sera lancé incessamment dans ce vaste continent. Il a ajouté que les supérieurs de l'organisation comptent beaucoup sur le dynamisme de Hadj Abdallah et de sa participation au programme fixé par les ténors de la maffia.

En résumé, le vieil hindou a fait un petit discours où il a souligné les méthodes de travail de la maffia. Cette organisation commence par prospecter le terrain où ses opérations ultérieures auront lieu. En fonction des résultats obtenus, elle emploie l'une des méthodes étudiées d'avance à partir de modèles préétablis par des spécialistes.

Pour le cas de l'Afrique du Nord, où la religion islamique est dominante et la démocratie est absente et altérée, la maffia utilise des personnes politico-religieux à tendance islamiste en vue de créer une atmosphère instable et perturbée. Dans ce cadre général, L'Afrique du Nord est devenue un paradis des narcotrafiquants. C'est la principale plaque tournante pour le trafic de cocaïne entre l'Amérique latine et l'Europe. On peut dire la même chose pour l'Afrique de l'Ouest qui joue le même rôle en ce qui concerne le trafic des armes.

Cet entretien d'échanges d'informations maffieuses s'est déroulé la veille. Pour, ce jour, Hadj Abdallah devra jouer le rôle d'un caméléon qui change de teinte à chaque endroit. Il devrait se comporter en une personne versatile, qui change facilement d'opinion. La veille, il était avec le trafic de la drogue, aujourd'hui il doit soutenir et défendre le projet de loi relatif à la lutte contre la drogue au parlement.

Toutefois, c'est exactement ce qui s'est passé. Pendant la matinée Hadj Abdallah a pris part à la séance plénière dudit comité de la sécurité où le ministre de l'intérieur était aussi présent avec quelques membres de son cabinet. Au cours de l'après-midi, la parole a été donnée à Hadj Abdallah à la chambre des représentants pour présenter le point de vue de l'équipe de son parti politique.

En prenant la parole, Hadj Abdallah a mis l'accent sur la positivité du projet de loi relatif à la lutte contre la drogue et a invité tous les membres du parlement à voter réellement pour cette loi. Il a ajouté que la consommation de la drogue au pays présente un grand danger pour son progrès et son développement. Le commerce de la drogue est en croissance constante d'après le constat d'un certain nombre d’indicateurs dictés par le ministère de l'intérieur, à savoir:

- La hausse du nombre des interpellations en 2007 atteint un niveau record (2014 interpellations).
- L’âge moyen de l’usager est en baisse depuis plusieurs années (29 ans en 2007).
- Cette évolution se traduit par la présence massive des 21-25 ans (1635 interpellations). Par ailleurs, 70 % des interpellations (1 975) pour usage de cocaïne concernent les usagers de 21 à 35 ans.
- Le nombre d’étudiants et de lycéens concernés augmentent chaque année : 2 095 en 2005, 4 101 en 2006 et 9 713 en 2007.
- Les usagers "sans profession" sont les plus nombreux 35 % du total.
- L’usage est masculin à 90 %.

Enfin, Il faisait presque vingt deux heures lorsque le parlement a voté positivement pour cette loi antidrogue. Hadj Abdallah, fatigué, a quitté les lieux du parlement en direction de l'Hôtel Palace pour en profiter d'une calme relaxation.

jeudi 31 janvier 2008

- Une famille de mon village: 25/30. Rapprochement entre mère et fille


Le lendemain, vers l’aube Hadj Abdallah invita son chauffeur à le conduire dans sa Mercedes-Benz Classe CLS CLS 320 en direction de la capitale économique. Son agenda comporte deux programmes essentiels. Il va rendre visite au vieux hindou et il participera à une séance parlementaire relative à la discussion sur un projet de loi concernant la drogue.

Lalla Fatima, l’a quitté en lui souhaitant un bon voyage et un bon séjour à la capitale économique du pays. Puis, elle s’est retournée à son lit pour se rendormir. Elle sent mal car les sommeils d’après l’éveil la fatiguent.

Par contre Aïcha et Loubna ont fait, toutes les deux, la grasse matinée puisque rien ne les dérange avec ce samedi, jour de repos. Elles se sont réveillées tard, dans les environs de dix heures du matin, au moment du jour montant. Elles ont pris leur petit déjeuner après l’avoir préparé ensemble.

Pendant ce repas matinal, Aïcha ouvrit la parole en s’adressant à Loubna :

- Loubna, il est temps de provoquer un rapprochement entre mère et fille
- Maman, de quoi parles-tu ? Je n’ai rien compris ! S’interrogea Loubna
- Ecoute ma fille, je vais te révéler un secret que je gardasse depuis longtemps et qui datait depuis plus d’un quart de siècle. Ce secret m’est devenu pesant et pénible à retenir moralement à travers les années qui se succèdent précipitamment, souffla Aïcha d'un air triste
- C'est celui dont tu voulais me parler hier soir, n'est-ce pas? Demanda Loubna
- Oui, exactement, répondit Aïcha
- Dis-le moi, j'ai hâte de l'entendre, expliqua Loubna

Alors, Aïcha commença à pleurer à chaudes larmes dont les gouttes brûlantes coulèrent sur ses deux joues comme des perles de pluie. On dirait qu'elle est sous l'effet d'un affaiblissement à la fois physique et moral. Puis elle raconta toute l'histoire à Loubna, depuis l'échange des bébés jusqu'à maintenant. Elle a exposé tous les détails, complets et avec soin minutieux, sans rien oublier.

Loubna l'a entendu très attentivement en faisant preuve d'un incroyable sang-froid. Avec son raisonnement logique, elle est parvenue à découvrir qu’il y a eu un ancien problème imposé avec de graves conséquences dont il faut immédiatement réduire les dégâts afin d’éviter toute panique chez Aïcha et Lalla Fatima. Elle semble convaincue de la nécessité d'une résolution rapide de ce perplexe embarras.

Malgré l'emploi de la rationalité objective et du réalisme dépeignant la réalité telle qu'elle est dans l'analyse de cette situation désemparée, elle a pleuré à son tour. Elle n'a pas supporté de voir, en face d'elle, sa maman adoptive avec des yeux rougeâtres et gonflés. Il est à noter qu'Aïcha et Loubna sont inséparables, elles sont l'une près de l'autre. En plus de la parenté, une vive amitié les lie aussi profondément.

Soudain, Loubna intervint et rassura Aïcha qu'incessamment elle réfléchisse sérieusement à une solution mettant fin à ce tourment cauchemar. En tant qu'intellectuelle et spécialiste en ressources humaines et s'y connait en psychologie sociale, elle convaincra son père Hadj Abdallah à accepter les choses telles qu'elles sont. Il devra admettre comme vrai, réel et légitime cette nouvelle donne de la réalité.

Avec un grand courage et une fermeté solide, Loubna se déplaça à la vaste villa de sa vraie famille et se mit en contact avec Lalla Fatima et lui adressa la parole:


- Pourquoi n'as-tu pas l'audace de déclarer en plein public que je suis ta propre fille à qui tu as donné naissance depuis plus d'un quart de siècle?

Devant ce fait accompli, Lalla Fatima resta pendant quelques minutes perplexe et embarrassée face à cette situation critique. Puis elle commença à pleurer à haute voix.

Sur ce triste spectacle, Loubna l'embrassa fort en la prenant dans ses bras et en la serrant contre sa poitrine. Elle lui dit:

- Ça suffit maman, ne pleure plus, nous devrions fêter ce grand jour, c'est le jour de rapprochement entre mère et fille.
- J'ai participé avec d'autres personnes à commettre une grande faute impardonnable. Franchement, j'ai ma part de la culpabilité et j'avoue que je suis coupable. Excuse-moi mon ange, c'est la peur de la polygamie ou du divorce qui m'ont empêché à te déclarer comme ma vraie fille, répondit Lalla Fatima en reniflant.

samedi 19 janvier 2008

- Une famille de mon village: 24/30. La révélation du secret


Après ce moment agréable et historique d'échanges d'idées et de discussion sincère, Loubna est rentrée chez elle. Elle a été interrogée par Aïcha sur le sujet de sa rencontre avec Youssef:

- Ma puce, comment as-tu passé cet après-midi?
- Non, maman ce n'est pas tout l'après-midi, c'est juste deux heures, répondit Loubna
- Peu importe le temps écoulé, ce qui m'intéresse c'est le sujet de votre conversation, répliqua Aïcha
- On a mis l'accent sur l'Achoura et c'était pour moi une occasion pour découvrir d'autres qualités chez Youssef, expliqua Loubna
- Ah oui, c'est un garçon très éduqué et instruit, je le considère comme l'un de mes fils, énonça Aïcha
- Pourquoi maman, me poses-tu ces questions, J'ai l'habitude que tu es du genre qui parle peu, s'exprima Loubna
- J'ai une confidence intime et fracassante à te dévoiler. Mais je vois que ce n'est pas encore le moment opportun pour la révélation du secret, répondit Aïcha d'un air sérieux
- Dis-le-moi s'il te plaît, supplia Loubna
-Je vais te le dire mais pas maintenant, pour l'instant prépare-toi, tu sais bien qu'on va dîner ce soir chez la famille Hadj Abdallah, répliqua Aïcha d'un air ferme

Après quelques minutes de cette brève discussion, Aïcha et Loubna quittèrent leur logement en direction de la résidence de la famille Hadj Abdallah en apportant avec elles une chocolatine amandine légèrement humide.

Une fois arrivées à l'entrée de la grande porte de la villa de la famille Hadj Abdallah, Aïcha et Loubna ont été accueillies par Lalla Fatima qui les embrassait bien fort. Aussitôt, Aïcha lui remet le paquet qui contenait le gâteau en souriant et lui dit en souriant:

- Le prophète accepte le cadeau, donc accepte ce modeste et délicieux gâteau
- D'abord soyez les bienvenues et ensuite pourquoi avez-vous fait ça, nous avons dans la cuisine tant de gâteaux à manger,disait Lalla Fatima
- Ecoute ma chère, on n'est pas venu pour bien manger mais pour passer un bon moment avec vous à l'occasion de cette fête religieuse, répliqua Aïcha

A vrai dire, Aïcha n'a pas menti. Elle n'est pas venue spécialement pour partager le repas et veiller cette nuit d'Achoura en compagnie de la famille Hadj Abdallah. Elle avait un autre objectif visant à discuter avec Lalla Fatima sur le conflit Youssef-Loubna. Ce litige a duré plus d'un quart de siècle et n'a pas eu d'issue ou de solution valable satisfaisant les deux femmes.

Puis, les trois femmes gagnèrent le salon traditionnel de la villa. Là, les deux convives ont été saluées chaleureusement successivement par Hadj Abdallah et Youssef qui étaient en train de voir un film religieux télévisé émis par la chaîne de la télévision nationale. Soudain, Hadj Abdallah disait que c'est l'heure du repas et ordonna à ce qu'on soit servi dans ce somptueux salon.

Le repas était un grand plat simple de couscous au poulet avec des pois chiches, des raisins secs et des oignons, en parfum sucré-salé et aux senteurs épicées. Mais, d'un autre point de vue, il était délicieux et agréable au goût, c'était vraiment un couscous généreux pour un bon repas savoureux et convivial.

D'autre part, ce fameux dîner de soir, partagé entre les deux familles, porte des valeurs sociales communes : l’hospitalité, la méticulosité, la convivialité, le raffinement et l’équilibre. La cuisine marocaine traditionnelle est connue comme l'une des plus luxueuses au monde, elle postule au consommateur la présence de ses sens de l'odorat, de la vue et du goût.

D'une manière générale, ses plats cuisinés ont un pouvoir magique de séduction gastronomique. Les spécialistes disent que cette cuisine est née à partir de la diversité des paysages et des modes de vie qui existe entre les tribus nomades ou sédentaires et les habitants des villes.

Après le couscous, on a présenté successivement du thé chaud aux odeurs contrastées de la menthe fraîche et de la viande grillée au feu du charbon de bois. Cette recette a surpris et régalé les deux convives. Il faut savoir que la gastronomie marocaine comporte quatre stades. Elle est en premier lieu une affaire de vue: on regarde un plat, puis d'odorat: on le sent, après vint le toucher et enfin on déguste. Ainsi, la cuisine marocaine s'impose comme une invitation aux sens.

Enfin, pour clôturer ce fameux dîner du soir, on a servi consécutivement aux invitées, en plus d'un délicieux gâteau au chocolat décoré de chantilly vaporeuse, opposant le brun et le blanc, un grand plat contenant une diversité de fruits secs tels que les figues, les raisins secs, les amandes, les noix, les cacahouètes.

Vers vingt deux heures, Hadj Abdallah s'est retiré du groupe, pour aller se coucher, sous prétexte qu'il devrait dormir tôt. Il s'est excusé, en annonçant, aux personnes présentes qu'aux environs de l'aube, il serait obligé d'effectuer un voyage à la capitale économique.

Ensuite, vint le tour de Lalla Fatima et Aïcha, qui se sont installées, presque en cachette, dans une autre chambre pour ouvrir un débat important. Il s'agit de résoudre un problème historique pour lequel, les deux femmes doivent se mettre d'accord. Donc une solution, urgente et adéquate, est impérative et doit arranger les deux femmes et les libérer de leurs soucis.

Quant à Youssef et Loubna, ils restèrent seuls dans le salon, tête à tête, en face de l'écran plat du téléviseur. Ils semblent que les deux enfants, suivirent une soirée en directe émise par la télévision de la principale chaîne nationale. Mais, la réalité est une autre chose.

Une force surnaturelle les rapproche sans qu'ils se rendent compte. Elle crée chez eux un début d'un environnement nuageux mais presque amoureux, les aidant à savourer avec plaisir la chaleur de leur flamme. Ils sont en train de perdre le contrôle sous un choc émotionnel.

A vrai dire, Youssef et Loubna sont soumis à la fois à une douleur agréable et triste justifiée, à un heureux bonheur plein de joie et satisfaction et à un amour violent sensationnel produisant une impression de surprise, d'intérêt et d'admiration. Il suffit justement que les déclarations d'amour soient concrètes et mises en évidence. On pourrait dire que ces jeunes sont sous l'effet d'un coup de foudre qui a surgi brusquement.

Dans cette atmosphère générale, le temps passe vite, même très vite. Il es déjà minuit. On a l'impression qu'on est dans monde tissé de tableaux de différents aspects.

Hadj Abdallah, victime de ronflement d'une sonorité sourde et prolongée, dort profondément, il est sous l'effet d'une variété de cauchemars angoissants affectés par ses multiples fonctions pénibles. Il est à la fois président directeur général d'une usine de textile, parlementaire au niveau national, dirigeant politique au niveau local, membre actif de la mafia internationale et grande personnalité charismatique au sein de la grande famille. Ses multiples affaires deviennent assez complexes et ennuyeuses, il est dépassé, il ne s'en sort plus. Toutes ces situations ont impact négatif sur sa vie personnelle et en particulier sur son repos perturbé par le manque de temps libre.

Les deux enfants ont quitté la terre de la réalité sourde pour voler dans le ciel de l'amour angélique, là où le blocage se réduit et la liberté est presque totale. Ils s'avouent vaincus devant la puissance du colossal amour. Ils ont parlé de beaucoup de choses, futiles et de valeur. Ils ont découvert qu'ils ont les mêmes passions et les mêmes horizons. Ils ont conclu que l'un est fait pour l'autre. De même ils ont juré de conserver leur amour sain et sauf.

Les deux femmes, après de longues discussions, sont sur le point de conclure un marché bilatéral faisant fin à leur unique conflit pesant de long terme. C'est Aïcha, avec son courage mérité, qui a ouvert la première la discussion sur le sort des deux enfants. Elle a avoué à Lalla Mina qu'elle a l'impression que Youssef et Loubna commencèrent à s'aimer mutuellement.

De même elle a ajouté qu'il est le moment idéal de mettre les choses sur les rails et de dire la vérité au sujet des deux enfants. Cette position a mis Lalla Fatima dans un état de peur car cette vérité menace fortement son foyer qui pourrait être détruit facilement. Il suffit que Hadj Abdallah sache cette vérité et c'est la ruine totale et définitive de sa vie sociale.

En fin de compte, les deux femmes ont abouti à une solution. Aïcha, dans un premier stade, révélera le secret à Loubna et l'invitera à mettre Youssef au courant. Par contre, Lalla Fatima, se chargera, dans un deuxième stade, de dire toute la vérité à Hadj Abdallah quelles que soient les conséquences probables.

Sur cet accord conclu entre les deux femmes, Aïcha et Loubna ont quitté tard la spacieuse villa et ont regagné leur résidence vers une heure du matin. Malgré qu'il fasse pleine nuit, ils croisèrent, sur leur chemin, des enfants en train de sauter sur de la paille mise en feu. Les gens du village appellent ce rite traditionnel, accompagnant l'Achoura, la "Chaâla".

jeudi 17 janvier 2008

- Une famille de mon village: 23/30. L'Achoura fêtée au village




C'est vendredi, la majorité des villageois fête l'Achoura. A cette fête se sont marcottées des traditions telles que la visite des cimetières, la distribution des friandises et de nombreuses pratiques à caractère carnavalesque : feux rituels, aspersion d’eau des passants, etc... Cette manifestation revêt une signification spirituelle et sociale indéniable.

C’est aussi un jour de distribution des jouets aux enfants et de bienfaisance envers les pauvres, les démunis et les familles qui en manquent de ressources suffisantes sur le plan socio-économique. Les aisés et les riches aident ces catégories misérables de la population villageoise pour leur créer la joie et la satisfaction absentes depuis des mois.

La veille de ce jour, Hadj Abdallah a remis des sommes importantes d'argent dans des enveloppes aux gens pauvres de sa proche famille. En Islam, cette opération est appelée la zakat. C'est une obligation pour tous les musulmans qui en ont les moyens. En effet, elle est le troisième pilier de l'Islam et en plus c'est un acte visant à purifier les biens légaux que l'on a acquis pendant l'année en cours.

Vers huit heures du matin de ce fameux jour férié, Hadj Abdallah a pris le petit-déjeuner en compagnie de Lalla Fatima et de Youssef. Puis, ce dernier a conduit dans sa voiture les deux parents vers le cimetière où est enterrée Lalla Mina. Cette visite est devenue un fait routinier qui doit être célébré annuellement par la famille pendant cette période d'Achoura.

Une fois, nos trois amis, sont arrivés au cimetière des martyrs, ils rencontrèrent Aïcha et Loubna, qui à leur tour, viennent aussi pour rendre visite au défunt Driss. Après les salutations, tout le monde s'est dirigé d'abord au tombeau de Lalla Mina et ensuite à celui de Driss. Ils ont lu à basse voix quelques versets du Coran et ont prié Dieu pour qu'il reçoive ses morts dans ses vastes paradis parmi les prophètes et les croyants.

Pendant cette cérémonie coutumière, Youssef et Loubna ont profité, presque en cachette, pour ouvrir un dialogue sur la portée de ces rites dans un temps moderne. Ils ont échangé quelques brèves idées mais ils ont fixé un rendez-vous le soir vers dix sept heures pour développer et approfondir leur discussion.

Il est onze heures du matin quand nos visiteurs ont quitté le cimetière, chaque famille en direction de sa résidence. Pendant, le trajet du retour, Hadj Abdallah a ordonné à Lalla Fatima de leur préparer du couscous pour le repas de midi. Cette dernière, lui a suggéré de le préparer pendant la soirée et d'inviter Aïcha et Loubna pour y partager avec eux cette nourriture traditionnelle. Le monsieur n'a pas vu d'objection et a donné son accord en disant que c'est une bonne idée.

Comme il a été convenu, Youssef et Loubna étaient à l'heure fixée auparavant au rendez-vous sur la terrasse de l'Ostréa, restaurant chaleureux manifestant de l'enthousiasme passionnant , aux larges baies vitrées donnant sur la lagune. Par son calme et la qualité de son service, il est devenu d’emblée l'espace le plus préféré des habitants du village, surtout l'emplacement est séduisant. L'action de s'asseoir sur une table et de consommer un jus de fruit frais fait partie des plaisirs qu’il faut s’offrir pendant cette rencontre.

Après avoir pris place sur une table libre en face de la mer bleue, l'un face à l'autre, les deux amis ont commandé des jus de fruits panachés. Automatiquement, ils ont ouvert le débat sur la question de la fête de l'Achoura et sur ses quelques traditions positives ou négatives. Ils ont parlé de tout et de rien dans la plus grande liberté. Dans une bonne ambiance, leur discussion était à la fois amusante et riche en idées.

En fin de compte, ils étaient, tous deux, d'accord sur la célébration de cette fête mais d'un point de vue socio-religieux: l'Achoura doit être perçue comme la fête de partage et de charité, d'assistance des plus démunis et de dons d'habits et de jouets aux enfants. Il est à noter que ces initiatives sociales renforcent les liens sociaux entre les riches et les pauvres et créent un climat d'entente sociale entre les individus appartenant à une même société ce qui génère une impulsion positive du progrès de la société dans sa totalité .

Cependant, on doit éviter d'une part l'acte résiduel de rendre visite à des morts et de les pleurer et d'autre part l'anarchie du lendemain de l'Achoura où des enfants trottent dans les rues pour asperger les passants avec de l'eau appelée "Zem-Zem" et en jetant sur leurs petits amis des oeufs frais, ce qui provoque souvent chez eux des disputes très vives ou d'échanges de mots violents amenant quelquefois à des querelles sanglantes.

Le temps d'entretien a passé si vite sans que nos deux amis se rendent compte. C'est déjà l'approche du crépuscule, le soleil tend à se coucher et la nuit est sur le point de tomber, c'est l'espace de quelques minutes. Toutes les couleurs naturelles viennent lentement saluer ce grand moment de la journée, on dirait qu'elles font de la prière quotidienne. Donc, pour Youssef et Loubna, dont l'apparence donne l'impression qu'ils sont amoureux, il est temps de se quitter et de se dire mutuellement au revoir car ils vont dîner ensemble ce soir à la résidence de la famille Hadj Abdallah. Précisément, c'est ce qui s'est passé.

mercredi 16 janvier 2008

- Une famille de mon village: 22/30. Rendez-vous à l'hôtel Sultana





Très fatigué par une nuit blanche, le vieil hindou a senti qu'il est incapable de regagner la ville économique. Attiré par cette belle station balnéaire, il a préféré de passer la nuit à l'hôtel Sultana: un cinq étoiles, pour se distraire et se dépayser.

La Sultana est une sirène qui provoque une confusion chez le visiteur, il ne pourrait plus savoir s'il est en rêve ou en réalité. Elle est implantée sur la côte atlantique, là où océan et côte se mêlent et parfois se confondent, au cœur d’une lagune protégée par deux langues de terre. Elle dispose d’une plage privée. Son royaume est un provocateur de l'imagination, il représente un monde de la nature et de l’évasion.

Aussitôt avoir réservé une suite, le vieux hindou fut dans une ambiance luxueuse et élégance sophistiquée avec une vue panoramique sur la lagune. Lit king size, coin salon, cheminée, terrasse fleurie avec jacuzzi à l’eau de mer, climatisation réversible, TV satellite avec écran plasma, lecteur DVD/CD audio, téléphone, accès internet, mini-bar non alcoolisé gracieux, coffre fort, salle de bain en marbre avec douche et baignoire, sèche cheveux..... On dirait que c'est un paradis terrestre pour les grandes personnalités.

Après avoir rempli une fiche de formalités routinières qu'il a remis à la réception de l'hôtel, l'hindou téléphona à Hadj Abdallah et le prit de le rejoindre à l'hôtel Sultana. Ce dernier lui a promis de regagner le petit paradis dans quelques minutes.

Juste la distance du trajet en une demi-heure et voilà Hadj Abdallah face à face avec l'hindou, tous les deux assis sur deux fauteuils en cuir dans le bar de la Sultana. L'hindou appela le garçon du bar et lui commanda une bouteille ancienne du whisky Jack Daniel's en lui disant que la bouteille soit ancienne, collectionnée et d'une série limitée.

Le garçon exécuta les ordres de l'hindou et déposa sur la table d'abord deux verres en cristal et ensuite une bouteille d'une forme carrée et portant un label noir . Puis l'hindou s'adressa à Hadj Abdallah en lui disant: " Cette bouteille est mise à ton honneur, je voudrais bien faire partager avec toi ce moment d'exception, on est là dans un cadre prestigieux. Gôuter cet apéritif pour en apprécier les qualités, ouvrir et stimuler l'appétit".

- Merci mon ami, ce geste d'hospitalité est un grand honneur pour moi, tu es d'une rare générosité. Mais n'oublie pas que tu es à mon village et c'est toi qui devrait être mon hôte d'honneur et pas moi. Ceci dit, donc pas question, c'est moi seul qui se chargerai de la facture de ton séjour et de tous les autres frais de ton déplacement à mon village, riposta Hadj Abdallah.

- Je suis entièrement d'accord avec toi, mais pas cette fois-ci parce que j'ai réglé tout. L'essentiel est de te rencontrer et d'approfondir nos liens d'amitié, répondit l'hindou

Alors Hadj Abdallah commença à lui parler d'un air commercial de l'hôtel Sultana:

- Sultana est créée en 1994, c'est un hôtel de luxe français géré par un ami de nationalité espagnole. Cet hôtel représente le meilleur en ce qui concerne l'offre hôtelière dans la région. Cet hôtel a bénéficié du savoir-faire des plus grands architectes internationaux, décorateurs de renommés, chefs les plus recherchés, etc. Pour les grands voyageurs, dans le cadre de séjours professionnels ou touristiques, l'hôtel Sultana propose et offre le meilleur service de qualité.

Le vieil hindou l'interrompit:

- Oui, tout ce que tu viens de dire est exact, Sultana est un petit paradis terrestre. Mais je voudrais bien que tu sois mon hôte à la capitale économique. Alors tu seras mon invité le samedi prochain, qu'est-ce que tu en dis?

- Merci pour l'invitation, mais je ne pourrais pas car le samedi prochain coïncidera avec la fête religieuse de l'Islam l'Achoura. D'après nos coutumes, le matin de ce jour là, nous irons au cimetière pour rendre visite à nos parents morts. Le soir, la tradition veut aussi que l’on offre des jouets aux enfants. Un rituel peut accompagner la fête : les familles se régalent d’un couscous au "gueddid": viande séchée de Aïd El Kébir. De même, les familles achètent des noix, des amandes et des dattes et font brûler de l’encens tout au long de leurs veillées.

- Mais je crois que cette coutume a, cependant, tendance à disparaître progressivement. A la capitale économique la plupart des parents se contente d’acheter des jouets à leurs enfants, répliqua l'hindou

Aprés l'appéritif, nos deux amis ont partagé un repas ayant un goût et une senteur de la cuisine marocaine, ils étaient servis en crustacés et poissons pour leur repas sous la musique andalouse composée par un jeune groupe dont les membres sont vêtus en djellaba en soie blanche.

A quinze heures, les deux mafieux se saluèrent et se quittèrent après avoir clôturé leur rencontre. Lors de cette entrevue, ils ont abordé plusieurs sujets d'ordre politique et commercial. Ils se sont abstenus à parler de la mafia. Hadj Abdallah a promis au vieil homme qu'il lui rendra visite dès que les conditions soient présentes et favorables.