lundi 31 décembre 2007

- L'hémophile et la mort



Je suis un adolescent qui souffre de l’hémophilie depuis ma naissance. Maintenant je commence à boiter. Pour les gens qui ne la connaissent pas, je leur dis que ce n’est pas la peine de faire des recherches dans vos dictionnaires et vos encyclopédies. Ce travail de recherche, je l’ai fait à votre place pour vous permettre d’axer votre concentration rien que sur la lecture.

L’hémophilie est une maladie congénitale caractérisée par un retard ou une absence de coagulation du sang et dans laquelle la moindre blessure peut causer une hémorragie importante. Cette affection héréditaire est transmise par les femmes et n'atteint que les hommes.

Mais qu’est-ce que je suis en train de faire, je suis hors sujet ou quoi ? Le métier de médecin ne me concerne pas. Pourquoi, j’explique l’hémophilie aux lecteurs. Je dois rendre à César ce qui appartient à César.

Avant d’oublier, je dois vous dire que j’habite, moi, ma sœur et mes huit frères avec mes parents dans une montagne sans issue. Ma mère a suivi à la télévision la dernière coupe du monde blattérien et a convaincu mon père de projeter la procréation de trois autres enfants. Son objectif visera à transformer les onze garçons de la famille en une équipe de football. Cela rapportera à moyen terme beaucoup d’argent et la rendra riche. Le football est devenu une grande source de la grande fortune. La fortune à son tour est devenue une grande source du bonheur.

Maman a oublié que je ne pourrais pas y participer à cause de ma maladie. Vous voyez, je suis ignoré même par ma chère mère.

Bref, je leur ai proposé d’ajouter au projet un quatrième enfant pour avoir en total quatre enfants au lieu de trois. L’idée a été approuvée par l’ensemble des membres de ma famille. On a même célébré une petite fête où nous avons mangé du pain nu, comme disait l’écrivain marocain Mohammed Choukri, et nous avons bu du bon thé de cinq étoiles.

Mais, j’étais intransigeant en demandant à mes parents de m’emmener à la ville pour faire un check-up médical.
Je ne vous cacherai pas que je ne suis jamais allé à la ville, je ne la connais pas du tout.

Pour moi, la ville est un monde inconnu, comme disait les mathématiciens pour les variables X. A la ville je donne toutes les valeurs qui me viennent à la tête.
J’entends des gens sages de la montagne dire que la ville et le paradis sont sœur et frère jumeaux.

Enfin, mon père a chargé ma mère de me conduire à l’hôpital de la ville la plus proche et qui se situe à 657 Kms de notre habitation. Je n’arrive pas à vous exprimer la grande joie que j’ai eue. Seul l’âme des gens montera au paradis après leur mort. Moi, corps et âme, je vais au paradis. C’est une première dans l’histoire humaine, à condition que les sages de la montagne ne mentent pas. Là, je serai déçu et toute mon imagination va succomber.

L’heure de la vérité s’approche, je vais voir la ville et même visiter ses monuments, c’est l’occasion que je ne dois pas manquer.
A l’aube, nous sommes montés dans une grande chambre en fer, et qui marche comme notre âne mais avec une grande vitesse. D’autres voyageurs de la montagne nous fîmes compagnie.

Au crépuscule, nous voilà dans la ville. C’était un voyage d’une journée qui nous a permis de voir deux choses qui envahissent toute l’espace mais en peu de temps, en d’autre terme c’est l’association du beaucoup et du peu. De la nature, on peut apprendre des choses et des choses. A sa naissance, la philosophie a posé deux questions, pourquoi et comment. Pourquoi ce monde est comme ça et comment a été créé. La réponse, je l’ai eu en ces deux points formant d’un côté le jour et de l’autre côté la nuit. Le jour c’est l’aube-crépuscule, la nuit c’est le crépuscule-aube. Vous voyez ce que je vois, quelques secondes expliquent toute l’espace.

L’homme grec a créé la philosophie pour expliquer les lois de la nature et essayer à partir de ces lois de créer des lois organisant sa ville ou plutôt sa cité. Mais le grand malheur, ses lois ont protégé les forts et ont humilié les faibles. Cela n’a qu’une explication, c’est que l’homme n’a pas encore exploré la nature.

Bref, nous sommes arrivés à la ville. Heureusement, l’hôpital est juste à côté de la station de ces choses là que les gens appellent bus. J’étais très surpris de ne pas voir de champs, l’espace est un ensemble de terres mortes à cause du béton armé, ce cancer qui tue chaque jour des hectares et des hectares.

Nous nous dirigeâmes vers l’hôpital. C’était un ensemble d’immeubles les uns face aux autres. On dirait qu’ils sont des armées adversaires qui vont s’affronter dans une minute.

A l‘intérieur, un toubib en blouse verte nous a accueilli, et nous a dit sans nous faire de visite que l’hémophilie est une affection hémorragique héréditaire due à la diminution ou à l'absence d'un facteur de coagulation dit facteur antihémophilique.

Ensuite, ce docteur nous a dit de revenir d’ici six mois car l’hôpital est plein de malades, il n’y a pas de place pour moi. Et enfin il a ajouté, partez pour ne pas rater votre bus, il va partir dans une heure. Nous le quittâmes en le remerciant de la visite qui n’était pas gratuite et nous retournâmes à la station des bus.

Je suis un grand malheureux, je suis malade, je ne ferai pas partie de l’équipe familiale de football, j’étais à la ville mais je n’en ai aucune idée. Tout ce que je sais c’est que ma fin est proche, les homophiles ne dépassent pas les vingt cinq ans de vie.

La mort, je la voudrai, c’est grâce à elle que mon âme sera au paradis. J’ai cru que le paradis est synonyme de la ville mais maintenant j’ai compris que c’est la mort qui est synonyme du paradis. La différence entre la ville est la mort c’est que mon corps restera dans la terre.

- Le dialogue: de Platon au blog





Le mot "dialogue" se présente sous plusieurs sens. Presque tous les dictionnaires français attribuent à ce mot les six sens suivants:

1. Communication et discussion visant à trouver un accord et un terrain d'entente.

2. Conversation en répliques échangées entre les personnages d'un film, d'un récit ou d'une pièce de théâtre en style direct.

3. Conversation, échange de vues entre des personnes ou des groupes.

4. Ouvrage littéraire qui prend la forme d'un entretien entre deux ou plusieurs personnes.

5. Dialogue homme-machine.

6. Dialogue sourd: discussion dans laquelle aucun des interlocuteurs ne tient compte de ce que dit l’autre.

Les blogs vont avec le troisième sens. Ils sont une plate-forme solide permettant d'échanger des idées et des points de vue avec autrui et de réunir virtuellement des individus de centres d'intérêt identiques à la seule condition de ne pas dévier vers le dialogue sourd. Le dialogue sourd nous amène à l’échec ou plutôt à se comporter en soliloque.

Un bon blogueur est celui qui respecte respectivement les règles du dialogue et l’opinion de son interlocuteur. Le dialogue atteint son apogée lorsque l'opinion est respectée dans les deux sens: il n'y a ni vainqueur ni vaincu. Le dialogue constructif est le dialogue qui s’absente à différencier celui qui a raison de celui qui à tort. Le principe est de respecter l’opinion de l’autre tout en défendant notre opinion.

A travers l’histoire et en particulier l’histoire littéraire, on peut révéler que le premier dialogue écrit a vu le jour avec Platon (v. 428-347 av. J-C). Ce philosophe grec a fait dialoguer Socrate avec différents interlocuteurs et à travers divers oeuvres. La réflexion platonicienne s’articule sur la méthode dialectique, processus permettant d’accéder à la connaissance, au monde des Idées. L’échange des idées est l’objectif même des blogs quelle que soit la nature thématique de la discussion ou la forme du centre d’intérêts.

Après lui, plusieurs penseurs et réformateurs ont suivi ce chemin. A titre d'exemple et non la limite , il s’agit de :

● Diogène (v. 404-323 av. J.-C.), philosophe grec considéré comme le père des cyniques, école fondée par Antisthène au IVe siècle av. J-C.

● Ménippe (IVème-IIIème siècle av. J-C), philosophe grec de l’école des cyniques.

● Lucien de Samosate (v. 125-v. 192), écrivain et rhétoricien grec, père des dialogues satiriques.

● François de Salignac de la Mothe Fénelon, (1651-1715), évêque et écrivain français, également philosophe, pédagogue, théoricien politique et théologien mystique.

● Bernard le Bovier de Fontenelle, (1657-1757), philosophe et poète français, qui a annoncé l’esprit des Lumières en ayant vulgarisé de nouvelles théories scientifiques (Les entretiens sur la pluralité des mondes).

● Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),), écrivain et philosophe genevois de langue française, l’une des principales figures du siècle des Lumières. (Dialogues de Rousseau juge de Jean-Jacques).

● Denis Diderot, (1713-1784), philosophe et écrivain français, le maître d’œuvre de l’Encyclopédie et l’un des principaux représentants de l’esprit des Lumières. (Jacques le Fataliste).

● Paul Valéry, (1871-1945), poète et essayiste français qui se fixa pour tâche de réfléchir sur le fonctionnement de l’esprit, l’attitude centrale à partir de laquelle les entreprises de la connaissance et les opérations de l’art sont également possibles. (L'Âme et la Danse, Eupalinos ou l'Architecte, l'Idée fixe).

● Georges Bernanos, (1888-1948), écrivain français dont l’œuvre, notamment le Journal d’un curé de campagne, est marquée par un climat religieux véhément. (Le Dialogue des carmélites).

A travers les écrits de ces philosophes, théoriciens, hommes politiques, théologiens et littéraires, on est sûr d’assimiler l’essence du dialogue constructif et il n’y aura pas de confrontation négative entre les blogueurs et le monde ne connaîtra plus les conflits.

Autrement dit, espérons que Washington sache profondément ces principes et, à travers le canal de l'esplanade diplomatique, joue le dialogue sur les dossiers vitaux pour la sécurité du Moyen-Orient et de la planète.

- Naguib Mahfouz





Un évènement triste :

Le mercredi 30 août 2006 est un jour triste non pour les intellectuels arabes seulement, mais triste aussi et malheureux pour tous les intellectuels du monde, même ceux d’Israël.

Oui, ce jour là, de mercredi, Naguib Mahfouz, est mort, a annoncé son médecin, le Dr Hossam Mowafi. Il était âgé de 94 ans. Mahfouz est décédé dans un hôpital public de la capitale égyptienne des suites d'une insuffisance rénale, d'une pneumonie et de problèmes liés à son âge avancé.
Les obsèques ont eu lieu jeudi à midi, dans la mosquée Al-Rashdan du Caire qui accueille de nombreuses funérailles de personnalités à qui l'on rend les honneurs militaires.

Ce même jour de la mort du défunt, plus de 120 articles parlent de Naguib Mahfouz, rien qu’en langue française.

Alors, qui est Naguib Mahfouz ?

Il n'a été reconnu que dans les années cinquante après la parution d'un énorme roman de 1.500 pages, «La Trilogie».
C’est le premier écrivain arabe à obtenir le Prix Nobel de Littérature en 1986, l'une des plus grandes figures de la littérature égyptienne et arabe et pourquoi ne pas dire universelle ?

Son style a fait école dans la littérature arabe moderne, nombreux sont les écrivains qui s'en sont inspirés pour apporter du sang neuf à l'écriture romanesque. Son disciple Jamal Ghitani affirme «être, avec d'autres, sortis du manteau de Mahfouz». L'écrivain s'est dit l'héritier des Egyptiens Taha Hussein, Mohammed Hussein Haykal ou Tawfiq al-Hakim.

Cet écrivain égyptien est né au Caire en 1911, Il aura ouvert dans les lettres un espace de fiction romanesque qui fait de lui le véritable instaurateur du roman arabe. Son œuvre, qui s'étend sur plus d'un demi-siècle, est, dans cette aire linguistico-culturelle, la première qui soit exclusivement consacrée à la fiction romanesque, dont elle aura, avec un grand bonheur narratif, exploré les techniques et les modes les plus variées.

Il y a lieu d’affirmer que malgré que Naguib était cible en 1994 d'une tentative d'assassinat par un islamiste, Mahfouz a toujours prôné la tolérance et la modération. Depuis cette date, il était paralysé de la main droite et devait dicter ses textes. Ce geste de ce grand écrivain est un symbole de sacrifice vis-à-vis à la continuation de la connaissance humaine.

Ses écrits

Au cours de sa carrière qui s'étend sur près de soixante ans, il a publié plus de 50 romans et recueils de nouvelles:
• 'Abath al-aqdâr, roman 1939 (trad. française La Malédiction de Râ, 1998)
• Radôbîs, roman 1943 (trad. française L'Amante du pharaon, 2005)
• Kifâh Tîba (Le combat de Thèbes), roman 1944
• Al-Qâhira al-jadîda, roman 1945 (trad. française La Belle du Caire, 2000)
• Khân al-Khalîlî, roman 1946 (trad. française Le Cortège des vivants : Khan al-Khalili, 1999)
• Zuqâq al-midaqq, roman 1947 (trad. française Passage des Miracles, 1970)
• Hams al-junûn (Le murmure de la folie), nouvelles, 1947
• Al-Sarâb, roman 1948 (trad. française Chimères, 1992)
• Bidâya wa-nihâya, roman 1949 (trad. française Vienne la Nuit, 1996)
• La Trilogie du Caire :
o Volume I : Bayn al-Qasrayn, roman 1956 (trad. française Impasse des Deux-Palais, 1987)
o Volume II : Qasr al-Chawq, roman 1957 (trad. française Le Palais du désir, 1987)
o Volume III : Al-Sukkariyya, roman 1957 (trad. française Le Jardin du passé, 1989)
• Awlâd hâratinâ, roman 1959 (trad. française Les Fils de la médina, 1991)
• Al-Liss wa-l-kilâb, roman 1961 (trad. française Le voleur et les chiens, 1985)
• Al-Simmân wa-l-Kharîf (Les cailles et l'automne), roman 1962
• Dunya Allâh, nouvelles 1962 (trad. française Le Monde de Dieu, 2000)
• Al-Tarîq, roman 1964 (trad. française La Quête, 1997)
• Bayt sayyi' al-sum'a (Une maison mal famée), nouvelles 1965
• Al-Chahhâdh, roman 1965(trad. française Le Mendiant, 1997)
• Tharthara fawq al-Nîl, roman 1966 (trad. française Dérives sur le Nil, 1989)
• Mîrâmâr, roman 1968 (trad. française Miramar, 1990)
• Khammârat al-Qitt al-Aswad (Le cabaret du Chat Noir), nouvelles 1969
• Tahta al-Midhalla (Sous l'abri), nouvelles 1969
• Hikâya bi-lâ bidâya wa-lâ nihâya (Histoire sans commencement ni fin), nouvelles 1971
• Chahr al-'asal (La lune de miel), nouvelles 1971
• Al-Marâyâ, roman 1972 (trad. française Miroirs, 2001)
• Al-Hubb taht al-matar (L'Amour sous la pluie), nouvelles 1973
• Al-Jarîma (Le Crime), nouvelles 1973
• Al-Karnak (Karnak), nouvelles 1974
• Hikayât hârati-nâ, récits 1975 (trad. française Récits de notre quartier, 1988)
• Qalb al-Layl (Au cœur de la nuit), nouvelles 1975
• Hadrat al-muhtaram (Son Excellence), roman 1975
• Malhamat al-harafîch, roman 1977 (trad. française La Chanson des gueux, 1989)
• Al-Hubb fawq hadabat al-haram, nouvelles 1979 (trad. française L'Amour au pied des pyramides, 1997), 1979
• Al-Chaytan ya'izh (Satan prêche), 1979
• 'Asr al-hubb (Le temps de l'amour), 1980
• Afrah al-Qubba (Les noces de Qobba), 1981
• Layâli Alf Layla (trad. française Les Mille et Une Nuits, 1997), 1982
• Ra'aytu fi-mâ yarâ al-nâ'im (J'ai vu dans mon sommeil), nouvelles 1982
• Al-Bâqi min al-zaman Sâ'a (Heure H-1), nouvelles 1982
• Amâm al-'arch (Devant le trône), roman 1983
• Rihlat Ibn Fattouma (Le voyage d'Ibn Fattouma), roman 1983
• Al-Tanzhîm al-sirrî (L'organisation secrète), nouvelles 1984
• Al-'A'ich fî l-haqîqa, roman 1985 (trad. française Akhénaton le Renégat, 1998)
• Yawma qutil al-za'îm, roman 1985 (trad. française Le Jour de l'assassinat du leader, 1989)
• Hadîth al-sabâh wa-l-masâ', roman 1987 (trad. française Propos du matin et du soir, 2002),
• Sabâh al-ward, roman 1987 (trad. française Matin de roses, 1998)
• Quchtumar, roman 1988
• Al-Fajr al-kâdhib (L'Aube trompeuse), nouvelles 1989
• Asdâ' al-sîra al-dhâtiyya, récits 1996 (trad. française Echos d'une autobiographie, 2004)

Hommages internationaux

Compte tenu de l’importance de notre homme, des hommages internationaux à son âme :

- Le président égyptien Hosni Moubarak a souligné que les romans du Prix Nobel de littérature 1988 exprimaient "les valeurs communes à l'humanité (...), les valeurs de la tolérance, contre l'extrémisme".

- S.M. le Roi Mohammed VI, Roi du Maroc a adressé un message de condoléances au Président égyptien, Mohamed Housni Moubarak.
Dans ce message, S.M. le Roi présente au Président égyptien et, à travers lui, à la famille du défunt et au peuple égyptien frère, ses vives condoléances et sa compassion pour la mort de l'une des figures emblématiques de l'Egypte et de la Oumma arabe, qui s'est distinguée au niveau international par sa créativité, couronnant son riche parcours par l'obtention du Prix Nobel de littérature.
S.M. le Roi prie Dieu d'avoir le défunt en Sa Sainte Miséricorde et d'accorder à sa famille patience et réconfort.

- Le président français Jacques Chirac a rendu hommage mercredi à cette "grande figure de la littérature mondiale" et "ce créateur hors du commun". "Par son œuvre, Naguib Mafouz a dépeint avec cœur, finesse et réalisme la société égyptienne. Premier écrivain arabe à recevoir le prix Nobel de littérature en 1988, il donna une notoriété universelle aux lettres égyptiennes et au vieux Caire de son enfance", selon le président français.

- Le président américain George W.Bush a salué "cet extraordinaire auteur" dont les écrits "surpassent tous les stéréotypes et pénètrent au plus profond de la vie des Egyptiens et de l'humanité tout entière".

- Le Premier ministre français Dominique de Villepin a salué mercredi un homme dont l'œuvre et la vie "furent et resteront pour ses pairs un encouragement constant et exemplaire à refuser toutes les formes d'intimidation".

- Le ministre israélien de la Culture Ophir Pines a adressé mercredi un télégramme de condoléances à son homologue égyptien Farouk Hosni rendant hommage à l'Egyptien Naguib Mahfouz.
Il a souligné dans ce message les qualités de "grand écrivain" de Mahfouz, selon une porte-parole du ministère.
Il a rappelé son "soutien au processus de paix" avec Israël et le "prix que cela lui a coûté" en allusion aux attaques dont il fut l'objet dans son pays.
Mahfouz avait été l'un des rares intellectuels égyptiens et arabes à avoir approuvé les accords de paix entre l'Egypte et Israël en 1979, ce qui lui a valu de nombreuses critiques de la part d'écrivains et intellectuels en Egypte. Et en plus, en raison de ses positions sur Israël, son œuvre a été boycottée dans nombre de pays arabes.

- Le gouvernement allemand a rendu hommage au "grand penseur et écrivain extraordinaire" que fut l'Egyptien Naguib Mahfouz.
"Nous pleurons un grand penseur et un écrivain extraordinaire" qui "a de nombreuses fois utilisé la force des mots pour réclamer la justice, la liberté, la sécurité, l'amour et le bien-être de tous les hommes sur cette terre", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier dans un communiqué.
"Il a combattu les restrictions politiques de manière admirable avec beaucoup de courage et de cœur", a ajouté le ministre, estimant que le lauréat du prix Nobel de littérature 1988, "lui-même victime des fondamentalistes religieux, était une voix importante dans le dialogue avec le monde islamique".
"Sa détermination à œuvrer pour la paix, son engagement permanent pour une compréhension entre les cultures et pour la tolérance entre les religions méritent notre plus grand respect et nos plus grands remerciements", a conclu le ministre.

- L'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun a souligné que "ce visionnaire courageux" a été "comme Balzac et Zola, comme Tolstoï et Faulkner, témoin de son époque, témoin à l'écoute de son peuple, celui qu'il côtoyait quotidiennement dans sa rue, dans son café".

- Le romancier égyptien Sonallah Ibrahim a estimé que "Naguib Mahfouz est pour le roman arabe ce que sont les pyramides pour l'Egypte", soulignant que "chacun de ses romans constitue une nouvelle expérience littéraire".

- Son éditeur français chez Actes Sud, Farouk Mardam-Bey, a rappelé que Naguib Mahfouz était "le vrai père fondateur du roman arabe dans sa forme moderne. Il a donné l'impulsion à partir des années 40. Une nouvelle génération d'écrivains s'est réclamée de lui et lui est restée fidèle."

Naguib Mahfouz n’est pas mort

Enfin, à vrai dire Naguib Mahfouz n’est pas mort. C’est son corps qui nous a quittés pour toujours. Mais, sa production littérature, nous l’avons hérité selon la loi intellectuelle : la connaissance est universelle. Cette connaissance est sans frontières, elle n’a pas de nationalité, elle n’est soumise ni à aucune religion ni à aucune politique. C’est l’héritage de toute l’humanité. Et disons ensemble que Dieu ait l’âme du défunt et l’âme et de tous les intellectuels qui nous ont laissé des héritages de la même nature.

dimanche 30 décembre 2007

- La vengeance d'un ancien combattant de guerre


La sonnette de l’entrée de l’appartement retentit, Ahmed ouvra la porte pour être en face d’un bonhomme avancé en âge qui a l’air d'être sérieux.
Après les salutations, il se présenta :
- Je suis Bouchaïb, l’ami de ton père Djilali et je veux le voir, est-il là ?
- Ça fait une semaine qu’il est en voyage, il va revenir d’ici un mois, répondit Ahmed.
Alors, l’homme en question le salua et s’en va en lui confirmant qu’il va revenir au moment opportun pour le voir.

Ahmed ferma la porte et en allant à sa chambre croisa sa mère qui lui demanda :
- Qui est-ce ?
- C’est un ami de mon père qui veut le voir, alors je lui ai menti, répliqua Ahmed
- En tout cas, ne dis rien à ton père, lui conseilla sa maman
- D’accord maman, répondit Ahmed tout en allant à sa chambre.

Mais, au moment même, son père l’appela de sa chambre à coucher et lui demanda :
- Ahmed, qui a sonné à la porte ?
- Personne papa, rétorqua Ahmed
- Mais, ce n’est pas possible, je viens d’entendre le retentissement de la sonnette, répondit le père
- Non, je crois que tu rêves ou que tu as des hallucinations, riposta Ahmed.

Pour avoir une idée sur la famille Djilali, il y a lieu de dire qu’elle se compose de cinq membres, Djilali le père, Zohra la mère, Brahim l’enfant aîné, Karim le cadet et Ahmed le dernier-né.
Le logement qu'ils résident appartient au père. Pour subvenir à leurs besoins vitaux, ils s'appuient tous sur le montant pécuniaire de la retraite du père. Les trois enfants ne travaillent pas, ils sont des chômeurs.

Djilali était un ancien combattant de l’armée française, dont l’âge s’approche de soixante quinze ans, a participé à la guerre de l’Indochine. A cinquante cinq ans, l’âge de sa retraite, a quitté l’armée pour travailler comme chauffeur d’autobus dans sa ville. Avec l’avancement d’âge, il est fatigué et il est souvent malade. C'est un cancéreux sous traitement mais qui cache sa maladie à tout le monde, surtout à sa famille. Il passe le reste de sa vie sur le lit de sa chambre à coucher soit à regarder la télévision, soit à prendre ses médicaments ou soit à dormir. Souvent il reste seul à la maison. Il est délaissé par sa femme lorsqu'elle rendrait visite à ses parents. Il est abandonné aussi par les trois enfants qui passent la plupart de leurs temps en dehors de la maison.

Zohra est encore en forme, elle est en pleine santé, son âge ne dépasse pas cinquante ans, elle s’est mariée à un bas âge et elle a donné naissance à trois garçons qui sont en vie et une fille qui est morte à l’âge de six mois. Elle n’a jamais travaillé à l’extérieur du ménage. Elle est toujours en conflit avec son mari à cause de l’éducation de leurs enfants, chacun d'eux a sa vision personnelle. Elle aime beaucoup ses trois enfants et les gâtent.

Les trois enfants ont respectivement les âges vingt huit, vingt six et vingt quatre ans. Ils ont quitté l’enseignement scolaire à un bas âge, ils étaient faibles et ont fait l’objet d’exclusion successive du collège. Ils viennent seulement à leur domicile pour manger, dormir, prendre des douches et changer leurs habits. Ils s’entendent avec leur maman mais pas avec leur père malade chroniquement.

Lorsque tous les membres sont dans l’appartement, on dirait que c’est la guerre qui vient de s’éclater automatiquement. Ils sont quatre contre un, la mère et les trois garçons contre leur père. Souvent cette situation d’anarchie approfondit la maladie du père et le rend malheureux. Mais leurs conflits sont à cause de l’argent, les quatre demandent sans cesse à Djilali de leur donner son argent. Au début, il refuse mais il cède après pour leur donner une partie de cet argent.

Par un beau jour, l’appartement était désert à l’exception de Djilali qui regardait, comme d’habitude, la télévision dans sa chambre à coucher. Soudain la sonnette de l’entrée de l’appartement résonna. Lentement et tout courbé, Djilali alla ouvrir la porte pour être surpris de voir son intime et ancien ami Bouchaïb planté comme un robot devant cette porte. Après les salutations, il l’invita à entrer et lui demanda de prendre place et de s’asseoir sur un fauteuil du salon.
- C’est une longue absence, je te n’ai pas vu depuis trois mois, dis Djilali
- Non, ça fait un mois, que je vinsse te rendre visite mais tu n’étais pas là, tu étais en voyage, répondit Bouchaïb
- Non, mon ami, pas de mensonges et n’avances pas de fausses choses, j’étais là et ça fait presque une année que je n’ai jamais voyagé, rétorqua Djilali
- C’est l’un de tes fils, je crois le plus jeune, qui a ouvert la porte et qui m’a annoncé ça, lors de cette visite datant d’un mois, riposta Bouchaïb
- Attends, ah oui c’est vrai, j’ai entendu la sonnette retentissante. Et j’ai demandé à Ahmed, qui est-ce, et il m’a répondu, personne. Ah le menteur, affirma Djilali.
Puis il supplia son ami de l'excuser et il reprit:
- Ecoutes mon ami, je commence à en avoir marre de perdre mon temps avec cette famille. Elle ne me respecte pas et en plus elle n'a qu'un seul intérêt, c'est de faucher mon argent. Ma femme veut l’offrir à sa famille et les enfants sont devenus, avec mon argent, des piliers de bistrots.
- Mon ami, aie de la patience, comme même ce sont ta femme et tes enfants, répondit Bouchaïb
- Eh Bouchaïb, je vais te demander de me rendre un grand service, tu vas m’emmener du poison, dit Djilali
- Pourquoi faire ? demanda Bouchaïb
- Je vais me suicider, je ne supporte plus cette maudite vie, d’une part la maladie et d’autre part je suis très dérangé par ma famille, riposta Djilali
- Non, ne dis pas ça, tu es devenu fou ou quoi ? Voyage, un week-end à la campagne suffit à te dépayser, et tu vas oublier tout ce malheur, rétorqua Bouchaïb
- Je crois que tu ne me comprends pas, je souffre mon ami, et je suis arrivé à la limite, je ne peux plus supporter. Je t’en supplie, au nom de l’amitié, de m’apporter du poison et d’urgence, ne dis pas non, répliqua Djilali en pleurant comme un bambin
- Bon, d’accord, puisque tu insistes, répondit Bouchaïb.

C’est ainsi, que les deux amis se quittent, l’un, très fatigué, pour aller à son lit, l’autre, très troublé par cette demande, pour se diriger à son domicile.

- Je suis épuisé, murmura Djilali. Il était hors de l’espoir et il a vu que son salut sera avec ce poison qui mettra fin à sa vie. Pour lui, la venue de son ami Bouchaïb en absence des autres membres de la famille est une chance exceptionnelle qui ne se présentera jamais, donc il doit profiter de cette unique occasion. En buvant le poison, c’est la détente perdue depuis longtemps et recherchée à l’instant.

Quant à Bouchaïb, en sortant, il ne sait quoi faire. Satisfaire la demande de son intime ami, va mettre fin non pas à sa vie seulement mais à ses souffrances aussi. Le cas contraire, va accroître l’ampleur de la peine de Djilali. Alors, entre ces deux choix, que faut-il choisir ? Le repos éternel avec le poison ou la souffrance en le délaissant. Son cœur plein de tendresse lui dicte le choix du poison. Sa raison bourrée de logique lui suggère les deux solutions. Donc c’est le poison qui l’emporte.Nous sommes au grand jour de la grande décision : vie souffrante ou mort reposante, deux choix sans un troisième.

Et oui, Bouchaïb a profité de l’absence des autres membres de la famille, il les guettait toute la matinée. A leur sortie de l'appartement, il est venu doucement comme un loup qui guettait prudemment sa proie pour rendre visite à Djilali avec un flacon en verre plein de poison. Comment et d’où il l’a récupéré, personne ne peut nous donner la réponse. C'est un secret à vie que Bouchaïb tînt beaucoup à ne pas le divulguer. Après les salutations, Bouchaïb a remis à Djilali le flacon en lui disant :
- Tiens, mon ami, c’est de l’arsenic, un poison violent
- Il pourrait faire l’affaire ? Demanda Djilali
- Pour être sincère avec toi, l’arsenic est un poison qui soigne car il a des effets bénéfiques, mais c’est la dose qui fait le poison et qui tue. Tu dois savoir que l’arsenic neutralisait des cellules tumorales dans certains cas de cancer. Il pourrait bien nous débarrasser aussi des lymphocytes T qui s’accumulent dans des maladies auto-immunes. Expliqua Bouchaïb
- Tu es un grand toubib mon ami, je ne le savais pas, dit Djilali en riant.

Alors les deux amis se sont salués en s’embrassant et en pleurant. C’est un spectacle qui reflète une tristesse très profonde, difficile à décrire en quelques mots. C’était un sentiment douloureux et pesant, provoqué par cet évènement malheureux d’adieu. Et ainsi, Bouchaïb quitta son ami intime Djilali pour l’éternel.

A vrai dire, l’arsenic a été employé pendant plus de deux mille ans comme médicament et aussi comme poison. Donc Djilali, pourrait mourir d’un temps à un autre comme il pourrait aussi vivre en s’étant en mesure de se guérir vraiment. Tout dépend de la dose qu’il va utiliser. S’il utilisa une grande dose, la mort sera de son sort, s’il employa une petite dose, l’arsenic ne semble pas entraîner d'effets indésirables graves et il sera automatiquement guéri.

Mais cette fois-ci, Djilali est un chanceux et une longue vie lui sourit. Il a choisi la petite dose, ce qui lui transforma en quelques jours en homme sain et sauf, son état de santé est devenu bon et ne présenta plus d’anomalie ou de signe de maladie. Sa femme et ses trois enfants ont remarqué tous ce brusque changement. Maintenant, c'est l'homme fort de la famille, adieu la faiblesse, mais c'est quand même un ancien caporal en militaire, il sait les règles du commandement et il maîtrise l'art de commander les gens, surtout les faibles.

Djilali, notre homme est en bonne forme, commença à sortir et à contacter Bouchaïb. Les deux amis fréquentèrent un café et à la longueur de la journée discutèrent une méthode pour que Djilali se désengagea de sa famille au prix de quitter définitivement sa femmme et- ses trois enfants. Enfin, ils ont abouti à une solution qui veut que Djilali vend tous ses biens et en particulier son appartement sans que sa famille sache ce complot familial.

Aussi théorisé aussi appliqué, Djilali a chargé un notaire pour s’occuper de ces ventes. Et au bout d’un mois l’affaire est réglé, tous les biens de Djilali ont été vendu. Ce dernier a pris un avion pour rejoindre sa première femme à l’Indochine qu’il a abandonné depuis longtemps. Ce premier mariage était un grand secret, personne ne le savait.

Les nouveaux propriétaires, leurs papiers à la main, ont pris l’appartement tandis que les membres de la famille de Djilali sont mis d’office à la rue pour ne trouver que du vide. Quuant à Djilali, une fois, arrivé à l’Indochine, a appris, par d'anciens voisins, que sa première femme est morte depuis son départ suite à l’explosion d’une bombe. Il resta perplexe devant une attitude à adopter, il ne sut quoi faire. Par contre sa femme a rejoint sa famille, ses trois enfants ont émigré clandestinement en Europe Occidentale.

vendredi 28 décembre 2007

- Vacances chez les Ichelhins


La période des vacances est sur les portes, tous les vacanciers commencent à réfléchir sérieusement sur la programmation de leurs congés. D’abord, chacun d’eux arrête la date de départ, le nombre de jours de séjour et enfin la date de retour. Tout dépend de la bourse et du mode de financement et de la destination du lieu de voyage et du nombre des accompagnants.

Pour moi et ma famille, toute cette programmation a été étudiée à la loupe. Notre lieu ciblé pour cette année va concerner les villes d’Agadir et d’Essaouira: ce seront des vacances chez les Ichelhins. La période sera de quinze jours et sera partagée entre les deux villes citées. Probablement, notre départ aura lieu au début de la seconde moitié de ce juillet.

Cette préoccupation de ces vacances, m’a fait subitement rappeler le congé de l’année dernière où j’ai séjourné, pendant quinze jours, en famille, respectivement à Oualidia et Essaouira. J'avais commis une erreur monumentale en oubliant d'amener avec moi un appareil de photographie compte tenu des beaux paysages des sites visités. Et c’est avec un grand plaisir que j’aille raconter en détails mon congé de l’année dernière, il est gravé dans mon esprit et imprimé dans mes beaux souvenirs

Pour commencer, je me permets de dire que je me rappelais que l’horloge accrochée au mur gauche de l’entrée de notre appartement a sonné douze coups annonçant minuit. Juste, avant quelques minutes, nous étions sur le point d’achever nos préparatifs pour ce voyage de vacances du chaud été de l’année dernière.

A vrai dire, les vacances représentent, pour nous, à la fois, une culture traditionnelle héritée de nos ancêtres et une chose sacrée vouée au respect, on ne peut pas s’en passer quelles que soient les conditions imposées, elles ont toujours fait partie de nos priorités absolues. Pour nous, les vacances sont, aussi, la seule occasion qui nous est offerte pour la concrétisation du dépaysement paisible, de la baignade rafraîchissante et de l'oubli temporaire de la routine journalière de notre grande ville perturbée par la pollution sous ses différents aspects.

Pour l'année dernière, nos vacances ont concerné notre estivage, successivement, d’abord sur un village côtier, sorte de station balnéaire fréquentée surtout par des émigrants nationaux venant de l'Europe Occidentale et quelques touristes étrangers et ensuite sur une ville maritime historique et pittoresque, devenue un foyer international de juifs, d’origine marocain, venus en particulier de l'Angleterre et du Canada. Il s'agit, respectivement, du fameux village d’Oualidia et de la ville calme d'Essaouira, tous les deux sites sont sis au sud ouest marocain, sur le grand Océan Atlantique.

La décision prise à l’unanimité par les membres de la famille était de voyager au moment du lever du soleil car il fait frais à cet instant. Alors, toute la famille est allée se coucher à cette heure, si tardive, et s’est délivrée à un sommeil profond. Vers l’aurore, c’est l’alarme de mon portable qui nous a réveillé tous, d’un seul coup. Aussitôt, à tour de rôle, tout un chacun s'est précipité à la salle de bain pour faire sa toilette matinale. Après quoi, on a fait nos bagages et on les a mis dans le coffre de notre petite voiture.

Tandis que nous attendions l'heure du départ, la brise soufflait des rues vers les boulevards, le lever du soleil, petit à petit, embraserait la ville, sa silhouette se découpait en un demi cercle sur l’horizon de notre grand boulevard et les chants des oiseaux étaient doux, leurs accents étaient agréables, On dirait que c’est une musique naturelle composée de mille secrets dans chacune de leurs notes.

Soudain, j’ai mis le moteur de notre voiture en marche, cette action a poussé ma femme et mes trois enfants à prendre leurs places dedans. Puis, j’ai démarré en direction du village d’Oualidia qui est loin de notre ville de deux cent soixante dix kilomètres. Mais, à peine avoir traversé quelques mètres de notre domicile, la voiture cahota sur quelques kilomètres à cause de ces nombreux dos-d'âne que la municipalité de notre ville ait mis en œuvre pour éviter les accidents de circulation.

Sur notre chemin, rues et boulevards étaient déserts pendant cette matinée, cela n’avait qu’une explication logique : les habitants sont encore allongés sur leurs lits. Comme notre ville est de taille moyenne, nous sommes arrivés à sa banlieue après trente minutes de parcours pour prendre l’autoroute. A ce moment-là, le soleil fut déjà sur nos têtes, au milieu d'un ciel d'été bleu et changea subitement de couleur, de l’orange foncée au jaune claire.

L’autoroute, que nous venions de prendre, est d’une longueur approximative de cent quatre vingt kilomètres. La vitesse maximale autorisée par la loi ne doit pas dépasser les cent vingt kilomètres à l’heure. Mais, moi, je suis du genre qui n’aime pas rouler à la grande vitesse, je roule, en moyenne, à quatre vingt dix kilomètres à l’heure. J’avoue que j’aie horreur des accidents mortels de la circulation routière, transmis souvent par notre chaîne officielle de télévision nationale, lors de ses journaux télévisés du soir. D’autre part, ladite autoroute traverse un axe stratégique important sur le plan politico-économique de notre pays. Elle lie trois villes d’une importance capitale, les villes de Rabat, Casablanca et El Jadida.

Avant de poursuivre le récit de notre voyage, il est impératif de donner respectivement au lecteur un bref aperçu sur les trois villes sus-citées et sur leur histoire distinctive.

Rabat, capitale politique et administrative du Royaume du Maroc, est sans incertitude la plus "majestueuse" des villes impériales de mon pays. Elle a su laisser à ses monuments l’espace qu’il leur fallait pour dévoiler tout leur éclat. Cette ville marocaine toute propre, saura fasciner son visiteur. Elle est située sur le littoral Atlantique du pays, sur la rive gauche de l'embouchure du BouRegreg en face de la ville de Salé. La ville à proprement parler a été fondée en 1150 par le sultan almohade AbdelMoumen , il y édifia une citadelle, future Kasbah des Oudayas, une mosquée et une résidence. C'est alors ce qu'on appelle un ribat, une forteresse. Le nom actuel vient de Ribat Al Fath, "le camp de la victoire". C'est le petit-fils d'AbdelMoumen, Yaqoub Al Mansour, qui agrandit et complète la ville, lui donnant notamment des murailles. Par la suite, la ville a servi de base aux expéditions almohades en Andalousie.

Casablanca aujourd’hui, représente toute une partie de l’histoire de l’architecture moderne de la première moitié du XXème siècle. "Casa", c’est, le Maroc moderne, le cœur battant du pays, économique, industriel, culturel et artistique. Casablanca, Addar Al Baïda en arabe classique, Dar Beïda en marocain dialectal - littéralement "maison blanche" est la plus grande ville du Maroc.

Capitale économique du pays, elle est située sur la côte Atlantique à environ 80 kms au sud de la capitale du pays, Rabat. C'est la première ville et agglomération du pays en terme de population. Le nom de Casablanca, doit son appellation au fait que jadis, les marins espagnols qui longeaient cet endroit, l'identifiaient par une petite maison blanche juchée sur la colline d'Anfa, "La Casa Blanca". De fil en aiguille et avec les dialectes locaux, cela a fini par donner Casablanca. On retrouve le nom d'Anfa dans des textes du XIème siècle, faisant remonter ainsi sa fondation par les Zénètes à cette époque. Léon l'Africain la mentionne également comme une petite ville au XVème siècle.

El Jadida, une petite ville marocaine sur l'océan Atlantique, pas loin de Casablanca, elle est à quatre vingt seize kilomètres de cette grande ville. Elle est connue par son port et ses belles plages. La ville d'El Jadida a endossé plusieurs noms : En effet, les marocains l'ont toujours appelée El Jadida, la nouvelle, les romains lui donnèrent le nom de "Rusibis" l'occupant portugais "Mazagan" et les colons français "Deauville".

D'autre part, la ville d’El Jadida s’est bel et bien arrimée sur les rails d’un développement touristique harmonieux et rassurant, avec comme fer de lance, la fameuse station Mazagan, qui fait partie de six autres stations balnéaires, composant le plan Azur.

Pour reprendre notre récit, nous disions que nous étions à peine sur le début de l'autoroute. Elle est caractérisée par une double voie sur chacun de ses deux côtés. Comme, sur toute sa longueur, sont parsemés plusieurs bureaux de péage et quelques aires de repos regroupant des cafés, des stations de pompes à essence et à diesel et d'autres constructions annexées.

Au bord droit de chaque voie de l'autoroute sont alignés des arbres d'eucalyptus, on dirait qu'ils sont à la fois un élément majeur du paysage marocain et aussi un emblème du Maroc. La bande du terrain séparant les deux voies est plantée d'herbes secs et quelques arbres de couleur jaune. Par contre les champs et les pâturages, où est logée l'autoroute, ont perdu leur verdure pour se transformer en couleur de la paille, couleur jaune foncée.





...................En cours .................

mercredi 26 décembre 2007

- Discours sur la mort


Qu'est-ce que la mort et quelle idée directrice pourrions-nous donner à la mort?

En général, on dit que la mort est la cessation complète et définitive de la vie, qu'elle soit naturelle ou accidentelle. c'est l'arrêt du fonctionnement des organes qui constituent le corps humain, puisque on parle de l'Homme.

Pour un athée convaincu, la mort s’échappe totalement parce qu’elle n’est plus un évènement de la vie. Donc pour lui, elle est le néant ultime.

Par contre, pour un monothéiste, la mort est la séparation de l'âme qui vola chez Dieu et suivra son destin et le corps qui deviendra un cadavre pourri dont la plupart des vivants se débarrassent de lui en l'enterrant .

Mais à mon avis, l'analyse de la conception de la mort ne pourrait se situer convenablement qu'en l'étudiant à travers la philosophie et la religion. Ces deux canaux de réflexion monopolisent ledit concept de la mort, théoriquement et pratiquement.

Un fait vécu:

En mil neuf cent soixante dix sept, je faisais encore partie de la génération de la jeunesse dans tous ses aspects. Mon âge ne dépassait pas les vingt huit ans révolus. A ce moment là, je m’attachais beaucoup aux comportements influencés par les plaisanteries pour me divertir et faire égayer mes compagnons à tout prix.

Juste à cette date, en présence de ma petite fille aînée, âgée de cinq ans à l’époque et par un beau jour du printemps nous nous trouvâmes, tous les deux, à la campagne face à un cimetière musulman. J’étais en pleine discussion avec un vieux campagnard, dépassant les quatre vingt dix ans.

Au cours de notre discussion, en me plaisantant avec lui, je lui ai demandé gentiment de me dire ses désirs les plus prioritaires et je serai capable et prêt à les lui satisfaire.
J’étais fort surpris par sa subite réponse qui m’a laissé timoré. Il m’avait répondu qu’il n’a plus de choses à demander ou à attendre de cette maudite vie.
Il a ajouté qu’il souhaite mourir le plus tôt possible que de vivre à un âge très reculé et enterré dans ledit cimetière.
J’ai riposté en lui demandant pourquoi cette réponse que je n’attendais pas du tout. Avec un air très sérieux, cette fois-ci, il m’a expliqué que dans sa région ils n’existent plus de personnes de son âge avec qui il pourrait établir des relations amicales et pourrait dialoguer et s’entretenir et il en a marre de la solitude permanente, de l'oisiveté chronique dont il souffre et de l'absence totale du soutien sanitaire car il fait l’objet d’agressions psychiques et physiques.

Alors, j’étais touché profondément par les paroles de ce pauvre vieux. J’ai facilement compris qu’il sent qu’il est éloigné des gens, qu’il est seul, personne ne le fréquente, même les proches de sa famille et ses voisins. D’autre part sa santé est en mauvais état et en train de se détériorer au fil des jours.

Mais ce qui m’a surpris c’est le fait que notre vieux, qui représente un cas à part, n’a pas peur de la mort et il la souhaite au moment où tout le monde est angoissé par elle.
N’est-ce pas, pour nous les vivants, la mort est une fin définitive et regrettable?

Trente ans se sont éteints depuis ce fameux entretien qui regroupait, à l’instant passé, trois personnes : un vieillard isolé et malade qui a dégoûté la vie et souhaitait mourir, un enfant angélique qui n’a rien compris de la fameuse discussion de la circonstance et enfin un jeune fort qui voyait que la vie est un espace social d’amusement, de distraction et de jouissance qu’il faut bien gérer, en profiter et qu’il ne faut pas perdre de vue. Il ne pensait jamais à la mort de la même manière dont pensait le vieux.

Néanmoins, le vieillard est mort depuis dix ans, son projet est réalisé, on dit qu’il jouit d’un repos éternel. Donc il n'est plus là et il n’est plus concerné par cette réflexion.

La fille est devenue jeune. Franchement, j’ignore ses réflexions et opinions face à la mort. Je ne sais pas ce qu’elle en pense. Cependant, je n’oublierai jamais sa grande tristesse pendant son enfance lorsqu’elle a perdu son petit chat suite à un accident de circulation mortel.

A son tour, le jeune est devant les grandes portes de la vieillesse et sur le point de devenir lui aussi vieux.
Bientôt, il sera dans la dernière étape de la vie. Cette période sera surtout caractérisée par le déclin et le ralentissement des fonctions physiologiques et des facultés mentales. Cette grave situation va générer le phénomène de l’isolement social et le concrétiser.

Maintenant, sa réflexion sur la mort s’est développée avec le temps et il commence à avoir une autre conception de la mort : la mort est inévitable. Tôt ou tard, elle doit avoir lieu obligatoirement et elle est présente à tous les coups. Donc, il est temps de se préparer à ce grand évènement dont personne ne pourrait en échapper.

Réflexions:

D’après cette brève introduction, peut-on dire que la conception de la mort varie avec l’âge vis à vis de chaque personne et diffère de génération à une autre et d'époque à l'autre, plus on avance dans l’âge plus on comprend mieux la notion de la mort.

En d’autre terme, peut-on admettre que chaque âge, ainsi que chaque génération ou époque ont tout un chacun leur propre conception de la mort ?

D'autre part, peut-on affirmer que la mort est un compagnon permanent de la vie terrestre, elle nous accompagne vingt quatre heures sur vingt quatre heures?
Ce qui est sûr, c'est que la conception de la mort a été durant toute l'histoire de l'être humain l'objet de plusieurs discussions et débats et a fait couler beaucoup d'encre et a presque monopolisé la réflexion humaine et en particulier celle des religieux et des philosophes.

Les questions sur la conception de la mort sont innombrables. Il y a autant de questions qu’autant de personnes vivantes ou mourantes. C’est une problématique qui fait que chacun de nous a sa propre conception sur la mort et qui est peut-être variable avec le temps individuel et l’espace social.

Témoignage philosophique:

Mais tout d'abord, essayons de voir chronologiquement, à travers la prospection au sein de l’histoire de la philosophie et durant une période de vingt siècles, s'étalant de l'antiquité aux temps modernes, ce que pensent de la mort cinq grands philosophes de différentes époques dont malgré que leur choix est aléatoire, ces philosophes utilisent une méthodologie qui s'appuie sur la raison, la réflexion et la logique.

Il s'agit notamment d’Epicure, Lucrèce, Sénèque, Marc Aurèle et Montaigne. Commençons par le plus ancien de ces cinq philosophes cités, il s’agit bien entendu d’ Epicure.



- E p i c u r e (341-270 avant J.-C.):



Epicure était un philosophe grec matérialiste. A Athènes, il professa sa doctrine à ses disciples fidèles dans son jardin, connu sous le nom de "Jardin d’Epicure".

Sa philosophie matérialiste (canonique, physique et éthique), dont le but est de conduire tous les êtres humains vers le bonheur, affirme que toute connaissance passe par la sensation.

Il avait beaucoup écrit, plus de trois cents ouvrages, mais l'essentiel de son œuvre est perdu. Seules trois lettres (à Hérodote, à Pythoclès, à Ménécée), qui synthétisent les principales positions de sa doctrine sur le bonheur, et une quarantaine de maximes ou de sentences sont, heureusement, parvenues jusqu'à nous.

A vrai dire, la doctrine épicurienne du bonheur tourne autour de quatre thèses :
- il ne faut pas craindre les dieux,
- l'idée de la mort ne doit pas troubler l'âme,
- on peut facilement atteindre le bonheur,
- le mal est aisément supportable.

Mais nous allons nous contenter de nous limiter à sa "Lettre à Ménécée" qui est écrite, à propos de l'éthique et du bonheur et dont il parlait, entre autres, de la mort qui n'est rien pour nous.

Dans cette courte lettre, Epicure mentionne que le but de la philosophie est d’apprendre à bien vivre : Il faut se mettre à philosopher tout de suite et sans aucun retard.

Il donne à Ménécée un mode d'emploi vers la vie bienheureuse.

Ladite lettre nous indique la voie d'un calcul des plaisirs, qui produit la modération dans les appétits, et le calme dans l'âme (l'ataraxie).

Le bonheur, qui est absence de troubles dans le corps et dans l’âme, est facilement accessible.

Pour la mort, Epicure préconisait dans sa Lettre à Ménécée "que la mort n'est rien pour nous................... puisque tant que nous vivons, la mort n'existe pas. Et lorsque la mort est là, alors, nous ne sommes plus. La mort n'existe donc ni pour les vivants, ni pour les morts......................Le sage ne craint pas la mort............" (1).

Un internaute a résumé les quatre paragraphes sur la mort de la Lettre à Ménécée de la manière suivante :

Quand tu es vivant, tu ressens la douleur et la joie, tu ressens ce que ton corps te procure comme bien ou comme mal. Mais quand tu meurs tu n'es plus, donc tu ne ressens plus rien. C'est une sorte de raisonnement logique: vie = sensation et sensation = douleur et/ou joie. Donc Pas de vie = pas de sensation = pas de douleur ou de joie. Ainsi en sachant cela la mort n'a plus à faire peur puisqu'elle n'est rien pour toi. Donc durant notre vie, la mort est absente ou plutôt inexistante, elle ne représente rien pour nous. D’autre part, lorsque nous mourons, nous ne sommes plus là, nous ne sommes plus en vie, nous ne sentons plus de douleur, la sensation est absente, c’est pour cela qu’il ne faut pas la craindre car la mort n’est rien pour nous.

Epicure ne savait pas qu'i sera mort d’une rétention d'urine causée par la pierre lorsqu'il avait ces pensées. Il fallait attendre presque deux siècles pour qu'il soit traduit par Lucrèce qui n'avait pas la prétention de créer de nouveaux concepts. Donc, le rôle de Lucrèce réside dans la diffusion de la doctrine épicurienne. Alors, quelle est son attitude face à la mort?


- L u c r è c e (vers 98-55 avant J.-C.):





Quant à Lucrèce, philosophe-poète latin, matérialiste et adversaire de la religion.
Sa biographie nous est à peu près inconnue, elle est presque inexistante.
Son seul ouvrage De la nature, sous forme d'un long poème épris qui compte 7415 vers et ne semble pas achevé, décrit le monde selon les principes d'Epicure, autrement dit, son oeuvre est un exposé de la doctrine de ce dernier.

Il est composé de six livres de la manière suivante:
- Livres I et II : ils sont consacrés aux atomes et aux formations des corpuscules.
- Livres III et IV : ils sont consacrés aux hommes.
- Livres V et VI : ils sont consacrés au monde de façon plus générale.

L'ouvrage De la nature se propose à convaincre les hommes de la nécessité de se libérer de la crainte de la mort et des dieux en s'opposant à la Providence et aux causes finales.

Pour lui, le plaisir stable est défini comme l'élimination de toute douleur. Ce plaisir stable ou ataraxie (absence de trouble) est le garant du bonheur.

Lucrèce nous démontre que le philosophe épicurien doit éviter l'amour, source de troubles et de maux et chercher le bonheur terrestre en nous disant:" Tu as beau vivre et jouir de la vue, ta vie n'est qu'une mort".

Lucrèce a consacré son Livre III de De la nature à l’âme humaine et à la crainte de la mort. C'était, même, l'objet essentiel de la philosophie d'Epicure.

Après une invocation à Epicure, il fait sentir l'importance du sujet qu'il va traiter, en ce que l'ignorance où sont les hommes sur la nature de leur âme leur inspire cette crainte de la mort, qu'il regarde comme l'unique source de tous les maux et de tous les crimes.

Il tâche de prouver que l'âme naît et meurt en même temps que le corps, d'où il conclut que la mort n'est pas à craindre, et que les hommes ont tort de se désespérer d'un état qui les rend ce qu'ils étaient avant que de naître. C’est ainsi qu’il avait écrit son Livre III De la nature (2).


- S é n è q u e (4 avant J.-C.- 65 après J.-C.):



Notre troisième homme est Sénèque. Il a reçu une éducation soignée, ce qui lui permit d'être à la fois un philosophe de l'école stoïcienne malgré qu'il fût auparavant attiré par le pythagorisme, un dramaturge et un homme d'État romain.
Il est à noter que Sénèque est le représentant le plus complet de la doctrine stoïcienne.

Ses écrits tournèrent autour de consolations, de tragédies et de dialogues philosophiques dont De la brièveté de la vie en fut un.

Dans cette œuvre, il explique que pour aboutir au bonheur, il faut sacrer son temps à la sagesse et non le perdre en activités inutiles en nous disant: "la vie n'est pas trop courte, c'est nous qui la perdons" (3).

Pour lui, la vie est longue, il ne faut pas perdre notre temps respectivement sur la douleur vaine en pensant au destin et à la mort, la joie stupide, le désir avide et la conversation flatteuse.

Pourtant si ce petit traité nous engage à réfléchir sur l’approche de la mort, c’est bien plutôt pour nous apprendre à vivre. Ainsi, Sénèque voit que toute la vie n’est qu’un voyage vers la mort en concluant que "la vie se hâte, la mort cependant arrivera, et bon gré mal gré il faudra la recevoir" (4).

Accusé d'être entré dans la conjuration de Pison pour tuer l'empereur Néron, romain de la dynastie julio-claudienne. Malgré qu'il l'avait élevé et instruit, Sénèque reçoit, de ce dernier, l'ordre de mourir. Il s'était préparé à cet ordre et il mourut fort courageusement, il se coupe avec le fer les veines du bras: il a supporté le malheur sans émotion. C'est ainsi qu'il meurt entouré de sa femme et de ses amis.
Beaucoup de comparaisons on été faites entre la mort de Sénèque et la mort de Socrate.


- Marc Aurèle (121-180):





Pour Marc Aurèle, c'était un empereur romain éclairé et un philosophe stoïcien.
Disons, qu'il a été admiré par l'historien Dion Cassius qui portait un jugement sur son personnage en attestant que dans des difficultés extraordinaires et hors du commun, Marc Aurèle parvint à survivre et à sauver l'empire.

Il fit une philosophie pratique de la vie qu'il exposa dans son unique ouvrage "Pensées pour moi-même". Dans cette oeuvre, il souligne les plus hautes valeurs de l'être humain: sagesse, justice, force morale et tempérance.

Pour cela, la précarité de l'existence humaine, la fugacité du temps, de la mémoire, qui engloutit tous les hommes, grands ou petits, dans l'oubli et la mort, la petitesse de l'homme et de la terre dans l'infini de l'univers : tels sont les grands thèmes de la philosophie de Marc Aurèle.

"La mort est comme la naissance, un mystère de la nature" (5) avait pensé Marc Aurèle. Que la mort et la naissance soient un mystère de la nature, cette grande problématique philosophique n'a été soulevée que par les religions, le stoïcisme et Sénèque, la philosophie l'a généralement négligé en dépit de toute sa portée.


- M o n t a i g n e (1533-1592):







Il nous reste le dernier philosophe à traiter qui n'est d'autre que Michel Eyquem de Montaigne.

Il était à la fois un philosophe humaniste, un moraliste et un homme politique français. En un mot, il était parmi les grands esprits de la Renaissance, tels que Léonard de Vinci, Machiavel, Martin Luther, François Rabelais, Bernard Palissy et d'autres.

Trois courants philosophiques inspirent Montaigne : le stoïcisme, l'épicurisme et le scepticisme pyrrhonien.

Afin d'enrichir sa vie intellectuelle, il a choisi une démarche basée sur l'éclectisme et sur l'ouverture vers les anciens et en particulier des auteurs comme Platon, Sénèque, Xénophon, Lucrèce, Virgile, Horace, Catulle, Ovide, Térence et Plaute.

Ses principes les plus prioritaires étaient l'intuition et le doute.

Montaigne est connu surtout par son fameux ouvrage: "Essais", premier écrit de ce genre de l'époque moderne. Ce travail, d'érudition impressionnante, tient beaucoup de l'œuvre philosophique.

Lesdits "Essais" sont composés de trois livres et de cent sept chapitres.

C'est le premier livre qui est consacré à différentes observations, d’ordre politique ou ethnographique, ainsi qu’à des réflexions philosophiques sur la mort, la solitude, l’éducation et l’amitié.

Montaigne disait dans son Livre I, chapitre XX de ses Essais : "N'ayons rien si souvent en la tête que la mort" (6). Il faut que tout un chacun l'imagine à chaque seconde, nous devons l'attendre partout. Celui "qui a appris à mourir, il a désappris à servir" (7).

Le savoir mourir nous libère de toute dépendance et pression morale ou physique exercée sur nous.

A travers ce bref discours on a essayé de clarifier la position, en général, de la philosophie face à la mort sous l'angle de cinq grands philosophes, un grec, trois romains ou latins et un français

Aveu religieux:

Maintenant, il est temps de voir la conception de la mort d'un point de vue religieux. Mais compte tenu que les religions sont nombreuses, notre pensée va se limiter aux religions monothéistes, religions dont les pratiquants croient en un seul Dieu. Pour cela, notre choix abordera consécutivement le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam.


- J u d a ï s m e:





Le Judaïsme est la religion pratiquée par les juifs. Bref, il est , au sens religieux, le monothéisme juif et ses lois, au sens général, l’ensemble de la culture juive avec toutes ses traditions historiques.

Les juifs sont les descendants des Hébreux israélites de Judée et tous ceux qui les ont rejoints par la conversion. D'autre part, le judaïsme est une religion abrahamique. Le livre sacré de cette ancienne religion est connu surtout sous le nom de la Bible Hébraïque.

Il est à noter que la "Bible Hébraïque" comprenne vingt-quatre livres en hébreu: la "Torah" (en hébreu veut dire loi) en contient cinq, les Livres des prophètes, huit et les Livres des Ecrits, onze. Donc cette Bible se structure autour de trois sections qui se sont constituées progressivement.


La coutume juive met l'accent sur la spécificité provisoire de la vie. Le judaïsme ne se contente pas de voir les faits, il nous explique notre vie de la manière suivante:"Ceux qui naissent sont destinés à mourir, et ceux qui meurent sont destinés à vivre" (8).

La mort dans le judaïsme n'est donc qu'une étape n'ayant rien de définitif. En effet, un auteur explique cette citation en nous disant que de la même manière que la mère donne naissance à son enfant, chaque être humain après son séjour plus ou moins long sur terre donne naissance à son âme en la libérant au terme de sa vie de toutes contingences physiques.

De même que la mère est attentive aux soins de ses enfants, de même lorsque l'âme quitte ce monde, elle doit retourner auprès de son créateur dans les meilleurs conditions.

Donc, selon la Bible Hébraïque, "la mort sera un jour banni à perpétuité et l'Eternel essuiera les larmes de tous les visages et les morts ressusciteront" (9)


- C h r i s t i a n i s m e:



Le Christianisme est une religion monothéiste abrahamique, comme le Judaïsme et l'Islam, mais à la différence de ces religions, il est incarnationniste; pour le Christianisme Dieu s'est incarné en Jésus-Christ qui est médiateur entre Dieu et l'Homme.

Cette religion est fondée sur la vie et les enseignements de Jésus de Nazareth tels qu'ils sont présentés dans le Nouveau Testament. Elle est apparue après sa crucifixion, au Ier siècle.

Le Christianisme, qui est un prolongement du Judaïsme, partage ses origines et nombre de ses textes avec ce dernier. Il est divisé actuellement en trois grandes branches religieuses:
- L'Eglise Catholique,
- Les Eglises Orthodoxes,
- Les Eglises Protestantes et Anglicane.

Alors quelle est la position de cette religion avec la mort et sa conception?
Pour le rite catholique, le sens de la mort réside dans l'entrée dans la plénitude de la vie nouvelle du royaume de Dieu. Chacun devient pleinement participant de la vie de Dieu.
Quant au rite orthodoxe, qu'il soit russe ou grec, le sens de la mort est une naissance à la vie nouvelle, la rentrée dans la vie spirituelle. Nous vivons ici dans la pensée de la vie à venir.
Enfin le rite protestant voit que le sens de la mort est une sorte d'espérance de vie éternelle. C'est la découverte d'une plénitude nouvelle et le passage auprès de Dieu.

Donc, quelle que soit la branche religieuse, la mort, dans le christianisme, est comprise comme passage à la suite du Christ qui a connu la mort, dans la joyeuse espérance fondée sur la foi en sa résurrection.


- I s l a m:



La plupart des penseurs religieux disent que l'islam n'est qu'une continuité du christianisme et du judaïsme. Alors qu'est-ce que l'Islam?
L'Islam est une religion, qui est en même temps une culture, une civilisation, un mode de vie. D'autre part, on peut insister quelquefois sur le caractère fondamentalement politique propre à cette religion.

Islam veut dire "soumission à Dieu" et son livre saint Coran veut dire "récitation". Dans son contexte général, le Coran est composé de deux parties: l'une se rapportant au catéchisme et l'autre est liée à tout ce qui est loi religieuse. Bref, l'Islam est une religion à double pouvoir: spirituel et vie terrestre (organisation sociale).





B i b l i o g r a p h i e:

1- Epicure, "Lettre sur la mort, le bonheur" ou "Lettre à Ménécée", édition Mille est une Nuits, traduction Xavier Bordes, 1993.

2- Lucrèce, José Kany-Turpin (ed., trad., intr. et notes), De la nature. De rerum natura, Paris, Aubier, 1993. réédition, Paris, Flammarion, 1997 revue en 1998.

3- Sénèque, De la brièveté de la vie. (Traduction de M.Charpentier, 1860).

4- idem

5- Marc-Aurèle, Pensées à moi-même, éd. Mille et une nuits, 2005.

6- Montaigne, Oeuvres complètes (Texte établi et annoté par Robert Barral en collaboration. avec Pierre Michel) Seuil, 1967.

7- Idem

8- Pirké Avoth 4/55

9- Isaie 26/198





à suivre............