lundi 31 décembre 2007

- L'hémophile et la mort



Je suis un adolescent qui souffre de l’hémophilie depuis ma naissance. Maintenant je commence à boiter. Pour les gens qui ne la connaissent pas, je leur dis que ce n’est pas la peine de faire des recherches dans vos dictionnaires et vos encyclopédies. Ce travail de recherche, je l’ai fait à votre place pour vous permettre d’axer votre concentration rien que sur la lecture.

L’hémophilie est une maladie congénitale caractérisée par un retard ou une absence de coagulation du sang et dans laquelle la moindre blessure peut causer une hémorragie importante. Cette affection héréditaire est transmise par les femmes et n'atteint que les hommes.

Mais qu’est-ce que je suis en train de faire, je suis hors sujet ou quoi ? Le métier de médecin ne me concerne pas. Pourquoi, j’explique l’hémophilie aux lecteurs. Je dois rendre à César ce qui appartient à César.

Avant d’oublier, je dois vous dire que j’habite, moi, ma sœur et mes huit frères avec mes parents dans une montagne sans issue. Ma mère a suivi à la télévision la dernière coupe du monde blattérien et a convaincu mon père de projeter la procréation de trois autres enfants. Son objectif visera à transformer les onze garçons de la famille en une équipe de football. Cela rapportera à moyen terme beaucoup d’argent et la rendra riche. Le football est devenu une grande source de la grande fortune. La fortune à son tour est devenue une grande source du bonheur.

Maman a oublié que je ne pourrais pas y participer à cause de ma maladie. Vous voyez, je suis ignoré même par ma chère mère.

Bref, je leur ai proposé d’ajouter au projet un quatrième enfant pour avoir en total quatre enfants au lieu de trois. L’idée a été approuvée par l’ensemble des membres de ma famille. On a même célébré une petite fête où nous avons mangé du pain nu, comme disait l’écrivain marocain Mohammed Choukri, et nous avons bu du bon thé de cinq étoiles.

Mais, j’étais intransigeant en demandant à mes parents de m’emmener à la ville pour faire un check-up médical.
Je ne vous cacherai pas que je ne suis jamais allé à la ville, je ne la connais pas du tout.

Pour moi, la ville est un monde inconnu, comme disait les mathématiciens pour les variables X. A la ville je donne toutes les valeurs qui me viennent à la tête.
J’entends des gens sages de la montagne dire que la ville et le paradis sont sœur et frère jumeaux.

Enfin, mon père a chargé ma mère de me conduire à l’hôpital de la ville la plus proche et qui se situe à 657 Kms de notre habitation. Je n’arrive pas à vous exprimer la grande joie que j’ai eue. Seul l’âme des gens montera au paradis après leur mort. Moi, corps et âme, je vais au paradis. C’est une première dans l’histoire humaine, à condition que les sages de la montagne ne mentent pas. Là, je serai déçu et toute mon imagination va succomber.

L’heure de la vérité s’approche, je vais voir la ville et même visiter ses monuments, c’est l’occasion que je ne dois pas manquer.
A l’aube, nous sommes montés dans une grande chambre en fer, et qui marche comme notre âne mais avec une grande vitesse. D’autres voyageurs de la montagne nous fîmes compagnie.

Au crépuscule, nous voilà dans la ville. C’était un voyage d’une journée qui nous a permis de voir deux choses qui envahissent toute l’espace mais en peu de temps, en d’autre terme c’est l’association du beaucoup et du peu. De la nature, on peut apprendre des choses et des choses. A sa naissance, la philosophie a posé deux questions, pourquoi et comment. Pourquoi ce monde est comme ça et comment a été créé. La réponse, je l’ai eu en ces deux points formant d’un côté le jour et de l’autre côté la nuit. Le jour c’est l’aube-crépuscule, la nuit c’est le crépuscule-aube. Vous voyez ce que je vois, quelques secondes expliquent toute l’espace.

L’homme grec a créé la philosophie pour expliquer les lois de la nature et essayer à partir de ces lois de créer des lois organisant sa ville ou plutôt sa cité. Mais le grand malheur, ses lois ont protégé les forts et ont humilié les faibles. Cela n’a qu’une explication, c’est que l’homme n’a pas encore exploré la nature.

Bref, nous sommes arrivés à la ville. Heureusement, l’hôpital est juste à côté de la station de ces choses là que les gens appellent bus. J’étais très surpris de ne pas voir de champs, l’espace est un ensemble de terres mortes à cause du béton armé, ce cancer qui tue chaque jour des hectares et des hectares.

Nous nous dirigeâmes vers l’hôpital. C’était un ensemble d’immeubles les uns face aux autres. On dirait qu’ils sont des armées adversaires qui vont s’affronter dans une minute.

A l‘intérieur, un toubib en blouse verte nous a accueilli, et nous a dit sans nous faire de visite que l’hémophilie est une affection hémorragique héréditaire due à la diminution ou à l'absence d'un facteur de coagulation dit facteur antihémophilique.

Ensuite, ce docteur nous a dit de revenir d’ici six mois car l’hôpital est plein de malades, il n’y a pas de place pour moi. Et enfin il a ajouté, partez pour ne pas rater votre bus, il va partir dans une heure. Nous le quittâmes en le remerciant de la visite qui n’était pas gratuite et nous retournâmes à la station des bus.

Je suis un grand malheureux, je suis malade, je ne ferai pas partie de l’équipe familiale de football, j’étais à la ville mais je n’en ai aucune idée. Tout ce que je sais c’est que ma fin est proche, les homophiles ne dépassent pas les vingt cinq ans de vie.

La mort, je la voudrai, c’est grâce à elle que mon âme sera au paradis. J’ai cru que le paradis est synonyme de la ville mais maintenant j’ai compris que c’est la mort qui est synonyme du paradis. La différence entre la ville est la mort c’est que mon corps restera dans la terre.

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