mercredi 2 janvier 2008

- Le nouveau chef et les rapports du clientélisme






Aujourd’hui est le début du mois de septembre 2007. Depuis toujours, pendant le matin du premier jour de chaque mois, on a l’habitude de sortir de nos maisons et de nous diriger directement aux guichets des banques. Là, il y a une file d’attente, les gens sont en train de tirer une partie de leur mandat mensuel.

Après quoi, on se dirige de nouveau vers nos lieux de travail pour regagner nos postes. Pendant mon second trajet, j’ai vu, de loin, une grande foule de jeunes dont l’âge peut varier entre 26 et 40 ans avec des banderoles. Lesdits jeunes sont tous debout en face du parlement et crient à haute voix des slogans. Ils sont filles et garçons pour ne pas dire hommes. En face d’eux des agents de la paix, avec de longues matraques à la main, forment un mur de soutènement, sorte de contrefort humain.

En arrivant à côté d’eux j‘ai entendu : «Le diplômé est à la porte et le pistonné est au poste».
Alors, j’ai compris qu’il s’agit de ces jeunes de diplômes de haut calibre, à savoir diplômes de doctorat d’Etat et de DES.

Par curiosité, je me suis approché de l’un d’eux. Et je lui ai demandé, après le bonjour :
- Pourquoi toute cette manifestation ?
- C’est un rassemblement collectif, de hauts diplômés, organisé sur ce boulevard, et destiné à exprimer publiquement notre opinion politique et notre revendication pour le travail.
- Quel diplôme as-tu ? Demandes-je
- Doctorat d’Etat en Physique nucléaire, répondit le jeune
- Mais tu ne sais pas que les USA et ses alliés sont contre ce genre de doctorat s’il est obtenu par un type comme toi, répliques-je
- Ecoutes monsieur, mes parents sont de pauvres agriculteurs dans la campagne, ils ont vendu tout leur bien en vue de m’assurer ce genre de diplôme, et j’ai passé des nuits blanches à l’étranger pour faire ces études pointues, et tu devines le résultat, je ne suis accepté par personne. Maintenant, j’ai su, mais c’est trop tard, qu’avoir un diplôme de ce genre est un crime pour toute l’humanité. Bientôt, ils vont me traiter comme un terroriste théorique. Il ne me reste devant moi que l’une des deux choses, ou bien je vais me suicider, ou bien je vais travailler avec des sociétés d’armement clandestines informelles.

Après avoir entendu ce jeune, j’ai eu peur et je l’ai quitté en lui souhaitant une bonne réussite dans ses revendications.
Et j’ai repris mon chemin vers l’administration où j’exerce.

Pendant, le trajet je n’ai cessé d’imaginer beaucoup de scénarios. Vraiment c’est de la folle thèse. Nous voulons le développement mais nous marginalisons les vrais acteurs de ce développement. Pourquoi nous sommes toujours dépendants des grandes puissances étatiques et financières. D’accord, nous étions un pays colonisé, qui a été déchiré par les massacres des pays colonisateurs. Mais plus de cinquante années se sont passées de cela. Oui nous sommes le pays indépendant, mais où est cette indépendance et nos enfants les plus brillants sont dans la rue, sans travail, sans reconnaissance et sans dignité. Je crois, que ce qui se passe est un genre de complot dont la recette est conçue par l'Etat "moderne" et les élites des partis politiques dont leur seul souci est d'avoir des portefeuilles ministériels.

Tout à coup, j’étais fort surpris de me voir monter l’escalier de l’immeuble où se localise le service où j’exerce. Dans ces escaliers, j’ai croisé un collègue de travail qui m’a mis au courant de l’arrivée du nouveau chef du service.
Même pas dix minutes, de mon arrivée à mon bureau, j’ai eu de la part des autres collègues le CV de ce nouveau chef.

Il s’agit, bien entendu, d’un jeune de vingt deux ans, ressortissant de l’Ecole de l’Administration Publique, chose qu’on peut l’aligner avec la licence, n’a pas d’expérience, c’est son premier jour dans le monde de travail. Son père a des relations clientèles très étendues, on m’a dit que c’est un parlementaire. Pour dire la vérité son père est un ami du ministre même. Les hautes instances ont reçu des instructions fermes à ce que cet enfant "chef" ne soit pas dérangé. Le travail quotidien va être fait, comme d’habitude, par les subalternes expérimentés et moins payés, lui jouera la double tâche de décor interne et de lien externe entre le parlement et le ministère en cas de besoin.

Est-ce que vous avez saisi le rôle que joue les rapports du clientélisme ? Le clientélisme est un dangereux dispositif de manipulation périlleuse, il tue le développement durable, il massacre la population toute entière, il crée le chômage, il est contre la rénovation et la créativité, il bloque les revendications syndicales, il ............ Bref, c'est un problème qui met l'Etat et ses représentants administratifs dans un embarras difficile sans issue.

En un mot, c’est un mal nécessaire pour les gens qui n’ont pas de sueur et qui en manquent de moralité citoyenne, des gens qui n'aiment pas du tout leur pays et qui sont en train de céder ses principaux biens , sous forme de privatisation aveugle, aux pays étrangers qui l'ont massacré durant une partie de son histoire .

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