Après une journée fatigante et malheureuse, je me suis allé au lit tôt pour me coucher. Mais à peine allongé, des idées sur le bonheur viennent me tourmenter la tête. Et à un moment donné je ne savais pas que je suis en train de rêver.
J’étais en face d’un bébé miracle qui parlait.
- Connais-tu le bonheur mon bébé ? Lui demandai-je
- Je ne connais que le bonheur de sérénité, répliqua t-il
- Mais c’est quoi ça ? Dis-je
- Ce type de bonheur privilégie la contemplation et la prise de conscience du moment présent. Il permet une paix intérieure et une tolérance face aux évènements incontrôlables, répondit-il
- Et comment tu le concrétises ? Questionnai-je
- Avec mon sourire, riposta t-il
- Comment ? Interrogeai-je
- Je rends les personnes heureuses rien qu’avec mon sourire. Lorsque je souris, eux aussi sourient, ce qui les rend heureuses. Et être heureux c’est un aspect du bonheur, rétorqua t-il
Je trouvai que le bébé avait parfaitement raison, j’ai souri à mon tour parce qu’il m’a souri.
Et j’ai dit à voix basse sans que le bébé m’entende : « Le bonheur le plus doux est celui qu’on partage ».
Mais demain, le bébé grandira et sera enfant, Gardera t-il son sourire ? Je ne le pense pas, donc ce bonheur n’est pas durable.
Soudain sa sœur aînée nous a rejoint en tenant un biberon à sa main droite. Elle m’a fait gentiment un signe de salutation et s’est dirigée vers le nourrisson en lui disant : « Coucou, je vais te donner à manger ». Cette fille est une adolescente dont l’âge est approximativement seize ans.
Lorsqu’elle a terminé sa tâche de nourrisseuse, je lui ai posé la même question :
- Connais-tu le bonheur ma fille ? Lui demandai-je
- Je ne connais que le Bonheur dans l’action d’amour, répliqua t-elle
- Mais de quoi parles-tu ? Dis-je
- Je parle du coup de foudre où ma devise est : « Agir et partager ». C'est le mouvement que je me sens en vie, cela m’a permis d’établir des liens que je tisse avec mon bien-aimé. Cet amour a l'avantage de vivre son bonheur dans l'action.
- Et comment tu le matérialises ? Questionnai-je
- C’est simple, mon bien-aimé m’a, d’abord, envoyé des étincelles de ses yeux qui m’ont éclairé le cœur. Ensuite, il m’a souri ce qui m’a rendu folle de lui. Enfin, il m’a déclaré l’amour ce qui a marqué mon bonheur.
A ces paroles de la fille, je viens de découvrir un autre aspect du bonheur, c’est le bonheur des amoureux. Mais est-il durable ? Je ne le crois pas. Demain, la fille grandira et se mariera avec quelqu’un qu’elle n’a jamais aimé et s’ouvrira sur la vie du foyer dont la responsabilité est lourde. Donc, aussi, ce bonheur n’est pas durable.
Noyé dans ces pensées de la divergence des aspects du bonheur, j’ai entendu le père de la fille crier :
- Dis donc as-tu donné au bébé son repas ?
- Oui papa, c’est déjà fait, répondit la fille.
Brusquement le père apparaîtra, c’est un cinquantenaire, il a l’apparence de la sévérité. Il m’a salua et m’a demandé :
-Que viens-tu faire dans mon foyer ?
- Je suis là, juste pour te poser une question, simple dans sa forme mais complexe dans son fond, répondis-je
- Laquelle, demanda t-il ?
- A ton avis et selon tes expériences, qu’est ce que c’est le bonheur ? Demandai-je
- Eh bien mon cher, j’ai connu plusieurs sortes de bonheur, mais elles ne sont pas importantes, à l’exception d’un seul bonheur c’est celui de la satisfaction. Le bonheur de la satisfaction consiste d’une manière générale à te fixer des objectifs et à chercher à les atteindre. Répliqua t-il
- Et comment sont ces objectifs ? Questionnai-je
- Ces objectifs ne sont que matériels, répondit t-il
- Donnes-moi un exemple demandai-je
- Rien que pour acheter ce logement où j’habite avec ma petite famille, j’ai passé
par des étapes qui sont clôturés par l’achat de ce logement. Cela m’a permis de ressentir une grande satisfaction intérieure lorsque mes buts sont atteints, affirma t-il.
Alors là, j’étais surpris par son affirmation, c’est la première fois que je sache qu’il y aussi un bonheur de satisfaction qui prend sa source de tout ce qui est subjectif et matériel.
Mais, j’ai pensé à une chose, est-ce que le bonheur de satisfaction est durable ? Je ne le pense pas, car on ne sait pas ce qui pourra arriver dans l’avenir. Qui me dit que, suite à un tremblement de terre, cet homme pourra perdre son logement et il perdra aussi son bonheur avec. Et s’il tombera demain malade d’une maladie chronique et dangereuse, cet homme pourra facilement, pour se guérir, vendre son logement, s’il n’a pas l’argent nécessaire pour faire face aux dépenses, et avec cette vente le bonheur sera perdu. Donc le bonheur de satisfaction n’est pas un bonheur durable.
Alors là, j’étais déçu de ma recherche sur le bonheur durable qui n’a abouti à rien de convaincant. Je me suis dirigé vers la porte de sortie de cette maison.
Sur mon chemin, j’ai croisé la femme de ce foyer qui tient à la main droite un cartable, dont l’âge est à peu près quarante ans qui a l’apparence d’être dynamique. Après avoir échangé le bonjour, je lui posai la même question :
- Madame comment conçois-tu le bonheur durable ?
- Eh bien monsieur, ce bonheur je le vis, répondit t-elle
- Peux-tu me le décrire, s’il te plaît, demandai-je
- C’est ce que j’appelle le bonheur de maîtrise. J’exerce le métier de professeur à la faculté des sciences. Cette tâche m’oblige à comprendre et à parfaire mes connaissances. Mes réalisations scientifiques sont mes principales sources de satisfaction. Je ne te cache pas que mon domaine d’études occupe une part très importante dans ma vie. Je vise avant tout à me dépasser, voire à atteindre l’excellence, répliqua t-elle.
Aussi, j’étais ému car je viens de voir un autre aspect du bonheur. Mais est-il durable ? Répond t-il à mes attentes ?
Après une brève réflexion sur les explications de cette femme, je suis convaincu qu’elle jouit de ce bonheur au détriment de la vie affective de sa petite famille. Il viendra un jour où ses enfants grandiront et seront conscients avec leur père de l’absence de l’affectivité du ménage. Alors là, les choses vont tourner contre la femme et c’est ainsi qu’elle perdra son bonheur. Donc le bonheur de maîtrise, lui aussi n’est pas durable.
D’après les sociologues, la famille nucléaire, qui regroupe le mari, la femme et les enfants non mariés, c’est la cellule de la société. Les membres de cette famille se divergent sur la conception et le vécu du bonheur durable, c’est peut-être le même cas pour les autres familles de la société. Si cette famille et les autres aussi ne connaissent pas le bonheur durable comment peut-on envisager que la société puisse en connaître. C’est ça la grande question, mais pour le moment et jusqu’à preuve du contraire, le bonheur n’est pas durable, il est temporaire.
Enfin, j’ai quitté mon rêve de bonheur durable car je suis réveillé par la sonnette de la porte de l’entrée de mon appartement qui retentit bruyamment. J’ai ouvert la porte, c’est le facteur qui m’a remis un mandat de la mutuelle. Ce mandat m’a rendu heureux car je suis complètement fauché et voilà de l’argent qui m’apporta du bonheur car il me servira pour faire face à mon pouvoir d’achat au moins pour un moment déterminé, mais ce bonheur est comme les précédents, il n’est pas durable, il est temporaire, il s’envolera lorsque je vais dépenser mon argent dans sa totalité.
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